Le ministère libanais de la Culture a suspendu lundi toute coopération culturelle avec la Suède et le Danemark après que des Corans ou pages du Coran ont été profanés dans ces deux pays au cours des dernières semaines, a confirmé un porte-parole du ministère à L'Orient Today.
"Nous condamnons fermement les actes répréhensibles contre le Saint Coran qui ont eu lieu dans votre pays à plusieurs reprises", a déclaré le ministre sortant de la Culture Mohammad Mortada, dans un communiqué publié lundi et s'adressant à Stockholm et Copenhague. "Vous savez certainement que l'acte en lui-même est équivalant au fait d'autoriser cet acte. Si les autorités dans vos pays n'avaient pas autorisé (que le Coran soit brûlé), cet acte hideux n'aurait pas eu lieu", a-t-il ajouté.
Un porte-parole du ministère de la Culture a précisé pour sa part que la coordination culturelle, désormais suspendue, comprenait notamment les échanges dans tous les domaines liés à la culture, comme le théâtre, les livres et les musées.
Le 28 juin, Salwan Momika, un réfugié irakien en Suède, a brûlé quelques pages du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm, au premier jour de la fête de l'Adha. Cet acte a suscité de vives réactions en Irak, et incité à d'autres actions similaires au Danemark et en Suède.
Ces deux pays ont déclaré qu'ils déploraient la profanation du livre saint de l'islam, mais qu'ils ne pouvaient pas l'empêcher en vertu de leurs lois protégeant la liberté d'expression. Le Danemark a condamné ces actes, les qualifiant de "provocateurs et honteux", mais a déclaré qu'il n'avait pas le pouvoir de bloquer les manifestants non violents.
La semaine dernière, des manifestants irakiens avaient incendié l'ambassade de Suède à Bagdad pour protester contre les profanations du Coran.
« L’honneur est comme l’œil : on ne joue pas avec lui. » Les Scandinaves seraient-ils en passe de mettre à mal ce proverbe norvégien ? Car en matière d’honneur, les pays d’Europe du Nord se trouvent aujourd’hui à un carrefour crucial. Face à une série de manifestations anti-coraniques, la Suède et le Danemark sont depuis la semaine dernière en première ligne d’un conflit diplomatique avec l’Organisation de la coopération islamique (OCI), entité intergouvernementale regroupant 57 États musulmans à travers le monde. Seule organisation de ce type à être ouvertement confessionnelle, l’OCI a décidé d’attaquer diplomatiquement les deux États scandinaves, accusés de ne pas sanctionner les autodafés du livre saint de l’Islam qui se sont multipliés depuis le début de l’été. Un face-à-face complexe opposant en particulier la Suède et le Danemark à l’Irak, où les minorités religieuses ont infiniment moins de droits qu’en Europe.
19 h 14, le 07 août 2023