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Culture - Spécial Kundera

Lire Kundera en arabe : entre traduction, piratage et censure

Le directeur du Centre culturel arabe, Haissam Fadel, revient sur la traduction et la circulation de l'œuvre de l'écrivain franco-tchèque dans le monde arabe.

Lire Kundera en arabe : entre traduction, piratage et censure

Milan Kundera, l'un des auteurs les plus traduits dans le monde. Photo Reuters

Le roman était le genre de prédilection de Milan Kundera, car il permettait notamment d’être traduit plus facilement que la poésie. L'un des auteurs les plus traduits dans le monde, Kundera a commencé à revoir lui même ses traductions au milieu des années 1980,  puis, en 1995, il se met à écrire en français, après avoir été déçu d'une traduction  de La Plaisanterie

Directeur du Centre culturel arabe, Haissam Fadel rappelle que son établissement a été créé en 1956 au Maroc. « Nous avons tout d’abord été une librairie, puis une maison d’éditions. En 1978, nous avons installé une succursale à Beyrouth, à des fins de diffusion dans tout le Moyen-Orient. »

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Il y a une quinzaine d’années, il a rencontré Mme Kundera afin d’acquérir les droits de traduction des livres de son époux en langue arabe. « Ils ne pensaient pas avoir un tel écho dans le monde arabe, et nous avons tissé des liens de confiance et d’amitié. Ayant une politique d’auteur, nous avons publié la totalité de son œuvre, sauf une pièce de théâtre, Jacques et son maître, qui paraîtra cet automne », précise le directeur, selon lequel les livres de Kundera circulaient déjà massivement en arabe, car ils avaient été traduits illégalement. « Le piratage est un fléau majeur dans tout le monde arabe, il concerne 90 % du marché du livre. Depuis le printemps arabe et la crise économique que connaissent les différents pays, le phénomène s’est aggravé. L’Égypte est la plaque tournante du phénomène et l’État ne réagit pas. Seuls les pays du Golfe sont épargnés par le piratage, qui est interdit », déplore l’éditeur, qui insiste sur la qualité des traductions proposées par le Centre culturel arabe. « Madame Kundera a été très exigeante sur la qualité de ce travail, qui a été confié à des spécialistes réputés, comme Khaled Belkacem, Mohammad ben Abboud et Mohammad al-Amari Thami, dont les textes sont fluides.

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Le public arabophone intéressé par ces traductions apprécie la teneur philosophique des romans de Kundera. Mais la lecture révèle une crise profonde du monde arabe : souvent ceux qui lisent n’ont pas d’argent et quand ils deviennent riches, ils ne lisent plus », enchaîne le directeur, qui rappelle que les romans de Kundera ont pu être censurés à plusieurs reprises dans le monde arabe. « Ce fut le cas au Koweït, en Égypte et en Arabie, même si depuis quelques années la politique saoudienne est beaucoup plus ouverte. Souvent, les ouvrages philosophiques sont censurés sans avoir été lus, et puis ses romans comportent quelques termes sexuels crus. Mais actuellement, la censure est vaine et les livres circulent malgré tout », conclut Haissam Fadel, qui n’a de cesse de diversifier l’offre culturelle dans le monde arabe en respectant les droits d’auteur. Les deux romans de Kundera qu’il a préférés ? L’Immortalité d’une part puis La Vie est ailleurs, à lire en français ou… en arabe.

Le roman était le genre de prédilection de Milan Kundera, car il permettait notamment d’être traduit plus facilement que la poésie. L'un des auteurs les plus traduits dans le monde, Kundera a commencé à revoir lui même ses traductions au milieu des années 1980,  puis, en 1995, il se met à écrire en français, après avoir été déçu d'une traduction  de La...

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