Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a affirmé mardi, à l’issue d’une réunion du bureau politique du parti, que le dialogue entre sa formation et le Hezbollah à propos de la présidentielle n’en est qu’à ses débuts. Il a laissé entendre qu’au bout de ce dialogue, sa formation pourrait « faciliter » l’accession du candidat du tandem chiite à la présidence de la République, en échange d’un engagement préalable sur la décentralisation administrative et financière, la création d’un fonds fiduciaire et l’adoption d’un programme présidentiel.
« La coordination politique était à l’arrêt avec le Hezbollah. Elle a repris après la séance (électorale) du 14 juin (...). Ce que nous proposons, avec le Hezbollah, n’est pas un recul ou une concession ni un revirement, mais un travail politique », a déclaré Gebran Bassil dans une conférence de presse retransmise en direct. « Le dialogue avec le Hezb n'est qu'à ses débuts. Nous lui avons présenté des idées et nous attendons son retour », a-t-il ajouté.
Les relations entre le parti chiite pro-iranien et le CPL étaient tendues au cours des derniers mois, notamment en raison de la présidentielle, alors que le pays est sans chef de l’État depuis que Michel Aoun a quitté ses fonctions le 31 octobre 2022.
Après avoir soutenu, avec l’opposition, la candidature de l’ancien ministre Jihad Azour pour la présidentielle, Gebran Bassil a rouvert les canaux de dialogue avec le Hezbollah, après des mois de froid sur fond de divergences autour du soutien de son allié chiite au chef des Marada, Sleiman Frangié, dans la bataille pour Baabda.
« Demandes nationales »
« Deux axes sont possibles : soit nous discutons sans conditions et nous nous entendons sur un candidat consensuel, soit nous facilitons le choix (du candidat du Hezb, Sleiman Frangié), en échange de demandes à caractère national. »
M. Bassil a, dans ce cadre, longuement plaidé en faveur de la création d’un fonds fiduciaire, de l’adoption d’un programme présidentiel et surtout de l’engagement préalable sur une décentralisation administrative et « financière » (fiscale). « Nous avons évoqué quelque chose qui est dans l’intérêt de tous les Libanais et non seulement du CPL ou des chrétiens. Nous appelons à ajouter ces lois d’ores et déjà au programme du mandat à venir », a-t-il souligné.
« Nous ne pourrons élire de président que grâce à l’entente. Nous comptons sur un dialogue interlibanais », a encore dit Gebran Bassil.
Il a par ailleurs critiqué une fois de plus l’action du chef du gouvernement sortant, Nagib Mikati, qualifiant la réunion ministérielle tenue plus tôt mardi à Dimane de « pièce de théâtre ». M. Mikati, qui était accompagné de plusieurs ministres, a tenu mardi une réunion consultative au siège patriarcal estival, à l’issue de laquelle il a insisté avec le chef de l’Église maronite, Béchara Raï, sur la nécessité d’élire un président de la République.
Cette réunion avait été proposée le 2 août par M. Mikati au patriarche Raï, alors que le Premier ministre sunnite et son cabinet sont accusés par leurs détracteurs, notamment le CPL, ainsi que par le patriarche, de s’arroger les prérogatives du chef de l’État maronite.
Gebran Bassil a par ailleurs annoncé que son parti se préparait à élire un nouveau chef pour le CPL à partir du 10 septembre prochain.
"Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette ; Le premier de nous deux qui rira aura une tapette ! "
16 h 44, le 09 août 2023