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Culture - Recommandations

Les nouveautés en librairie : que lire en ce moment ?

Des Mémoires décoiffants, des pensées philosophiques, un héros avec un superpouvoir, une histoire à tiroirs, un assemblage de « bonheur, plaisir, douleur, amour »... Voici huit romans à découvrir absolument.

Les nouveautés en librairie : que lire en ce moment ?

Crédit Bayard

Nos « Mille origines » racontées par Charif Majdalani

Lire Charif Majdalani, c’est toujours entrer avec plaisir dans des récits de vies dominées par le cheminement de l’histoire. Celles qu’il retrace dans Mille origines, son dernier opus qui vient de paraître aux éditions Bayard (collection récits, 216 pages), sont tout simplement des histoires de famille. Celles qui racontent les origines de tout un chacun. Celles qui, transmises de génération en génération, sont comme des boussoles indiquant d’où l’on vient et parfois vers où l’on pourrait partir. Ces histoires où se mélangent inévitablement mythes, légendes et réalité, l’auteur en a recueilli une vingtaine auprès de personnes aussi diverses que variées. Il les a retranscrites, de sa belle plume littéraire, sous forme de brefs et captivants monologues, dans ce recueil qui, au final, brosse le portrait par touches de ce que l’on appelle le peuple libanais. Un ouvrage qui nous rappelle, avec tant d’intelligence et de subtilité, nos racines et identités multiples, notre humanité commune en somme...

Crédit Grasset

« Lignes de vie » de Jean-Paul Enthoven, le labyrinthe des pensées

« Un proverbe chinois affirme que la vie se divise en quatre émotions : bonheur, plaisir, douleur, amour. » Lignes de vie, aux éditions Grasset, le dernier opus de Jean-Paul Enthoven, est un assemblage de ces quatre émotions. Pour lui, la vie est un concentré d’observations, un labyrinthe de pensées, de citations, de méditations et de digressions où le bonheur aurait pu se résumer à écouter Cole Porter, à observer Picasso à l’œuvre, à flirter avec Lady Ashley, à refaire le monde avec Ernest Hemingway. On apprend aussi bien sur Alberto Moravia qui détestait le passé que sur le premier baiser échangé entre Dali et Gala. De Fernando Pessoa à Stendhal, de la philosophie de Schopenhauer aux vers de Lamartine, du stoïcisme au rapport de Voltaire à Dieu, de Proust et ses complexes à Truffaut qui vénérait les femmes, Enthoven brasse les thèmes, revisite l’amour, la littérature et les sentiments qu’il avoue avoir recueillis au gré de ses lectures mais aussi de ses amitiés, et nous offre un livre drôle, vif, riche, jamais ennuyeux, proprement inépuisable.

Crédit Flammarion

« Fille en colère sur un banc de pierre » de V. Ovaldé : tensions et mystères

Elle a l’art des titres qui interpellent, Véronique Ovaldé. Après son Personne n’a peur des gens qui sourient (Flammarion), voici Fille en colère sur un banc de pierre (304 pages), sorti cette année chez le même éditeur. Un roman tout aussi intriguant que le précédent et qui débute comme le précédent par un départ clandestin. Celui de Aïda, l’héroïne… en colère. Quinze ans après avoir coupé les ponts avec ses sœurs et ses parents, elle retourne vers les siens à l’annonce du décès de son père. Ressurgissent alors les méandres d’un passé hanté par une tragédie suggérée tout au long du roman. Tensions, mystères, non-dits et colères rentrées… Mais aussi rivalité, compétition et jalousie… Ce sont les très ambiguës relations familiales que cette autrice à la plume incisive et à l’indéniable talent de conteuse explore une fois de plus, avec subtilité, dans cette intrigue qui se passe sous le noir soleil d’un coin de Sicile. Captivant, tout simplement.

Crédit Hachette Antoine

« Asbahtou Anta » d’Ahlam Mosteghanemi, souvenirs souvenirs

Ahlam Mosteghanemi est sans conteste une voix unique de la littérature arabe. Son œuvre, bien que souvent trempée dans une audacieuse et décoiffante sensualité, est abreuvée de politique et de sentiments de révolte.

