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Politique - Retour sur l'histoire

Le tournant de Kahalé, un site de guerre historique

Après l’incident meurtrier du 9 août, « L’Orient-Le Jour » revient sur trois épisodes impliquant Kahalé dans diverses séquences de guerre ou de troubles. 

Le tournant de Kahalé, un site de guerre historique

La une de « L'Orient » au lendemain d'accrochages meurtriers survenus à Kahalé, le 25 mars 1970, entre des commandos palestiniens et des habitants de la région. Photo d'archives « L’OLJ »

Kahalé (caza de Aley), 25 mars 1970. « Tout a commencé par un embouteillage »... avant que des accrochages armés n’éclatent entre des habitants de la localité et des commandos palestiniens qui escortaient la dépouille mortelle d’un lieutenant jusqu’à la frontière libano-syrienne. « Les armes à feu ont été utilisées de part et d’autre : il y a eu neuf morts et 16 blessés, tous palestiniens », rapportait, il y a plus de cinquante ans, le quotidien L’Orient.

9 août 2023. Un camion du Hezbollah transportant des munitions se renverse sur le tournant de Kahalé. Un échange de tirs éclate entre des éléments du parti chiite et des riverains, faisant un mort dans les rangs de chaque partie.

Deux incidents distincts, un point commun : le tournant de Kahalé. Un lieu qui semble indissociable de plusieurs épisodes de confrontation entre des chrétiens libanais, la bourgade étant un fief chrétien, et leurs adversaires. Retour sur trois incidents marquants.

Mars 1970

De passage à Kahalé, un convoi de combattants palestiniens transportant le corps de l’officier Saïd Ghawache provoque un embouteillage en raison d’excavations pratiquées sur le bord de la route. Des fedayine munis de mitraillettes descendent de leurs voitures. Selon L’Orient du 26 mars, citant des témoins de la scène, ils « auraient fait des réflexions que les habitants de Kahalé ont jugées désobligeantes à leur égard ». Les riverains, qui s’apprêtaient à participer aux funérailles d’un habitant de la localité, sortent à leur tour les armes. Nombre d’entre eux bloquent la circulation.

Une voiture des fedayine accidentée à Kahalé, le 25 mars 1970. Photo d’archives « L’OLJ »

Les deux parties se livrent alors à un échange de tirs sur la place du village. Le tournant de Kahalé se transforme en « véritable champ de bataille ». Les combats font deux morts et onze blessés parmi les fedayine. Le ministre de l’Intérieur Kamal Joumblatt réunit les chefs des organisations de résistance palestinienne et une délégation d’habitants de Kahalé, présidée par le chef du conseil municipal Nehmtallah Bejjani pour éviter que la situation ne dégénère. Les riverains affichent alors leur soutien à l’action des fedayine ; ces derniers affirment de leur côté vouloir maintenir de bonnes relations avec les Libanais et n’utiliser leurs armes que contre l’ennemi israélien. Les deux parties, accompagnées de M. Joumblatt, décident de se rendre à Kahalé pour sceller leur réconciliation.

L'édito d'Anthony SAMRANI

Le tournant de Kahalé

Trop tard : un second incident éclate. De retour de la frontière, des fedayine repassent par Kahalé, les canons de leurs mitraillettes braqués vers les maisons (selon des témoins), ce qui est interprété comme un défi par les riverains. De nouveaux accrochages armés se produisent, faisant sept morts et cinq blessés parmi les commandos. 

Présent sur les lieux, Bachir Gemayel, alors jeune étudiant, est brièvement enlevé par les Palestiniens dans la foulée de ces incidents. Conduit au camp palestinien de Tall el-Zaatar, le futur président est relâché quelques heures plus tard à la suite de l’intervention de Kamal Joumblatt.

L'ex-président libanais Bachir Gemayel embrassant sa mère après avoir été brièvement enlevé par les Palestiniens, le 25 mars 1970.Photo d’archives « L’OLJ »

En pleine guerre civile, Kahalé, considéré comme première ligne de défense du palais présidentiel de Baabda au vu de sa localisation sur la route entre la Syrie, la Békaa et Beyrouth, a également connu plusieurs attaques militaires.

Mars 1976

Fin mars 1976, plusieurs milliers de combattants palestiniens et libanais et des militaires de l’Armée du Liban arabe (ALA), une faction issue de l’armée régulière qui avait fait défection en janvier de la même année, avancent sur Kahalé. Cette bataille, la première entre l’armée libanaise et une milice issue de ses rangs, selon une analyse du New York Times, met à mal les espoirs d’un cessez-le-feu évoqué dans la presse les jours précédents.

Le même article du NYT explique que l’attaque de cette localité, qui a coïncidé avec une avancée palestinienne dans la bataille des hôtels dans le centre-ville de Beyrouth, permettait de « prendre en tenaille Achrafieh », quartier chrétien de Beyrouth. La prise de Kahalé aurait également permis aux forces palestiniennes et alliées de contrôler totalement l’autoroute reliant Beyrouth à Damas. Toutefois, les habitants du village, secondés par l’armée libanaise et les partis chrétiens, réussissent à contrer l’attaque. Les combats font des centaines de morts parmi les Palestiniens, contre une dizaine dans les rangs des chrétiens et de l’armée libanaise.

Octobre 1990

Le 13 octobre 1990, les forces syriennes avancent sur le palais de Baabda, où est retranché le chef du gouvernement de militaires Michel Aoun. Elles prennent d’assaut les régions tenues par l’armée libanaise, dont Kahalé. Lors de la prise de de la localité, de nombreux  militaires et des riverains sont abattus froidement par les soldats syriens. 

Kahalé (caza de Aley), 25 mars 1970. « Tout a commencé par un embouteillage »... avant que des accrochages armés n’éclatent entre des habitants de la localité et des commandos palestiniens qui escortaient la dépouille mortelle d’un lieutenant jusqu’à la frontière libano-syrienne. « Les armes à feu ont été utilisées de part et d’autre : il y a eu neuf morts et 16...

commentaires (5)

N oublions jamais que nos ennemis seront toujours les syriens et les palestiniens

Robert Moumdjian

05 h 18, le 16 août 2023

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Commentaires (5)

  • N oublions jamais que nos ennemis seront toujours les syriens et les palestiniens

    Robert Moumdjian

    05 h 18, le 16 août 2023

  • Ce sont toujours les mêmes traîtres qui poignardent leur pays dans le dos en s’alliant avec ses ennemis. Ils sont devenus forts depuis que les libanais ont montré leur faiblesse en croyant à leurs promesses hypocrites pour saper notre pays. Ils remettent le couvert à nous de nous servir. Il y a toujours un judas qui se porte volontaire pour leur prêter main forte pour nous exterminer. Suivez ses retournements de vestes ou de couleurs. Traître un jour, traître toujours.

    Sissi zayyat

    17 h 06, le 15 août 2023

  • La mémoire des libanais est courte. Certains n’oublieront jamais. En bref, Les assassins ont changé de visage. C’est tout.

    Jacques d

    11 h 19, le 15 août 2023

  • Khalass … foutez nous la paix: un jour c’est le nasserisme ensuite les palestiniens armés ensuite l’armée d’occupation syrienne et à présent la milice iranienne. Faites ce que vous voulez dans vos régions, imposez le tchador, interdisez l’alcool et internet et les maillots de bain… mais laissez nous tranquilles dans nos régions, nous voulons vivre au 21 eme siècle et non pas au moyen âge comme vous

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 55, le 15 août 2023

  • Entre la Syrie et l’Iran mon cœur balance

    Eleni Caridopoulou

    19 h 21, le 14 août 2023

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