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Nos Lecteurs ont la Parole

Qui a dit que l’éloignement adoucit la douleur ?

Qui prétend que vivre à l’étranger ne donne plus le droit de se sentir concerné ?

Non, vous n’avez pas le monopole de l’écœurement, nous le ressentons autant que vous.

Cette nausée qui vous prend lorsqu’on se considère en tant que Libanais, nous la ressentons multipliée.

Ce sentiment de dégoût face à cette « caste » qui prétend régner nous révulse autant, sinon plus.

Ce sentiment d’abandon, d’injustice, de négligence… nous est insupportable !

Le naufrage du Liban, nous le voyons très clairement, d’autant plus que nous l’observons de loin.

De ces pays où nous vivons respectés, citoyens, libres et auxquels nous devons tout, surtout le sentiment d’exister…

Et pourtant, ces pays n’ont pas effacé notre sentiment d’appartenance à une patrie qui ne ressemble à rien d’autre, un pays rêvé qui n’existe sans doute plus, un jardin d’Éden rêvé, qui nourrit encore notre nostalgie inassouvie.

Le retour tant espéré s’éloigne de plus en plus, chaque jour qui passe le rend de plus en plus improbable.

Les chimères de l’été au Liban sont de plus en plus éphémères, qui y croit encore ? « Ahla bhal tallé », vraiment ?

Que dire à nos enfants ? Comment leur parler d’une patrie qui n’existe plus ?

Que répondre à leurs reproches légitimes ?

Comment leur expliquer qu’on veut leur bonheur, les protéger, surtout ne pas leur faire vivre ce qu’on a vécu ?

Les libérer de ce joug d’appartenir à un pays tel que le Liban, les rendre libres…

Comment leur expliquer ce que l’on ressent à la veille du 4 Août, cette implosion à l’intérieur de soi-même, ce sentiment d’impuissance, de culpabilité multipliée au centuple parce qu’on n’était pas là, on ne l’a pas vécu dans notre chair, on n’en a aucun stigmate, pas une blessure, pas un bris de verre dont on pourrait se prévaloir…

L’éloignement renforce la douleur, multiplie les traumatismes, exalte les souffrances… mais nous rend plus forts.

L’horreur du 4-Août n’est pas négociable, nous ne pardonnerons jamais, nous n’oublierons pas, nous demanderons justice jusqu’à ce qu’elle soit faite.

Nous incarnons chaque victime, chaque blessé, chaque maison ou commerce démoli, nous sommes les ruines et les gravats, les grains de blé des silos qui se sont répandus à l’image de ce que le Liban est devenu : un champ de ruines livré aux rapaces. Qu’ils ne dorment pas tranquilles, nous obtiendrons justice.

Ghaïda BAROUDY GOLDER

The Lebanese Diaspora Network

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Qui prétend que vivre à l’étranger ne donne plus le droit de se sentir concerné ? Non, vous n’avez pas le monopole de l’écœurement, nous le ressentons autant que vous. Cette nausée qui vous prend lorsqu’on se considère en tant que Libanais, nous la ressentons multipliée. Ce sentiment de dégoût face à cette « caste » qui prétend régner nous révulse...

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