Le patriarche maronite Béchara Raï a critiqué dimanche la dernière séance de l'élection présidentielle au Parlement qui s'est tenue mercredi, la qualifiant de "farce".
La Chambre s'était réunie pour la douzième fois pour tenter d'élire un chef de l'Etat, mais sans succès. Le Liban est sans président de la République depuis que Michel Aoun a quitté ses fonctions le 31 octobre.
Au cours de son homélie dominicale, le cardinal Raï a demandé : "Comment pouvons-nous, au milieu de la crise qui blesse profondément notre peuple, accepter la farce qu'a constitué la dernière session de l'élection présidentielle, qui a eu lieu mercredi dernier ?"
Le prélat a ainsi fait valoir que la séance de mercredi était une "violation de sang-froid de la Constitution", exhortant tous les responsables à "admettre leurs erreurs et à les corriger" après près de huit mois de vacance à la tête de l'Etat.
Les propos du patriarche interviennent quatre jours après le scrutin qui a opposé l'ex-ministre Jihad Azour au chef du mouvement Marada Sleiman Frangié. Aucun des deux candidats n'a recueilli suffisamment de voix pour décrocher la présidence.
À l'issue du vote de mercredi, M. Azour, soutenu par la majeure partie de l'opposition, avait obtenu 59 voix, tandis que M. Frangié, soutenu par le Hezbollah et le mouvement Amal, en a obtenu 51. Six députés ont voté pour l'ancien ministre Ziyad Baroud (sept, selon le président du Parlement Nabih Berry), huit ont voté pour le "Nouveau Liban", une voix est allée au commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, et une autre à l'entrepreneur Jihad al-Arab. Un bulletin blanc a également été enregistré. Pendant le séance, un vote a été égaré et le président du Parlement a refusé de réitérer le processus de comptage des bulletins, soulignant qu'un seul vote "ne ferait pas la différence".
Dialogue
"Les personnes au pouvoir devraient recommencer à prier et à se tenir devant Dieu dans un esprit d'humilité et de pardon, tout en admettant leurs erreurs afin de les réparer et de répondre aux besoins de l'État et de ses citoyens", a poursuivi dimanche le patriarche maronite.
Samedi, il avait soutenu qu'il n'avait de préférence pour aucun candidat à l'élection présidentielle.
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a également critiqué le comportement de certains députés lors de la dernière séance de la Chambre. "Celui qui a voté puis quitté le Parlement, comme par manque d'intérêt pour le pays et le résultat du scrutin, a-t-il bien agi ?", s'est-il demandé, dans une référence aux députés du tandem chiite qui ont quitté la Chambre pour provoquer un défaut de quorum.
"Le fait qu'il y ait une voix qui manque est-il une chose ordinaire ne méritant pas que l'on s'y arrête ?", a ajouté le prélat."Comment peut-on construire le pays si les députés ne respectent ni la Constitution ni l'élection, de manière sérieuse et démocratique, d'un président (...) au service de tout le pays et non uniquement de certains groupes ?".
Pour sa part, le cheikh Nabil Kaouk, membre du bureau politique du Hezbollah, a estimé dimanche que la session "a porté un message clair et concis selon lequel le seul choix est le dialogue". Il a ensuite critiqué "ceux qui sont dans l'illusion et qui rêvent avec des slogans irréalistes".
Macron et MBS
Le président français Emmanuel Macron et le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammad ben Salmane ont "souligné vendredi la nécessité de mettre rapidement fin au vide politique institutionnel au Liban." Le président français a souligné que l'absence d'un président depuis huit mois "reste le principal obstacle à la résolution de la grave crise socio-économique" dans le pays.
commentaires (2)
Normal quand un farceur en chef trône des décades comme chef du parlement, à cause de la lâcheté collective.
Mago1
22 h 05, le 18 juin 2023