Fayçal Abbas, rédacteur en chef du média en ligne anglophone Arab News, basé à Djeddah, revient pour L’Orient-Le Jour sur les derniers développements régionaux concernant le dossier libanais. Pour l’analyste – un proche du prince héritier et Premier ministre Mohammad ben Salmane –, les récentes rencontres à Paris entre le dauphin saoudien et Emmanuel Macron, ou bien encore la chaleureuse accolade entre l’ambassadeur iranien au Liban et son homologue saoudien, la semaine dernière à Beyrouth, ne doivent pas tromper : sur le dossier libanais, Riyad reste fidèle à la ligne adoptée depuis 2016.
Cela fait plus de sept ans que l’Arabie saoudite s’est désintéressée du Liban. Existe-t-il aujourd’hui des perspectives réalistes pour que cette ligne change dans un avenir proche ?
Ce qui se passe au Liban est une occasion manquée et extrêmement douloureuse – pour tout le monde, mais avant tout pour les Libanais eux-mêmes. Le gouvernement (saoudien, NDLR) a clairement indiqué à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas de crise avec le Liban, mais plutôt une crise au Liban. Je suis convaincu qu’une fois que les Libanais se seront débarrassés de leur propre classe politique corrompue et qu’ils auront élu un gouvernement qui fera passer les intérêts du peuple en premier (ce qui, par défaut, nécessite de bonnes relations avec les pays voisins), l’Arabie saoudite sera la première à les aider.
Le processus de normalisation entamé début avril entre Téhéran et Riyad a pour l’heure laissé de côté la question libanaise, se concentrant sur des dossiers régionaux comme la guerre au Yémen. Mais certains signes ont récemment suggéré que cela pourrait changer à l’avenir. À quelles conditions Riyad pourrait-il accepter un compromis avec l’Iran sur le dossier libanais ?
Il est encore très tôt pour deviner ce que l’accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite peut ou ne peut pas accomplir. Nous sommes encore dans une phase d’établissement de la confiance, l’accord est encore fragile et tout le monde attend de voir des progrès. Ces progrès commenceront-ils au Liban ? Ou commenceront-ils au Yémen ? Il s’agit dans les deux cas de questions compliquées qui n’ont pas de solution facile. Si vous me posez la question en tant qu’analyste, je dirai que le Yémen est sans aucun doute une priorité saoudienne. Mais cela ne veut pas dire qu’un succès sur ce dossier entraînerait nécessairement un succès ailleurs – et je suis sûr que personne dans toute la région ne sera contrarié s’il inclut une solution pour sortir le Liban de sa misère.
Tout en excluant toute intervention directe sur la scène libanaise, l’Arabie saoudite s’est récemment montrée plus flexible sur ce dossier. MBS serait-il prêt à appuyer le choix de la France concernant l’élection présidentielle ?
Je ne suis pas d’accord avec votre insinuation. Je reviens de Paris où j’ai rencontré plusieurs responsables saoudiens et français à l’occasion de la visite du prince héritier et je n’ai absolument pas eu l’impression que vous mentionnez, que Riyad soit en train de suivre les traces de Paris dans ce dossier. En fait, l’impression que j’ai ressentie est que l’alignement franco-saoudien est parfait sur la plupart des autres sujets, mais qu’aucun progrès n’a encore été réalisé sur le Liban. Cela ne me surprend pas : après tout, s’il y avait un alignement sur un candidat ou un plan, nous en aurions déjà entendu parler. Je crois comprendre que Riyad ne veut pas interférer dans le processus de désignation du candidat, qu’il considère comme un choix libanais. À ses yeux, seuls les Libanais peuvent en décider et en accepter les conséquences.
La position saoudienne vis-à-vis du Liban pourrait-elle évoluer si une entente internationale était trouvée sur la question présidentielle ? Riyad est-il prêt à adopter plus qu’une simple politique de « laissez-faire », par exemple en soutenant financièrement le pays du Cèdre ?
L’Arabie saoudite n’a jamais officiellement cessé de soutenir le Liban, je me souviens de l’aide qui a afflué après l’explosion du port de Beyrouth, par exemple. Cependant, comme Riyad l’a signalé à plusieurs reprises, si les Libanais se débarrassaient de l’élite politique corrompue et élisaient un gouvernement efficace qui ne serait pas hostile à ses voisins, je suis sûr que le royaume serait heureux de s’engager sans limites. Il s’agit là d’une solution idéale, peut-être difficile à atteindre à court terme. La question est donc de savoir s’il pourrait y avoir une solution temporaire à la faveur d’un alignement franco-saoudien ou d’un quelconque développement régional. Seul l’avenir nous le dira, mais pour l’instant, je ne vois pas les choses évoluer dans une nouvelle direction.
Mais bon sang, puisqu’on vous dit que les libanais sont pris en otages avec les armes des milices armés par l’’Iran , comment voulez-vous qu’ils aient leur mot à dire? Ils ont essayé de manifester pour défendre leur argent volé et protester contre cette mafia gouvernante et ils ont été éborgnés par leurs soit disant protecteurs, les FSI vendus et tabassés par les voyous de cette milice en brûlant leurs tentes de résistance et en menaçant de mort les chiites qui ont osé se révolter contre leur diktat. Comment un libanais désarmé et de surcroît délaissé par le monde peut il faire face à une horde de meurtriers qui n’ont de but que l’exterminer ou le faire quitter son propre pays. Comment les libanais peuvent encore voter un député ou n’importe quel autre responsable politique sans avoir en tête ses revirements et ses trahisons, lui qui leur avait promis jusqu’à quelques heures avant le glissement du bulletin de vote que c’est leur homme alors qu’il a été acheté pour vendre son slogan et servir les ennemis? Comment faire lorsqu’on est cerné par des lâches et des vendus qui, pour une limousine ou un jet privé ont bradé leur pays? Quelle est la solution miracle d’après ces chers pays amis qui n’ont jamais exigé le désarmement de ce parti mercenaire pour que les libanais se débarrassent de cette épidémie qui est la corruption qui ronge notre pays tel une métastase auquel aucun remède ne fonctionne et que ces pays ont laissé impunément évolué faute de courage et d’autorité?
23 h 56, le 27 juin 2023