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Lifestyle - Mode

La « petite robe noire » sans frontières s’expose au musée 

Depuis que Coco Chanel en a fait la vedette de sa garde-robe il y a plus de cent ans, la « petite robe noire » n’a jamais cessé d’avoir ses grands moments.

La « petite robe noire » sans frontières s’expose au musée 

Fameux croquis signé Coco Chanel de sa « petite robe noire ». Photo tirée de la page officielle du National Museum of Scotland

La petite robe noire se porte bien. On la retrouve même aujourd’hui au National Museum of Scotland, qui lui dédie une exposition intitulée Beyond The Little Black Dress. Georgina Ripley, conservatrice du département de design moderne et contemporain du musée, explique : « C’est une histoire mythique, portant en particulier sur la démocratisation, la production de masse et la modernisation de la robe des femmes. » C’est ainsi que l’avait voulu Coco Chanel… La petite robe noire qu’elle avait lancée en 1926 portait en elle une déclaration audacieuse, à la fois parce qu’elle était noire et parce qu’elle était simple, contrairement à la mode de l’époque.

Un communiqué du musée précise : « Peu de vêtements sont aussi emblématiques que la petite robe noire, qui a souvent été présentée par l’industrie de la mode comme la pièce unique que chaque femme devrait avoir dans sa garde-robe. Néanmoins, et depuis sa création, elle a considérablement évolué au cours du siècle dernier. D’une simple robe droite qui a contribué à démocratiser la mode féminine à une déclaration politique audacieuse, elle a subi diverses évolutions qui reflètent la transformation des critères de beauté et d’images corporelles. » Couvrant un large éventail qui va de la couture classique aux pièces d’avant-garde en passant par des tenues-messages, l’exposition retrace le succès durable de cette robe iconique au cœur d’un changement continu des modes. Et sa capacité de rester, des années plus tard, au-dessus de la mêlée.


Une robe signée Alexander McQueen pour l’automne-hiver 2017. Photo PixelformulaSipaShuttershock tirée de la page officielle du National Museum of Scotland

Sous toutes ses coutures

Plus de 60 versions sur ce même thème, portant des griffes de couturiers du monde entier, sont dévoilées jusqu’au 29 octobre prochain dans cette exposition dont le but était, plus que de s’en tenir littéralement à la petite robe noire, de la suivre dans ses différentes phases. Car elle a réussi à franchir la frontière masculinité/ féminité, évoluant sur une ligne fine entre élégance et rébellion. Ainsi, aux côtés des pièces de Chanel, le musée présente des créations anciennes d’Yves Saint Laurent, de Dior et de Schiaparelli, de même que d’autres, plus contemporaines, de Gareth Pugh, Simone Rocha et la marque Off-White fondée par l’Américain Virgil Abloh, disparu en novembre 2021.

Certains détournements proviennent du monde du divertissement, comme cette robe noire arborée par la chanteuse Sade ou encore une minirobe signée Christian Siriano et portée par l’acteur et activiste Jonathan Van Ness, vedette de la série Queer Eye, à la soirée des Emmy Awards 2019. Et ce n’est pas tout. Le musée a également commandé un modèle aux designers VIN + OMI pour une section de l’exposition portant sur la mode durable. Ses auteurs ont créé une robe en utilisant des orties et du crin de cheval de Highgrove, résidence privée de Charles III et Camilla, avec le mot « résister » tissé dans l’étoffe. Des sections supplémentaires de l’exposition présentent le travail de designers britanniques noirs, afin d’étudier le rôle de la couleur noire dans l’élaboration d’une esthétique afro-futuriste. Une étape importante qui fait partie du processus lancé par Coco Chanel en 1926.

La « pauvreté luxueuse »

La curatrice Georgina Ripley précise : « Le noir était déjà une couleur à la mode. Cependant, il y a quelque chose à propos de ce moment et de la façon dont il incarne l’esprit de modernisation des années 1920. » Un moment qui perdure encore...  Puis, elle revient à ce que Chanel appelait la « pauvreté luxueuse ». La célèbre Coco utilisait des tissus de soie coûteux pour transformer ce qui était autrefois un vêtement simple et abordable de la classe ouvrière en un symbole ambitieux de la haute couture.

La robe Hellbound issue des fantasmes du couturier Christopher Kane. Photo tirée de la page officielle du National Museum of Scotland

On retrouve, dans cet esprit, une robe boutonnée de Christian Dior, commandée en 1949 par Wallis Simpson, pour laquelle Edward VIII avait renoncé au trône britannique, et une robe du soir ajustée et évasée conçue par Norman Hartnell pour la princesse Margaret d’Angleterre dans les années 1950. Ces deux créations jouent sur l’idée des royautés rebelles, alors que le noir était traditionnellement réservé aux périodes de deuil.

Au cours des années 1980, une nouvelle vague de designers japonais, parmi lesquels Issey Miyake et Yohji Yamamoto, a débarqué à Paris. Ces célèbres griffes sont entrées dans la danse noire utilisant cette couleur pour jouer avec l’idée de lumière et d’obscurité à travers des plissages, des effilochages et des froissements. Enfin, l’exposition met en lumière l’aspect érotique et provocateur du noir. Telle une robe de la collection Miss S&M de 1992, signée Gianni Versace, créée au plus fort de l’épidémie de sida et placée aux côtés de la robe Hellbound issue des fantasmes du couturier Christopher Kane. Une manière de présenter aux visiteurs des robes avec lesquelles ils ne seraient pas familiers. Et Ripley de conclure : « La petite robe noire est un vêtement qui peut être utilisé à la manière d’une toile vierge, où chacun peut projeter une identité. »


La petite robe noire se porte bien. On la retrouve même aujourd’hui au National Museum of Scotland, qui lui dédie une exposition intitulée Beyond The Little Black Dress. Georgina Ripley, conservatrice du département de design moderne et contemporain du musée, explique : « C’est une histoire mythique, portant en particulier sur la démocratisation, la production de masse...

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