À quelques semaines d’un rendez-vous annuel qui revient invariablement depuis quarante-cinq ans, celui du renouvellement du mandat de la Finul, l’État libanais donne comme souvent des signes de nervosité. Il faut dire que cette échéance est une occasion parmi d’autres, pour un État qui n’en finit pas de perdre ses attributs, d’accomplir son acte de soumission à l’égard du Hezbollah.
L’année dernière, les États-Unis avaient obtenu du Conseil de sécurité un rajout au texte de la résolution relative au renouvellement du mandat, stipulant que les Casques bleus de la Finul n’avaient plus besoin d’obtenir une autorisation préalable de l’armée libanaise pour chaque patrouille qu’ils effectuent. Ce rajout avait naturellement fait grincer des dents dans les milieux favorables ou affiliés au parti de Dieu, qui ne supportent pas l’idée que la légalité internationale puisse limiter de quelque manière que ce soit la liberté d’action de la milice pro-iranienne.
L’importance du rajout n’est pourtant que symbolique dans la mesure où les responsables de la Finul répètent constamment qu’en tout état de cause, la coordination reste totale entre la force onusienne et l’armée libanaise. Il n’empêche : le palais Bustros et son locataire actuel, Abdallah Bou Habib, se démènent pour essayer d’obtenir le retrait du texte.
La démarche est d’autant plus malvenue qu’elle survient dans un contexte marqué par le grave incident de décembre dernier au lieu-dit Aqibiyé, un fief du Hezbollah au nord de la zone de déploiement de la Finul. Un Casque bleu irlandais avait été abattu lorsque son convoi qui se rendait à Beyrouth a été pris pour cible par des tirs dans ce secteur. Tout récemment, des membres du Hezbollah ont été inculpés de ce meurtre par le juge qui instruit l’affaire dans le cadre du tribunal militaire, une instance au sein de laquelle le parti de Dieu est pourtant loin d’être mal vu.
Mais, au-delà de ce contexte, il est permis de manière générale de se demander, dès lors que le Conseil de sécurité a voté une résolution, en quoi cela sert les intérêts du Liban de se montrer si méfiant à l’égard de la force onusienne et, par contraste, si accommodant avec une formation dont on sait pertinemment qu’elle exploite le conflit avec Israël pour mettre en œuvre l’agenda d’une puissance régionale. Ou faut-il encore débattre de cette vérité-là?
Posons le problème différemment : que le Hezbollah soit en mesure d’imposer à tous les Libanais ses vues et ses équations à l’aide de méthodes qui n’ont rien à voir avec les normes de la vie politique d’un État ordinaire, même médiocrement démocratique tel que le fut à une certaine époque le Liban, on ne le sait que trop bien. Que le spectre de la guerre civile soit constamment agité pour contraindre tout le monde à accepter l’inacceptable, on le sait aussi. Qu’à côté de cela, le Hezb soit un parti qui incarne les aspirations d’une partie non négligeable des Libanais et que ces aspirations, qu’elles plaisent ou non, méritent d’être respectées et examinées par leurs compatriotes qui ne les partagent pas, on est également censé le savoir. Ce qui, en revanche, demeure totalement incompréhensible, c’est de voir combien sont encore nombreux les Libanais, comme ce monsieur Bou Habib, à s’empresser de servir le Hezbollah, d’anticiper ses désirs, de rivaliser de courbettes devant lui… bref de lui concéder l’État libanais en offrande, sans nécessairement ni respecter ni être disposé à examiner les aspirations de sa base.
Sait-il un peu, ce ministre, comme bien d’autres avant lui, ce que signifie d’être le chef de la diplomatie d’un État dont il a été dit qu’il est un message? A-t-il seulement compris le sens de la si belle formule du pape Jean-Paul II ? Qu’en est-il aujourd’hui de ce message ? Qu’en ont donc fait tous les Bou Habib de ce pays ? Voilà une question qui mérite d’être posée au prochain président de la République, quel qu’il soit.
Et face aux Bou Habib de tout poil, que voit-on aujourd’hui? Une opposition réduite à quelques jolis slogans figés, pendant que les choses sérieuses se passent ailleurs; un ex-allié du Hezb (ou est-il vraiment ex ?) qui reproche à ce dernier de n’avoir pas honoré sa part du contrat et feint d’oublier que sa part à lui– la précieuse couverture chrétienne–, qu’il a scrupuleusement remplie, est tout sauf honorable ; une contestation qui se déchire de plus en plus, sans même que l’on sache vraiment sur quoi ; un ventre mou qui, sous le vocable trompeur de « modération », contribue à désertifier l’espace politique ; et, enfin, des franges identitaires qui croient dur comme fer au mirage du fédéralisme, sachant qu’en matière de diplomatie, l’option fédérale appliquée au Liban consisterait à dire au Hezbollah : tu peux faire ce que tu veux, je regarde ailleurs.
Le Liban-message, ce n’est sûrement pas pour demain…
Les institutions internationales comme cette ONU n'ont aucun souci de la survie du Liban et de ses institutions . Leur dada eternel reste en premier lieu la sécurité d'Israel et en deuxième lieu l'implantation des refugiés et déplacés syriens au Liban , quitte à les voir très bientôt réclamer leur nationalité libanaise NATURALISATION afin de prendre le pouvoir , par les armes probablement un jour prochain . Le Luban n'a que faire de cette FINUL !
19 h 58, le 01 juillet 2023