Des voyageurs qui font la queue jusqu'à la porte d'entrée de l'aéroport, un nombre de scanners insuffisant, des comptoirs fermés, des formalités qui durent... L'Aéroport international de Beyrouth (AIB) fait face à de nombreuses critiques ces derniers jours, avec l'arrivée de la haute saison touristique. La direction de l'aéroport, elle, affirme qu'elle a augmenté dernièrement ses effectifs pour faire face à l'afflux de voyageurs.
Jihad*, un homme d'affaires libanais d'une cinquantaine d'années établi aux Emirats arabes unis, fait des allers-retours à l'AIB deux fois par mois. Il déplore le "manque de personnel qui retarde chaque formalité" ainsi que "la négligence et le manque de sérieux des fonctionnaires, souvent assis à ne rien faire".
"Les files d'attente sont interminables, elles s'étendent parfois jusqu'à la porte d'entrée de l'aéroport. Il faut au moins attendre 1h30 pour terminer les formalités à l'aller et au retour. De plus, l'aéroport n'utilise que quelques portiques de sécurité et scanners, ce qui retarde l'ensemble des passagers", déplore Jihad.
Contacté par L'Orient-Le Jour, le directeur général de l’Aviation civile par intérim, Fady el-Hassan, réfute toute lenteur au niveau des démarches administratives et assure que les effectifs ont été augmentés ces derniers jours.
Le nombre de passagers à l’AIB a atteint 2,5 millions à fin mai, contre 2 millions à la même période en 2022, soit une hausse de 25% en glissement annuel, selon les derniers chiffres officiels.
Beaucoup de monde
"Il y a certes beaucoup de monde en ce moment à l'aéroport, mais c'est normal en haute saison. D'ailleurs, le nombre d'agents des Forces de sécurité intérieure et de la Sûreté générale a récemment été revu à la hausse", ajoute Fady el-Hassan, sans plus de détails sur le nombre de nouvelles recrues.
Construit en 1998, l’actuel et unique terminal de l’AIB peut accueillir 6 millions de voyageurs par an. Une capacité dépassée depuis 2013, selon les chiffres de l’aéroport, avec un pic à 8,8 millions de voyageurs en 2018 et l’attente de 7,2 millions cette année.
En mars, le ministre sortant des Transports, Ali Hamiyé, avait dû renoncer à un projet controversé d'extension de l'aéroport, face au tollé provoqué, en raison d'un accord de gré à gré avec une société irlandaise sans passer par l’Autorité de régulation des marchés publics.
La crise économique, qui sévit dans le pays depuis plus de trois ans, a eu des répercussions sur le fonctionnement de l'aéroport et la capacité de ses employés à assurer une présence à l'AIB, les salaires de ces fonctionnaires ayant subi une forte dépréciation.
Des vols "complets" cet été
Malgré la crise, la haute saison s'annonce prometteuse cette année. Selon Rima Mekkaoui, directrice des relations publiques à la compagnie d'aviation libanaise Middle East Airlines, "tous les avions à destination du Liban (cet été) sont complets". Une situation qui risque de compliquer le travail à l'aéroport.
Contacté par notre publication, Jean Abboud, président de l'Association des agents de voyage et de tourisme au Liban (Atall), estime que les retards rapportés par les passagers à l'AIB sont bel et bien dus au manque d'effectifs de l'aéroport. "L'AIB n'a pas assez d'employés et, par moments, il peut y avoir trois ou quatre avions qui arrivent en même temps, ce qui fait que le personnel est débordé. La direction de l'aviation civile a promis de prendre les mesures nécessaires pour désengorger l'aéroport cet été", assure-t-il.
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a annoncé lundi une série de mesures visant à faciliter la gestion de la saison touristique estivale.
Reste à savoir si ces mesures seront suffisamment efficaces pour l'aéroport de Beyrouth.
*Le prénom a été modifié.
- Bonjour, il fait quoi ton papa? - Il est fonctionnaire. - Et ta maman? - Elle ne fait rien non plus...
17 h 47, le 03 juillet 2023