Le président du conseil municipal de Saïda (Liban-Sud) Mohammad Saoudi a interdit samedi la tenue de deux rassemblements adverses prévus dimanche sur une plage publique de cette ville à la suite de l’agression de deux couples de jeunes qui s'y baignaient en maillot de bain.
Le 14 mai, deux cheikhs fondamentalistes accompagnés de leurs partisans avaient demandé aux baigneurs de quitter les lieux en raison de la tenue jugée indécente des femmes. Joint par notre publication, M. Saoudi avait alors condamné cet incident, avouant son incapacité à agir.
Des groupes de féministes et d’activistes ont appelé vendredi à un rassemblement dimanche sur cette plage et une conférence de presse était prévue à 11h ce jour-là pour plaider en faveur de "la liberté d’expression" et des moeurs, selon une affiche qui circule sur les réseaux sociaux. Un appel à une contre-manifestation n'a pas tardé à être diffusé samedi sur les réseaux sociaux. "En faveur de la pudeur, de la vertu, et contre la nudité", proclame ce dernier appel.
Réagissant à ces appels à manifester, M. Saoudi a affirmé dans un communiqué samedi que "la municipalité n’a toujours pas ouvert (l’accès à) la plage publique". "Il est donc interdit d’organiser toute activité ou mobilisation sans accord préalable de la municipalité afin de veiller à la sécurité des personnes, de la ville de Saïda et ses habitants", a-t-il poursuivi. Le président du conseil municipal a enfin indiqué que le mohafez du Liban-Sud Mansour Daou ainsi que les services de sécurité et l'armée seront notifiés de cette décision.
"Je me sens en danger"
Mayssa Hanouni Yaafouri, l’une des victimes de l’agression à Saïda, a porté plainte contre les cheikhs à l'origine de cet incident. Elle a confié samedi à notre journaliste Mario Doueiry son "indignation" face à la décision du président du Conseil municipal de la ville. "Il s’agit d’oppression et d’une atteinte à notre droit d’expression", a-t-elle estimé. "Je me sens en danger dans la ville, j’ai même fait sortir mon fils de 16 ans de Saïda de peur qu’il ne lui arrive quelque chose", a-t-elle souligné.
L'incident du 14 mai a fait réagir responsables religieux et groupes de la société civile. La Ligue des ulémas musulmans de Saïda a dénoncé mardi "la campagne médiatique suspecte et systématique qui vise Saïda, ses mœurs, ses cheikhs et sa population", démentant toutes les allégations de violence qui aurait été perpétrées par les cheikhs et leurs partisans contre les baigneurs. Pour sa part, un regroupement d'associations locales a dénoncé dans un communiqué le manque de réactivité de la municipalité pour faire respecter l'ordre et la loi.
Concoctée
18 h 07, le 22 mai 2023