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Campus - GOUVERNANCE UNIVERSITAIRE

Lara Karam Boustany, un parcours inspirant à la tête de l’ULS

Rectrice de l’Université La Sagesse (ULS) d’août 2020 à juillet 2023, Lara Karam Boustany est la première femme laïque à avoir fendillé le plafond de verre et pris les rênes d’une université catholique au Liban.

Lara Karam Boustany, un parcours inspirant à la tête de l’ULS

Pugnace, portée par ses convictions au sein d’un milieu jusque-là très masculin et clérical, Lara Karam Boustany a réussi à relever haut la main le défi.

S’installer dans le fauteuil d’un recteur alors que le pays est englué dans la pire crise sanitaire et socio-économique qu’il ait jamais connu de son histoire est un premier défi en soi. Pugnace, portée par ses convictions au sein d’un milieu jusque-là très masculin et clérical, la Dr Lara Karam Boustany a pourtant réussi à relever haut la main le challenge. Trois ans après sa nomination en pleine tourmente, au lendemain de la double explosion au port de Beyrouth, le bilan est élogieux. En effet, la rectrice qui passe les rênes à son successeur, le Dr Georges Nehmé, ne s’est épargné aucun effort pour mener à bien sa mission, concentrant son énergie et son attention à gérer la crise de sorte à permettre à l’université non seulement à survivre, mais à savoir rebondir et à s’adapter au monde d’après. Le tout, avec en arrière-pensée, l’idée que « la seule façon pour surmonter la crise consiste à nager à contre-courant », confie-t-elle. Invitée à l’occasion de son départ à tirer le bilan de ces trois ans d’exercice, la Dr Boustany a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas de son propre bilan, mais de celui de l’ULS. « Il s’agit d’un travail d’équipe », précise-t-elle. Ainsi, en introduction, elle a rappelé que l’action de l’ULS s’est articulée dernièrement autour de trois axes : le développement, l’entraide et surtout l’inspiration d’un espoir pour des jours meilleurs.

Mettant l’accent sur le plan stratégique quinquennal de l’institution, qui englobe plus d’une centaine de points, elle a affirmé « avoir terminé la deuxième année avec presque la moitié des objectifs concrétisés tels que la réforme de certains programmes de facultés et l’introduction de nouvelles matières en rapport avec l’intelligence artificielle ou encore l’embauche d’un nombre conséquent d’enseignants cadrés ». « Nous sommes probablement l’une des rares universités à ne pas avoir licencié de professeurs durant la crise. Nous avons même plus que triplé leur nombre », a-t-elle indiqué, soulignant que « c’était un signal envoyé aux fidèles de l’institution, ainsi qu’à tous ceux qui ont voulu nous accompagner à l’ULS ».

Pour mémoire

Lara Karam Boustany : « Ne tournons pas le dos à la jeunesse du Liban »

Un complexe complètement détruit à Achrafieh, un dollar qui a atteint les 140 000 LL, des problèmes de carburants et de transport, la pandémie de Covid-19, l’enseignement en ligne et l’absentéisme ont constitué autant d’épreuves à affronter. Mais face aux difficultés et au manque de moyens, il fallait, selon la rectrice sortante, penser autrement, sortir des sentiers battus. Limiter les dépenses au strict minimum, solliciter les anciens et les bienfaiteurs, réseauter aussi. Explorer de nouvelles voies, innover et trouver des solutions inédites. Raisonner par anticipation. Mais surtout, ne pas baisser les bras et ne laisser tomber personne. L’objectif ? Assurer la survie de l’ULS, son développement, sa visibilité et son ouverture à l’international, tout en préservant l’image et la réputation de cette université qui, toujours d’après Lara Boustany, « ne se veut pas résiliente mais résistante ».

