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Nos Lecteurs ont la Parole

Daddy issues #7 : les baigneuses et les barbes

Rêveuse et excitée, Mad’moiselle

Touche les étoiles, papa a des ailes

Et il veut en donner tellement à sa fille

Pour qu’elle vole très haut dans le ciel béni,

Pour qu’elle dépasse les obstacles et les murs,

Là où les idées sont fraîches et l’air est pur.

Elle grandit : elle vole, elle voit, elle dévoile ;

Elle aime la liberté, elle n’aime pas le voile

Ou, du moins, elle respecte celles qui le portent :

La liberté enseigne le respect de la cohorte,

Bien que le voile étouffe souvent la tête.

Mais les obligées se cachent des regards de la bête ;

Ces longues barbes noires à la tête perverse

Se créent des corps vierges en désirant l’inverse.

Au lieu de se corriger le regard, ils cachent les femmes,

Le fanatisme s’empare d’eux, le corps perd sa gamme :

Réduit à un objet, il est à violer ou à cacher

Dans les deux cas, c’est la faute aux femmes.

Violées, même quand voilées, les frustrées

Défendent les barbes : la femme est une flamme.

Ignorant Prométhée, les textes sacrés, Courbet et Renoir,

Ils se baignent dans une mer de saleté; ils ne peuvent rien voir.

La femme leur est un objet sexuel ou une mère à féconder,

Ils se croient les maîtres de l’absolu, ils veulent tout dresser.

L’éducation a quitté leur vie, ils ne peuvent plus réfléchir,

Ils sont devenus des brutes qui peuvent seulement réagir

À des scènes très ordinaires qui ne les concernent pas.

Crachant sur le corps – cette créature de Dieu –, les Judas

Crachent aussi sur les lois, les sciences, les livres, le Coran.

Ils veulent dominer, eux qui savent à peine se tenir en rang,

Un rang de bétail qui vit d’hormones, de complexes, de préjugés.

Ils couvrent les baigneuses de l’Artiste premier et celles de Courbet,

Ils crachent sur le paradis, l’eau de vie et le corps d’Ève,

Qui portait bien un maillot de feuilles, mais eux, ils rêvent

Plutôt de mille sirènes fantasmées et violent une vraie naïade

Qu’ils veulent étouffer, abrutir et priver même de baignade.

Et la fille, avec sa torche et son maillot, son pinceau et sa rime,

Pleure un État et une race aux barbes illégitimes.

Serrée ici par le sinueux serpent qui imbibe

Ses veines maudites, la sans-État écrit et médite.

Le serpent buée, absence, barricades, abandon

La dévore vivante, l’ironie est dans le nom.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Rêveuse et excitée, Mad’moiselle Touche les étoiles, papa a des ailesEt il veut en donner tellement à sa fille Pour qu’elle vole très haut dans le ciel béni,Pour qu’elle dépasse les obstacles et les murs,Là où les idées sont fraîches et l’air est pur. Elle grandit : elle vole, elle voit, elle dévoile ;Elle aime la liberté, elle n’aime pas le voileOu, du moins, elle...

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