Un drapeau libanais tâché de "sang", le 4 août 2023 à Beyrouth lors d'une manifestation pour la troisième commémoration de l'explosion au port de la capitale. Photo João Sousa
En ce 4 août, trois ans se seront écoulés depuis les explosions massives au port de Beyrouth qui a tué plus de 220 personnes innocentes, fait plus de 7 000 blessés et détruit beaucoup de maisons, d’immeubles, de quartiers et d’entreprises.
Trois ans : c’est plus long que la vie d’Isaac Oehlers, la victime la plus jeune de l’explosion.
Trois ans : c’est la moitié de la période pendant laquelle des milliers de tonnes de nitrate d’ammonium étaient stockées, de façon inappropriée mais en connaissance de cause, dans un entrepôt au port de Beyrouth.
Pourtant, après trois ans, les familles des victimes et le peuple libanais n’ont toujours pas de réponse quant à la manière dont cette tragédie s’est produite. Ils demeurent sans vérité, sans justice et sans clôture.
L’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth, lancée en août 2020, est restée effectivement bloquée depuis le mois de décembre 2021. Le juge d’instruction Tarek Bitar, qui a tenté de reprendre son enquête en janvier 2023, est actuellement soumis à une interdiction de voyage et fait lui-même l’objet d’une enquête. À la lumière des obstacles qui entravent le processus établi, aucune réponse n’est en vue.
Vu l’ampleur de la catastrophe du port de Beyrouth – l’une des plus fortes explosions non nucléaires que l’histoire ait jamais connues –, ce retard de la justice et de la reddition de comptes au Liban ajoute à la souffrance des familles des victimes, qui ont le droit de savoir ce qui s’est passé et qui en est responsable.
Ce manque de transparence et de reddition de comptes n’est pas dans l’intérêt du Liban. Cela signifie que l’on n’a appris aucune leçon et que les responsables restent impunis.
Nous, les représentants de trois pays qui ont perdu des ressortissants lors de l’explosion au port de Beyrouth, joignons nos voix à celles des familles des centaines de victimes libanaises et demandons aux autorités libanaises de briser ce cycle d’impunité. Nous appelons les autorités libanaises – dont la responsabilité consiste à garantir que les enquêtes suivent leur bon cours – à mettre fin à l’obstruction et aux retards subis par l’enquête, à protéger l’indépendance totale du pouvoir judiciaire libanais, et à lui permettre d’effectuer et de compléter ses tâches sans ingérence.
Étant donné que le processus judiciaire fait face à l’obstruction et l’ingérence au Liban, nous appelons les autorités à mettre à la disposition des enquêtes menées à l’étranger les documents et dossiers pertinents liés à l’explosion – le cas échéant, conformément au droit libanais et au droit international.
En mars 2023, nous nous sommes joints à plus de trente autres pays en faisant une déclaration commune devant le Conseil des droits de l’homme pour exprimer notre solidarité avec toutes les victimes de l’explosion et leurs familles. Nous avons manifesté notre préoccupation et notre frustration vu que l’enquête au Liban n’a pas été conclue, et nous avons exhorté le Liban à respecter ses obligations relatives aux droits internationaux de l’homme, à prendre toutes les mesures nécessaires – sur le plan juridique et en pratique – en vue de sauvegarder l’indépendance et l’impartialité totales de la magistrature libanaise.
Le même jour, le haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l’homme a pour sa part appelé à mener une enquête sérieuse sur l’explosion du 4 août « sans ingérence politique et sans plus tarder ».
Le troisième anniversaire de l’explosion nous rappelle que plus de temps s’est pourtant écoulé sans une enquête efficace sur la tragédie et que, jusqu’à présent, le cycle de l’impunité se poursuit. Cela est inacceptable et constitue un flagrant manque de respect envers les victimes.
Aujourd’hui, l’Australie, les Pays-Bas et l’Allemagne réitèrent leur appel aux décideurs du Liban – tant politiques que judiciaires – à garantir qu’une enquête rapide, indépendante, impartiale, crédible et transparente sur l’explosion puisse être menée sans plus tarder, car les victimes de la tragédie du port de Beyrouth et leurs familles – ainsi que le peuple libanais – méritent les remèdes légaux, la justice, la reddition de comptes et la vérité à propos de l’explosion.
Ambassadeur des Pays-Bas au Liban : Hans Peter van der Woude
Ambassadeur d’Allemagne au Liban : Andreas Kindl
Ambassadeur d’Australie au Liban : Andrew Barnes
commentaires (4)
Il y’a forfaitures dans le cas des deux explosions dans le port de Beyrouth. Question première. Qui a importé illégalement l’ammoniac? Question deuxième. Qui a autorisé le stockage dans le port de Beyrouth? Question troisième. Pourquoi contrecarrer les enquêtes pour déterminer qui sont les responsables ? Question quatrième. Les nombreux morts et blessés tant parmi les libanais que des étrangers sont ils vrais ou faux? Alors pourquoi ceux qui sont responsables ne se dénoncent ils pas carrément en leur âmes et conscience. Pourquoi mettre des bâtons dans les roues sir la responsabilité les responsables? Pourquoi les protéger? Pourquoi mêler les partis à se mêler et à imposer leurs points de vues? Assez de nous faire prendre pour des ignorants. Les faits des crimes existent, donc il faut incriminer les criminels, les juger et les condamner sans interférence sur le droit et la justice. Ainsi, la crédibilité en la justice rayonnera aux yeux du monde et ceux des pays qui veulent aider le Liban à faire la lumière sur cette ignominie seront les bienvenus.
Mohamed Melhem
14 h 39, le 06 août 2023