Le ministre koweïtien des Affaires étrangères, cheikh Salem al-Sabah, a critiqué samedi des propos du ministre libanais sortant de l'Economie, Amine Salam, dans lesquels il demandait, le 3 août, une aide du Koweït pour reconstruire les silos à grains du port de Beyrouth, partiellement détruits par la double explosion du 4 août 2020.
Le chef de la diplomatie koweïtienne s'est ainsi dit "étonné" par les propos de M. Salam qui "entrent en contradiction avec les usages politiques les plus simples et reflètent une incompréhension des prises de décision au Koweït, qui sont basées sur la Constitution et les institutions, y compris pour les dons et les prêts humanitaires". "Le Koweït refuse catégoriquement que l'on se mêle de ses décisions et de ses affaires intérieures", a encore dit cheikh Salem, tout en demandant au ministre libanais de retirer ses propos.
Contacté par L'Orient-Le Jour, M. Salam assure qu'il n'avait pas l'intention de s'en prendre au Koweït et estime que ses propos ont été "mal interprétés". Il explique que le malentendu a été provoqué par l'utilisation, lors d'une prise de parole à la veille de la commémoration des explosions au port de Beyrouth, de l'expression "d'un trait de plume", en parlant d'une promesse koweitienne de reconstruire les silos, ce qui a été interprété par cette monarchie pétrolière du Golfe comme une marque de défi. "Il s'agit d'une expression populaire au Liban qui veut dire qu'une chose peut être faite rapidement. Je ne voulais pas du tout dire que nous allions imposer quoi que ce soit au Koweit", ajoute-t-il.
"Rien n'a été fait depuis"
"La réaction koweïtienne a été très dure envers le Liban. Il ne fallait pas en faire autant", indique le ministre, qui s'est expliqué plus tôt samedi, dans une conférence de presse à Beyrouth.
"Le Koweït a promis au Liban, le 22 août 2020, de l'aider à reconstruire les silos, mais rien n'a été fait depuis. Je ne faisais que rappeler cette promesse et demander au Koweït de suivre de nouveau ce dossier", rappelle M. Salam à L'Orient-Le Jour. "Nous voulons tout simplement savoir si les autorités koweïtiennes veulent poursuivre ce projet ou si nous devons chercher quelqu'un d'autre", poursuit-il.
Par ailleurs, le Koweït a appelé, tôt samedi, ses ressortissants au Liban à rester vigilants et à éviter les "zones de troubles de la sécurité", sans toutefois leur demander de quitter le pays. Il emboitait ainsi le pas à l'Arabie saoudite qui a appelé vendredi ses ressortissants à quitter rapidement le Liban et à éviter les zones en proie à des conflits armés. Ces consignes sont intervenues après des combats meurtriers entre factions palestiniennes rivales dans le camp de réfugiés de Aïn el-Héloué, au Liban-Sud, qui avaient débuté le 29 juillet. Un calme précaire prévaut depuis jeudi.
Les relations entre le Liban et les pays du Golfe ont connu ces dernières années des tensions, en raison de l'influence grandissante du Hezbollah pro-iranien sur la scène politique. En octobre 2021, le royaume saoudien, ainsi que d'autres monarchies du Golfe, avaient suspendu leurs relations diplomatiques avec Beyrouth, avant de les rétablir en avril 2022.
commentaires (16)
L'Institution "Liban" est tombée tellement bas qu'à ce niveau on trouve déjà du pétrole. Honte aux manipulateurs de tous bords qui ne se sont pas encore rassasiés de l'argent du peuple.
Joseph ADJADJ
00 h 49, le 07 août 2023