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Société - Tourisme

Où vont voyager les Libanais cet été ?

Si la Turquie demeure en tête de liste pour la sixième année consécutive au moins, d’autres destinations européennes sont à nouveau prisées par les voyageurs.

Où vont voyager les Libanais cet été ?

Un avion vu depuis la plage de Ramlet el-Baïda à Beyrouth, le 11 avril 2023. Photo Matthieu Karam

Des voyages à foison après trois ans de restrictions liées au Covid-19 ? La tendance semble se confirmer cet été avec la reprise en trombe de l’activité des agences de voyages au Liban. S’il reconnaît que le secteur a encore besoin d’un an pour retrouver entièrement son niveau d’activité d’avant-crise, Jean Abboud, président de l'Association des agences de voyages et de tourisme au Liban (Attal), est optimiste. Selon lui, les chiffres sont « à 80 % de ce qu’ils étaient avant le début de l’effondrement économique dans le pays » en 2019. Alors que le cap des 1,8 million de visiteurs pourrait être dépassé cet été, les Libanais qui ont accès aux dollars s’apprêtent de leur côté à plier bagage.

Quelles sont les destinations les plus prisées cet été ? Comment varient les chiffres par rapport aux dernières années ? L’Orient-Le Jour fait le point en se basant sur deux types de données. D’une part, celles fournies par les agences, bien que nombre de voyageurs ne passent pas par celles-ci pour réserver leurs vols. D’autre part, des chiffres fournis par la Direction générale de l’Aviation civile libanaise concernant les lieux les plus fréquentés au départ de Beyrouth durant l’été. Ces données ne spécifient toutefois pas si le pays est choisi en tant que destination finale ou de transit, ni la nature du déplacement.

La Turquie toujours en tête

« Nous avons des offres pour toutes les destinations possibles, mais les Libanais se tournent, surtout cette année, vers la Turquie pour les vacances », souligne Jean Abboud. Dans les agences, les échos sont unanimes : ce pays a fière allure, notamment pour ses destinations phares : Antalya, Istanbul, Bodrum ou encore Marmaris. Selon les chiffres de l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), la Turquie, un des principaux pays de transit reliant le Liban à l’Europe, est d’ailleurs plébiscitée par 17,53 % des voyageurs libanais en juin seulement.

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Pourquoi la Turquie attire-t-elle autant les estivants ? Premièrement, parce qu’on peut s’y rendre sans visa. « Beaucoup de plans de voyage vers l’Europe sont tombés à l’eau parce que l’obtention d’un Schengen est conditionnée à la présentation d’un relevé de compte bancaire, chose qui continue à poser problème », précise Christine Ayache, consultante de voyage à l’agence Barakat Travel.

Depuis le début de la crise, la majorité des banques requièrent que les clients aient un ancien compte en dollars ou en livres libanaises pour pouvoir en ouvrir un en dollars frais, avec un dépôt minimum de 1.000 dollars. Mais selon Nassib Ghobril, directeur du département de recherche du groupe Byblos Bank, « toute personne souhaitant ouvrir un compte en dollars frais peut a priori le faire si elle respecte les conditions requises ». S’il s’agit d’un transfert d’argent d’une banque à une autre, l’opération est facile. Mais si le montant est déposé en cash, la “compliance” exige que la source du montant soit justifiée, explique-t-il.

Contacté par L’Orient-Le Jour, un responsable au sein de l’entreprise VFS Global (Visa Facilitation Services), en charge de la gestion des demandes de visa pour certains pays européens, souligne que l’octroi de visa « revient exclusivement aux ambassades ». « Nous ne sommes pas en mesure de savoir comment les relevés de compte bancaires impactent cette décision », poursuit-il.

Seconde cause évoquée par les vacanciers : la possibilité d’effectuer des activités diversifiées en Turquie avec un budget limité. « C’est la destination idéale pour passer des vacances en famille, et ça ne coûte pas beaucoup plus cher qu’une escapade dans une maison d’hôte ou un chalet au Liban, si on prend en considération les prix de l’essence, la nourriture et les activités », estime Samir Khayat, père de famille de 35 ans.

Quid des autres destinations... 

Selon les chiffres de départs d’avions depuis Beyrouth, la Turquie, prisée par 15,19 % des voyageurs durant l’été 2018, a connu un pic de 23,06 % en 2020, vu que le pays imposait des restrictions moins sévères liées à la pandémie. Que ce soit à des fins de tourisme ou de travail, les Émirats arabes unis revendiquent toujours la deuxième place depuis au moins six ans. L’Irak (9,15 %), l’Arabie saoudite (9,13 %), la France (8,15 %), l’Égypte (6,97 %), l’Allemagne (6,8 %), le Qatar (4,64 %), la Jordanie (4,22 %) et la Grèce (3,16 %) sont respectivement les pays les plus visités en juin 2023, selon l’AIB. L’Éthiopie et le Royaume-Uni, qui s’étaient réservé une place dans le top 10 des Libanais en 2020 et 2021, sont depuis absents du classement.

