Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Les secrets rouges


La Russie est probablement l’un des pays les plus énigmatiques d’Europe et peut-être le moins compris. De par son histoire et sa culture, le peuple russe est redoutable. Ce qui les rend encore plus désarmants pour les peuples d’Europe, c’est que les Russes sont européens, à part entière. En paraphrasant le grand Bismarck, fondateur de l’Empire germain, il avait averti les Allemands de l’époque, qu’on pouvait se battre contre n’importe qui, sauf contre la Russie. Ukraine et Russie ont souvent fusionné, si bien que la différence entre les deux peuples est souvent difficile à distinguer.

Léon Trotsky, de son vrai nom Léon Bornstein, était juif ukrainien, originaire d’Odessa. Le rôle du fameux Trotsky est souvent sous-estimé dans l’histoire des révolutions russes de 1905, puis bien sûr durant la révolution d’Octobre de 1917 (qui s’est en réalité déroulée en février de la même année). Trotsky, bien avant Lénine, avait fait un travail de fourmi pour déloger le tsarisme, avec l’aide des grands banquiers de Wall Street (lire Les secrets de la révolution russe par Victor Loupant). Plus tard, il sera arrêté pour complot contre les bolcheviks, déporté et puis assassiné au Mexique.

De même, selon plusieurs sources, Krouchov (et pas Krouchev), Brejnev et Cherenenko, tous d’éminents leaders à la tête de l’URSS des années 50 jusqu’aux années 80, seraient bel et bien nés en Ukraine. L’Ukraine, d’ailleurs, s’appelle toujours la « petite Russie » (Mala Rassia), pour certains.

La révolution de 1917 par les bolcheviks (les communistes issus des classes défavorisées) marquera à jamais le monde entier, jusqu’à nos jours. La guerre civile qui s’en est suivie (1918-20) entre les mencheviks (les blancs) et les bolcheviks (les rouges), et qui inspira le fameux roman de Pasternak Doctor Zhivago, se termine avec l’éradication des mencheviks et la victoire des bolcheviks, à un coût estimé à plus de dix millions de morts, la plupart des civils, comme presque dans toute guerre. La guerre se termine avec la prise du pouvoir par les bolcheviks et la naissance de l’Empire soviétique.

Pendant la seconde moitié du XXe siècle, la moitié de la terre devient communiste. Chose souvent intentionnellement cachée par l’histoire, l’URSS connaît un essor fulgurant, surtout dans les années 1970, avec une croissance économique de 5 %. Si bien que les économistes du monde capitaliste commencèrent à se gratter la tête, lorsque l’Occident passait d’une crise économique à l’autre. À l’époque, l’Union soviétique était plus stable que jamais. L’Ukraine était centrale à l’empire, sur tous les plans.

Tout cela pour montrer à quel point le destin de la Russie et de l’Ukraine était lié (sans remonter toute l’histoire en commençant par la capitale historique de l’Empire russe qui n’était autre que Kiev, « Kiev Rassi » son vrai nom à l’époque). Même le fameux journal Pravda a fait ses débuts en Ukraine, pendant la période révolutionnaire, pour devenir la gazette principale de Moscou, ultérieurement.

Avec Staline qui accède au pouvoir après le décès de Lénine (1924), les innombrables ethnies de l’empire sont mélangées sur l’immense territoire de l’URSS. Dorénavant, plus de Russes ou d’Ukrainiens, d’Arméniens, de Georgiens, ou de Lituaniens. Ce sont tous des « soviétiques », parlant le russe, langue officielle qui s’impose partout.

L’éveil d’un nationalisme ukrainien n’est pas chose nouvelle. La politique répressive de Staline vis-à-vis de l’Ukraine en particulier n’est pas tombée dans l’oubli. Après l’effondrement de l’Union soviétique au début des années 90, les tensions russo-ukrainiennes grimpent entre les deux entités, devenues États souverains, bon gré mal gré.

En février 2022, une guerre éclate au grand jour entre les deux États. Le support militaire de l’Occident à l’Ukraine ne se fait pas attendre, dévoilant une volonté de séparer une bonne fois l’Ukraine de la Russie (actuellement, l’aide à l’Ukraine est estimée à un milliard de dollars, tous les trois jours).

Le conflit actuel russo-ukrainien ressemble à une guerre fratricide, une guerre civile à grande échelle. Les médias occidentaux se plaisent à tracer dans l’imaginaire la période « post-Poutine ». Y en aura-t-il une ? Prédire une défaite russe est une chose, mais identifier les conséquences en est une autre. L’histoire de la Russie montre bien que d’abord la Russie a toujours été gouvernée par un pouvoir central autoritaire. Ensuite qu’une défaite russe n’est pas chose acquise (les campagnes désastreuses de Napoléon 1er en Russie en 1812 et l’invasion hitlérienne de 1941 sont toujours dans la mémoire collective). Enfin que la Russie n’a pas fini de dévoiler ses secrets.

L’Europe a toujours été une poudrière, d’où le danger de conflits interminables. Une défaite russe ou pire une guerre civile peuvent avoir des conséquences gravissimes. Une défaite russe créera un vacuum dangereux dans le monde entier, particulièrement en Europe. Une guerre civile présente les risques d’un débordement entre la multitude d’ethnies et de nations qu’est l’Europe. L’intérêt global est de stabiliser la Russie, cofondatrice de l’Europe d’aujourd’hui. Certaines des grandes puissances l’ont peut-être bien compris. Pas les Européens.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

La Russie est probablement l’un des pays les plus énigmatiques d’Europe et peut-être le moins compris. De par son histoire et sa culture, le peuple russe est redoutable. Ce qui les rend encore plus désarmants pour les peuples d’Europe, c’est que les Russes sont européens, à part entière. En paraphrasant le grand Bismarck, fondateur de l’Empire germain, il avait averti...

commentaires (1)

Pays-entreprise criminelle (ou plutôt régime-entreprise criminelle) absolument pas perfectible, contrairement aux démocraties libérales bien évidemment faillibles mais dont le système est la seule chance de paix stable dans le monde. Le réalisme c'est de le comprendre et de le confronter, pas de se coucher partout où il exporte sa sauvagerie, c'est à dire dans toute la planète. Vous publiez ce quasi plaidoyer au moment où Choïgou se trouve en Corée du Nord, enfer absolu pour ses habitants, afin d'obtenir des armes, en plus de celles d'un autre enfer pour ses habitants -l'Iran - pour continuer son entreprise destructrice. Et vous trouvez le moyen de critiquer les européens à partir du moment où, en rang dispersé et fragile, ils disent basta?

M.E

07 h 01, le 27 juillet 2023

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Pays-entreprise criminelle (ou plutôt régime-entreprise criminelle) absolument pas perfectible, contrairement aux démocraties libérales bien évidemment faillibles mais dont le système est la seule chance de paix stable dans le monde. Le réalisme c'est de le comprendre et de le confronter, pas de se coucher partout où il exporte sa sauvagerie, c'est à dire dans toute la planète. Vous publiez ce quasi plaidoyer au moment où Choïgou se trouve en Corée du Nord, enfer absolu pour ses habitants, afin d'obtenir des armes, en plus de celles d'un autre enfer pour ses habitants -l'Iran - pour continuer son entreprise destructrice. Et vous trouvez le moyen de critiquer les européens à partir du moment où, en rang dispersé et fragile, ils disent basta?

    M.E

    07 h 01, le 27 juillet 2023

Retour en haut