Élue à la tête de la Confremo (Conférence des recteurs du Moyen-Orient) ainsi qu’au conseil d’administration de la Fédération internationale des universités catholiques, elle indique : « Nous devions trouver des alternatives et les trouver rapidement. » Et d’ajouter : « Nous avons réussi à rester transparents, fidèles à nos valeurs. » Avec des effectifs revus à la hausse, des recrutements accrus, la signature de conventions, une augmentation de l’aide sociale aux étudiants ainsi qu’à certains membres de la grande famille de La Sagesse, la réactivation du centre d’employabilité, un virage vers l’énergie solaire, la création d’un centre de santé dont la mission est d’offrir des services de santé et des soins de physiothérapie gratuits, la distribution gratuite de médicaments, et l’ouverture des portes de l’ULS aux associations, colloques, travaux et tables rondes... la liste des actions s’allonge.

« J’ai personnellement contacté les quelque 200 étudiants, en tout cas ceux parmi eux qui sont restés au pays et qui ne se sont pas inscrits à l’ULS à cause de l’explosion au port. Après avoir obtenu l’accord et le soutien de l’évêque de Beyrouth, je leur ai demandé de réintégrer l’université, aux frais de l’ULS », raconte-t-elle. Et de renchérir : « Alors que les symboles de l’État étaient déstabilisés, nous avons hissé le plus grand drapeau libanais au-dessus du bâtiment de l’université à l’occasion de l’indépendance pour montrer que nous croyons en ce pays, qu’il nous appartient, que nous nous attachons à ses symboles, qu’il mérite que nous luttions pour lui et que nous allons traverser cette crise ensemble. » C’est un message que cette mère de deux jeunes filles et d’un garçon réitère encore une fois à l’adresse des jeunes étudiants de l’ULS, alors qu’elle passe le flambeau. « Il n’y a pas un autre pays comme le Liban », insiste-t-elle.

Adressant un message aux femmes libanaises et aux jeunes étudiantes, elle a avancé : « Les femmes peuvent viser tous les postes. Le plafond de verre n’existe que lorsqu’on décide qu’il existe. »

Profondément convaincue « qu’un poste est lié à une mission et qu’il faut à tout prix préparer la continuité et savoir ne pas se cramponner à un titre ou à un poste une fois la mission accomplie », la Dr Boustany a tenu à remercier Mgr Paul Abdel Sater, archevêque maronite de Beyrouth et grand chancelier de l’ULS, pour l’opportunité qu’il lui a accordée. Préférant explorer d’autres horizons, la jeune femme admet vouloir « s’impliquer davantage dans la vie publique ». « C’est quelque chose qui m’a toujours intéressée », avoue-t-elle. Mais si elle reste très discrète sur la nature de ses projets futurs, elle assure néanmoins se consacrer pour le moment à la pratique du droit en tant qu’avocate et à l’enseignement.

S’installer dans le fauteuil d’un recteur alors que le pays est englué dans la pire crise sanitaire et socio-économique qu’il ait jamais connu de son histoire est un premier défi en soi. Pugnace, portée par ses convictions au sein d’un milieu jusque-là très masculin et clérical, la Dr Lara Karam Boustany a pourtant réussi à relever haut la main le challenge. Trois ans...

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Profondément convaincue « qu’un poste est lié à une mission et qu’il faut à tout prix préparer la continuité et savoir ne pas se cramponner à un titre ou à un poste une fois la mission accomplie » Dr Boustany a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas de son propre bilan, mais de celui de l’ULS. « Il s’agit d’un travail d’équipe » MERCI Dr. Boustany, et a l'OLJ de partager cette experience et ce travail.

Irene Souki

18 h 12, le 27 juillet 2023

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Commentaires (1)

  • Profondément convaincue « qu’un poste est lié à une mission et qu’il faut à tout prix préparer la continuité et savoir ne pas se cramponner à un titre ou à un poste une fois la mission accomplie » Dr Boustany a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas de son propre bilan, mais de celui de l’ULS. « Il s’agit d’un travail d’équipe » MERCI Dr. Boustany, et a l'OLJ de partager cette experience et ce travail.

    Irene Souki

    18 h 12, le 27 juillet 2023

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