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Selon les agences, d’autres destinations, qui ne figurent pas dans le classement de l’Aviation civile, sont recherchées par les estivants pour les vacances, telles que Chypre, mais aussi Bali et la Tanzanie.

Bien qu’elle arrive en cinquième position, la France (8,15 %), classée troisième ou quatrième destination estivale la plus fréquentée par les Libanais depuis 2018, selon l’AIB, est toujours l’une des destinations européennes les plus chéries par les vacanciers. « Les vols charter pour Nice sont entièrement réservés entre début juin et fin septembre », précise Jean Abboud. La Grèce a également refait son entrée en force cet été. Bien qu’il ne soit que le dixième pays le plus visité en juin 2023, selon les données de l’Aviation civile, le pays est fortement prisé par les estivants après la Turquie, malgré la cherté de ses hôtels, indique Jean Abboud.

… et du budget ?

« Les gens qui se permettaient de grands budgets avant 2019 voyagent toujours, mais tentent d’économiser autrement, en évitant par exemple de réserver des hôtels cinq étoiles », constate Christelle Majdalani, directrice de Nakhal à Dubaï et chargée du développement commercial de l’agence à Beyrouth. Des propos sur lesquels semblent s’accorder les voyageurs. « J’ai déjà fait du tourisme interne au cours des dernières années en raison de la pandémie. Cet été, je voyage en France puis en Espagne. La nourriture est moins chère qu’au Liban, et il existe une grande variété d’appartements à prix abordables à louer », précise Gaëlle Lameh, 26 ans. « La plus grande dépense reste le billet, notamment celui du retour, en raison des taxes imposées par l’AIB », ajoute la jeune enseignante.

Selon des données fournies à notre publication par l’AIB, le nombre total de voyageurs entre juin et septembre 2023 est estimé à 3.127.572 passagers. Ce chiffre, qui dépend toutefois de la stabilité économique, sécuritaire et politique dans le pays, s’approche de celui d’avant-crise (3.905.088 en 2019). 

Des voyages à foison après trois ans de restrictions liées au Covid-19 ? La tendance semble se confirmer cet été avec la reprise en trombe de l’activité des agences de voyages au Liban. S’il reconnaît que le secteur a encore besoin d’un an pour retrouver entièrement son niveau d’activité d’avant-crise, Jean Abboud, président de l'Association des agences de voyages...

commentaires (5)

Heureux qui comme Ulysse... ou comme un Libanais fortuné!

Politiquement incorrect(e)

15 h 40, le 03 septembre 2023

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Commentaires (5)

  • Heureux qui comme Ulysse... ou comme un Libanais fortuné!

    Politiquement incorrect(e)

    15 h 40, le 03 septembre 2023

  • Que vous en écriviez des tonnes sur les libanais de la diaspora venant passer leurs vacances au Liban, passe encore. Mais que vous vous épanchiez sur les destinations lointaines de nos concitoyens locaux épargnés, c'est indécent. Moi, je prévois de voyager à Batroun ! Et vous ?

    Ca va mieux en le disant

    01 h 06, le 20 juillet 2023

  • Cet article ne concerne que les Libanais privilégiés. Donc de loin pas le Libanais lambda qui compte chaque sou pour assurer sa survie!

    Politiquement incorrect(e)

    11 h 57, le 16 juillet 2023

  • Bien dis BRAVOOOOO

    Fadel Fouad

    19 h 18, le 15 juillet 2023

  • Dilapider des devises en temps de crise, relève d'une insouciance et d'égoïsme. Surtout que cette crise monétaire a transféré de l'argent d'un groupe de déposants qui ont fait confiance à la mafia au pouvoir, à un autre groupe qui a acheté ces devises à 1500 livres le dollar, et qui a caché ses banknotes chez lui. Rien qu'à voir les sommes cachées par centaines de milliers de dollars chez certains qui déclarent à la police d'innombrables vols ou casses. Et Ceux-là, il faut bien le dire, ont aggravé la crise et la pauvreté des autres. Le contrôle des capitaux qui n'a pas vu le jour, permet à ces profiteurs de voyager et de dépenser à leur aise. Monsieur Berri se moque des pauvres gens qui ont perdu toutes leurs économies en banque pendant ces4 années, en disant qu'il lui importe de rendre aux déposants leur argent. Il veut dire, et sans crainte, les gros déposants, et spécifie les gens de la diaspora. Déclaration de responsable?!

    Esber

    16 h 17, le 15 juillet 2023

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