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Culture - Exposition

Les langues de la torpeur se délient dans le noir à Clemenceau

Au nouveau Metro al-Madina (centre Aresco), l’artiste Hatem Imam et Art Design Lebanon (AD Leb) brisent les conventions de la galerie d’art traditionnelle en présentant un accrochage immersif et étonnant.

Les langues de la torpeur se délient dans le noir à Clemenceau

Une vue de l’exposition Slumber’s Tongues de Hatem Imam et AD Leb, au Metro al-Madina. Photo Metro al-Madina

Les escaliers du Metro al-Madina appellent à explorer une obscurité qui se brise sous l’éclat captivant des peintures de Hatem Imam. À travers un labyrinthe de couloirs, de couleurs et de sons, 10 toiles et 13 imprimés se déploient au sein de cette exposition individuelle consacrée à l’artiste et intitulée Slumber's Tongues (Les langues de la torpeur). Chaque œuvre est isolée dans son propre monde, accompagnée d’un son unique et encadrée par deux murs qui guident le regard, invitant à s’immerger dans une seule pièce à la fois. Les imprimés, quant à eux, occupent la scène du Metro, incitant les spectateurs à se déplacer entre eux pour devenir, de la sorte, partie intégrante de l’exposition.

On l’aura compris, cette installation brise les conventions de la galerie d’art traditionnelle. Hatem Imam explique avoir eu deux objectifs distincts en utilisant cet espace : « La première intention était de pousser les spectateurs à contempler les peintures de loin, d'où la construction de ces couloirs. Ensuite, ce passage les invite à une réflexion sur la distance qui les sépare de la peinture abstraite. Aussi, je souhaitais que chaque tableau soit approché en tant qu’entité singulière, le public devant interpréter la pièce artistique sans établir un lien narratif avec les autres peintures de l’accrochage. »

À travers ces couloirs et ces coups de pinceau, l’artiste remet en question la relation de l’homme avec l’art et la nature. Il explique que les peintures de paysage représentent souvent « le pouvoir que l’homme exerce sur le territoire, le sentiment d’appartenance ou encore l’amour profond pour la nature ». Il précise toutefois que pour créer ce genre d’œuvre, « il faut prendre du recul et adopter une perspective extérieure. Cette relation paradoxale entre proximité et distance m’est fascinante à explorer, spécialement dans cette exposition ».

Son travail demeure cependant ouvert à l’interprétation : le spectateur a ainsi une liberté qui dépasse la simple observation du paysage. Hatem Imam navigue avec subtilité entre l’abstraction et la figuration en évoquant des montagnes, de l’eau ou des rochers. Toutefois, l’illusion d’une scène naturelle est rompue par des touches de pinceau et des éléments qui défient la logique de la perspective. Du coup, l’observateur est constamment en quête de signification, cherchant à aller au-delà des apparences.


B - Une approche immersive, véritable invitation à repousser les limites de notre perception de l’art. Photo Metro-al-Madina

L’approche multimédia de cet artiste et son utilisation non conventionnelle de l’espace sont en parfaite harmonie avec la mission d’Art Design Lebanon, l’ONG organisatrice de cette exposition. Se définissant comme une « galerie sans murs », AD Leb est à la fois une plateforme numérique et une galerie éphémère dédiée à soutenir et promouvoir le travail d’artistes et de designers libanais et internationaux. En tant qu’organisation à but non lucratif, les bénéfices d’Art Design Leb sont destinés à soutenir l’Association Gaïa Fodoulian, qui apporte une aide aux animaux dans le besoin. Fondée par Gaïa Fodoulian, AD Leb est devenue réalité grâce aux efforts de sa mère, Annie Vartivarian, suite au décès tragique de sa fille lors de la double explosion du 4 août 2020. Art Design Leb poursuit ainsi la vision de Gaïa Fodoulian et continue de contribuer au développement de la scène artistique et culturelle du Liban.

« Pour nous, l’art est une fusion harmonieuse entre le design, la géographie, l’architecture, la musique et la danse, que nous ne séparons pas dans nos projets », indique Annie Vartivarian. « Dans nos diverses expositions, à l’instar de celle-ci, nous veillons toujours à guider les visiteurs à travers des espaces transformés. Gaïa privilégiait les lieux chargés d’histoire, dotés d’une certaine énergie. » D’où le choix de Metro al-Madina pour cet accrochage qui se clôture ce dimanche 23 juillet.

Slumber’s Tongues, avec ses peintures captivantes et son approche immersive, est une véritable invitation à repousser les limites de notre perception de l’art et à explorer la relation complexe entre l’homme, la nature et l’expression artistique.

« Slumber’s Tongues » par Hatem Imam en collaboration avec Art Design Lebanon (AD Leb) au Metro al-Madina ; centre Aresco, secteur Clemenceau, Beyrouth. Jusqu’au dimanche 23 juillet.

Les escaliers du Metro al-Madina appellent à explorer une obscurité qui se brise sous l’éclat captivant des peintures de Hatem Imam. À travers un labyrinthe de couloirs, de couleurs et de sons, 10 toiles et 13 imprimés se déploient au sein de cette exposition individuelle consacrée à l’artiste et intitulée Slumber's Tongues (Les langues de la torpeur). Chaque œuvre est isolée dans...
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