Des soldats de l'armée libanaise lors d'une opération au Liban-Nord en juillet 2023. Photo tirée du site de l'armée
L'armée libanaise a affirmé que l'un des deux hommes originaires du village de Bécharré abattus près du sommet de Kornet el-Saouda (Liban-Nord) début juillet, était décédé suite à des tirs de la troupe, alors qu'elle intervenait pour "mettre en œuvre des mesures de sécurité".
"À la suite du douloureux incident survenu le 1er juillet dans la région de Kornet el-Saouda entre des citoyens des localités de Bécharré et Bkaasafrine, qui a entraîné la mort du jeune Haïtham Tok, des unités de l'armée sont intervenues pour mettre en œuvre des mesures de sécurité et, peu de temps après, elles ont été la cible de tirs", a indiqué la troupe dans un communiqué samedi. "Les militaires ont répliqué aux tirs et arrêté un certain nombre de personnes. Il s'est alors avéré que le citoyen Malek Romanos a été blessé et qu'il a succombé à ses blessures", poursuit le texte.
La raison pour laquelle l'homme, qui avait été nommé Malek Tok dans un précédent communiqué de l'armée et dans les médias, a été désigné Malek Romanos dans la dernière déclaration de l'armée, n'a pas été clarifiée.
Des détenus libérés
L'armée a également indiqué avoir ouvert immédiatement une enquête et arrêté un certain nombre de personnes "impliquées" dans l'incident. A l'issue des investigations, onze détenus ont été renvoyés devant les autorités judiciaires compétentes et d'autres ont été libérés, a précisé la troupe.
"Si l'armée est impliquée, ce n'est pas intentionnel, car les soldats tentaient de rétablir le calme", avait déclaré la semaine dernière à L'Orient-Le Jour William Tok, député de Bécharré et proche de la famille des victimes. Certains parents des victimes, ainsi que les Forces libanaises (FL, de Samir Geagea), affirment que l'armée est responsable du tir fatal sur Malek Tok. Les opposants au Hezbollah ont accusé le parti chiite d'exacerber délibérément la situation, dans un contexte de polarisation politique croissante.
Le 1er juillet, deux hommes de la famille Tok, Haïtham et Malek, originaires du village à très grande majorité chrétienne de Bécharré, ont été retrouvés morts à Kornet el-Saouda, zone au centre d'un conflit de longue date entre les habitants de Bécharré et de la localité voisine de Bkaasafrine, musulmane sunnite, autour d'une question cadastrale et de l'approvisionnement en eau.
''Victimes de la non-application de décisions administratives''
Le patriarche maronite Béchara Raï est d'ailleurs revenu sur cet aspect de l'affaire dimanche, lors d'une messe à la mémoire des deux victimes au siège estival du patriarcat à Dimane. ''Haytham et Malek Tok ont été victimes du manque de respect et de la non-application des décisions administratives et judiciaires publiées depuis 1998 concernant le Kornet el-Saouda et la plaine litigieuse d'el-Samara, qui interdit sur ce lieu tous travaux publics comme privés, à la surface et en sous-terrain, ainsi que de puiser de l'eau et d'installer des lacs artificiels, afin de préserver les eaux souterraines qui alimentent les sources et de faciliter les travaux de démarcation'' des terrains, a-t-il déclaré.
Il a encore dénoncé des ''interventions politiques'' autour des activités réalisées illégalement sur le sommet le plus élevé du Liban. ''Si les textes administratifs avaient été respectés, le problème n'aurait pas persisté, jusqu'à avoir les conséquences tragiques'' du week-end dernier. Le patriarche a encore appelé ''les responsables politiques à mettre un terme à leurs interventions, qui empêchent le travail des forces de sécurité chargées de faire appliquer la justice et les décisions administratives'' concernant les eaux du Kornet el-Saouda. Il a encore réclamé que les localités de Bécharré, Bkaasafrine et Ehden-Zghorta ''répondent à la demande du juge foncier du Nord, facilitent le travail des géomètres dans la région et fournissent les documents en leur possession, afin que la délimitation des terrains soit effectuée''.
commentaires (4)
Pourquoi alors avoir donné plusieurs versions avant de mener une enquête sérieuse quant au motif de ce drame? Aucun incident de ce genre n’arrive lorsqu’il s’agit des membres des mercenaires qui sont envoyés pour casser les tentes des protestataires et les tabasser à coups de bâtons pour dissuader quiconque de les empêcher de détruire notre pays. Nous ne sommes pas au bout de nos peines si des brebis galeuses se sont infiltrées dans les rangs de notre chère armée que les libanais vénèrent.
Sissi zayyat
11 h 54, le 10 juillet 2023