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Lifestyle - L'instant K à Cannes

Jour 11 : Jane Fonda en toute(s) liberté(s)

Premier festival de cinéma au monde, le Festival de Cannes fait tourner les têtes. Il les couronne comme il les fait tomber. Du 16 au 28 mai, tous les regards convergent vers la Riviera où stars, « Wanna be » et « Has been » se côtoient et festoient pour l’amour du 7e art. Depuis la Croisette, nous ouvrons grands les yeux et les oreilles. Qui brille sous les flashs, qui est la coqueluche, le talent du jour ? Qui délie les langues, qui rend les autres jaloux et qui est passé inaperçu? « L’Orient-Le Jour » se glisse entre le tapis rouge et les murmures de café. Voici la pêche du jour.

Jour 11 : Jane Fonda en toute(s) liberté(s)

Jane Fonda, magnifique. Photo AFP / Valérie Hache

20 heures en ce vendredi 26 mai. À l’intérieur du palais des festivals, plusieurs journalistes sont en duplex depuis le grand balcon de la salle de presse, vue sur le tapis rouge incluse. Que ce soit le Français en smoking, le Chilien en polo-jean ou l’Égyptienne en robe de soirée, à 24 heures de la remise de la Palme d’or, tous essayent de décortiquer les signes et les indices que les membres du jury ont savoureusement saupoudrés en bas des marches depuis le début de la compétition… Quelques heures plus tôt, l’heure était déjà au bilan du côté du « Gang des escabeaux ». Résultat ? Trois jambes foulées, un départ aux urgences et deux nouveaux liftings au compteur.

« Je n’ai jamais été aussi émue. J’ai 80 ans et c’est décidé, c’est mon dernier festival. Je sens mon corps me lâcher, et à cet âge il est peut-être temps que j’arrête », avoue Jacqueline, une fidèle parmi tant d’autres. Depuis son tout premier Cannes en 1987, la festivalière guadeloupéenne a connu Woody Allen à l’époque où le cinéma l’acclamait encore, Whoopi Goldberg en pleine gloire et Carole Bouquet au bras de Gérard Depardieu. Autour d’un gâteau Intermarché, ses amis applaudissent leur amie au bord des larmes devant la porte encore fermée de la fan zone. «Vous avez été mes sœurs dans cette vie mouvementée », confesse Jacqueline, de nature réservée. Comme un adieu à la ville qui l’a adoptée et avant son train du soir pour Orléans, l’octogénaire embrasse chaleureusement tous ses acolytes, l’affiche officielle sous le bras, malgré les tensions des derniers jours. « Je vous regarderai à la télé demain pour la finale ! Ne faites pas trop la gueule devant les caméras ! ».

Indiscrétions croustillantes
Dans les rues de Cannes, Nanni Moretti se promène incognito, un cornet de glace à la main. Sa productrice, visiblement passionnée par la visite à Rome de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, n’hésite pas à insulter et à rappeler l’incompétence du gouvernement italien depuis l’arrivée à sa tête de Giorgia Meloni, leader d’extrême droite. Sur la plage, deux touristes se racontent leurs mésaventures de la semaine. L’une d’elle, présente à une soirée privée sur un yacht arrimé au port de la ville, éclate de rire en décrivant l’arrivée de Nabilla, star de télé-réalité française, depuis le plongeoir. « Elle a fait tomber à l'eau son sac, son téléphone et sa carte de crédit. Personne n’a bougé, elle était seule avec ses larmes, la pauvre ! ». À l’arrêt du bus pour La Bocca, deux femmes en robe de soirée tentent de comprendre le mode de fonctionnement des transports en commun, quitte à être en retard à leur brunch. « Siri, quel est l’arrêt le plus proche de la Villa Bulles ? »

L’Arabie saoudite, invitée controversée
Sur les panneaux publicitaires de la ville comme aux génériques de plusieurs films présentés pendant cette quinzaine, l’Arabie saoudite fait office de nouvelle venue dans le paysage médiatique et cinématographique. Le royaume cherche à mettre en avant ses productions, aussi bien arabes que françaises. Jeanne du Barry, film présenté en ouverture et réalisé par Maïwenn, a été cofinancé par l’Arabie saoudite, pareil pour Les filles d’Olfa de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, en compétition officielle. « Ils sont partout ces Saoudiens ! », s’étonne une passante devant les 60 pavillons internationaux, impressionnée par la place, la dimension et la foule autour de la tente du seul Etat du Moyen-Orient, implantée en bas du palais… Le festival de Cannes, nouvel outil de soft-power pour ce pays qui se rachète une réputation à l’international, ne questionne pas les positions du royaume vis-à-vis du respect des droits de l’Homme, entre autres…


Isabella Rosselini entourée de Carol Duarte, Josh O'Connor, Alice Rohrwacher, Alba Rohrwacher, Vincenzo Nemolato et Paolo Del Brocco avant la projection de "La Chimera". Photo Christophe Simon / AFP

L’Icône
Sur le tapis rouge, on expédie les dernières montées des marches. Comme tous les ans, les derniers films en compétition passent inaperçus, éclipsés par les pronostics, la fatigue et le ras-le-bol des reporters préférant profiter du soleil et des cocktails gratuits avant leur retour à des bureaux qui sentent la naphtaline et le café noir. Au casting du jour, Eva Longoria et Andie MacDowell, le retour. Karin Viard et Alex Lutz, main dans la main, et Isabella Rossellini, venue présenter La Chimera d’Alice Rohrwacher. Au même moment, dans la salle Buñuel du Palais des festivals, une légende offre une masterclass aux quelques chanceux accrédités. Jane Fonda, 85 ans et une aura intacte, impressionne un parterre de journalistes, cinéastes et jeunes talents qui se lèvent pour l’applaudir. Cheveux blancs et tailleur gris, l’actrice aux deux Oscars répondra inlassablement aux questions posées par un public ébahi par cette générosité partagée. « J’ai oublié mon appareil auditif, il faut parler plus fort ! » dit-elle à la modératrice, visiblement intimidée par ce charisme indélébile.


Deux heures de conversation avec Jane Fonda, un moment intense. Photo K.R.

Jane Fonda évoque sans filtre sa carrière d’actrice, son parcours d’activiste, ses mariages, ses conseils pour la nouvelle génération et son avis tranché sur Jean-Luc Godard : « C’était un grand visionnaire en tant que cinéaste. Mais en tant qu’homme, non, c’est juste non ». Pionnière du militantisme à Hollywood, elle a toujours ses engagements chevillés au corps à l’aube de son 86e printemps. Avec toute la passion qui la caractérise, elle se remémore ses combats contre la guerre du Vietnam et la pauvreté, pour les femmes, communautés marginalisées et le climat, tout en reconnaissant son privilège de « femme hétéro blanche aisée ».

Dans la salle, tout le monde a une question à la mythique interprète de Barbarella, certaines plus convaincantes que d’autres. Oubliés les modérateurs, Jane Fonda pointe elle-même du doigt les personnes qui peuvent prendre la parole. « J’ai fait beaucoup de chirurgies plastiques et je n’en suis pas fière. Aujourd’hui, j’ai juste un bon maquilleur», répond-elle à une question à ce sujet. Côté cinéma, elle évoque son rôle dans Klute, la façon dont elle a convaincu Dolly Parton de faire partie du casting de 9 to 5 et son amour pour son acolyte de toujours, Lily Tomlin, tout en taclant gentiment Redford, Douglas et Hepburn. La masterclass devait durer à peine une heure, elle s’étendra pendant presque deux. Plus tard, Fonda rencontrera Kate Winslet à la dernière soirée organisée par L’Oréal dont elles sont toutes les deux des égéries. À Cannes, où les apparences font tout, où paraître est tellement plus important qu’être, où les anonymes se poussent pour se faire une place (non-méritée) au haut des marches et où les vanités remplacent l’engagement, « une vraie star, c’est ça », le rappelle une journaliste en sortant de la salle. Une vraie star, Jane Fonda. 


Kate Winslet et Jane Fonda à l'événement "Lights on Women", organisé par L'Oréal. Photo Stefano Rellandini / AFP

20 heures en ce vendredi 26 mai. À l’intérieur du palais des festivals, plusieurs journalistes sont en duplex depuis le grand balcon de la salle de presse, vue sur le tapis rouge incluse. Que ce soit le Français en smoking, le Chilien en polo-jean ou l’Égyptienne en robe de soirée, à 24 heures de la remise de la Palme d’or, tous essayent de décortiquer les signes et les indices que...

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