De culture française et francophone, elle écrit en arabe dans un style bien à elle, mélange détonant et étonnant de lyrisme, d’une certaine grandiloquence poétique jamais dénuée d’ironie. Elle est considérée aujourd’hui comme l’écrivaine arabe la plus lue et l’une des femmes les plus influentes dans le monde arabe.

Récompensée par le prix Naguib Mahfouz et le prix Nour de la meilleure œuvre féminine en langue arabe pour son très célèbre Mémoires de la chair en 1998, elle vient de publier Asbahtou Anta (Je suis devenue toi) (éd. Hachette Antoine), un récit autobiographique dans lequel elle revient, la main sur le cœur, sur son enfance, ses débuts poétiques à la radio algérienne, ses rencontres amoureuses et ses grands combats pour l’indépendance, contre « la corruption, les injustices, les régimes totalitaires, l’intégrisme, les nouvelles formes de colonisation et le dénigrement du droit des femmes ».

Crédit Albin Michel

« Au café du temps retrouvé », savourons Kawaguchi

Si vous avez envie de faire une toute première incursion dans l’univers de la littérature japonaise, voici le roman parfait : Le café du temps retrouvé de Toshikazu Kawaguchi (Albin Michel, 221 pages). Vous y découvrirez à travers quatre nouvelles des variations sur le même thème, celui du deuil inachevé, une plume trempée dans le fantastique cher aux Nippons. Atténué cependant par l’universelle tendresse des sentiments.

Entrez donc, vous aussi, au café Funiculi Funicula, cet étrange établissement à Tokyo où, le temps d’une tasse de café, les clients peuvent se reconnecter avec une personne chère décédée. Et laissez-vous emporter, au fil de la lecture, par les émouvantes retrouvailles de deux amis liés par un secret ; d’un fils qui regrette de n’avoir pas été assez présent pour sa mère ; d’un homme qui cherche à retrouver la femme qu’il n’a pas pu épouser et d’un autre qui aimerait offrir à son épouse un cadeau exceptionnel… Un roman à lire par petites gorgées, comme on savoure un bon café.

Crédit Folio

« Numéro deux » de D. Foenkinos : celui qui n’a pas été choisi

Presque rien ne prédestinait le jeune Martin Hill à devenir acteur. Repéré par hasard par un producteur de films, il est sur le point d’incarner Harry Potter au cinéma lorsqu’il est recalé in extremis au profit d’un autre garçon qui sera mondialement célèbre grâce à cette saga au succès planétaire.

Sur une trame puisant dans la réalité, David Foenkinos raconte, dans Numéro deux (Folio, 268 pages), « l’histoire de celui qui n’a pas été choisi ». En imaginant le parcours et les contours psychologiques de celui qui a « failli », l’auteur de La Délicatesse et du Mystère Henri Pick (Gallimard) interroge les notions toutes relatives de réussite, d’échec et de reconstruction. Des thématiques qui nourrissent déjà nombre de ses romans. Et qu’il traite dans ce dernier opus avec ce même mélange de sensibilité et de truculence, cette tonalité malicieusement mélancolique qui font sa signature. Et son succès de romancier français multiprimé. À lire.

Crédit Albin Michel

« La vie absolue » de D. van Cauwelaert ou l’excursion forcée

« Pour rendre la vie et la mort plus supportables, il n’y a pas comme l’humour », affirmait Didier van Cauwelaert, et d’ajouter : « Plus le sujet est grave, plus l’enjeu est puissant, plus les tabous sont forts et mieux il faut avoir recours à l’humour pour les aborder. » Dans son dernier roman La vie absolue (Albin Michel, 272 pages), il est d’abord question d’exhumation d’un certain Jacques Lormeau (quincaillier, glandeur et peintre du dimanche) pour recherche de paternité. On le déterre pour récupérer son ADN et le comparer à celui d’une jeune étudiante, Morgane. Ce geste va le ramener sur terre et le renvoyer aux côtés de ses proches pour les regarder évoluer et vivre des aventures rocambolesques et mensongères. Car des mensonges, il y en aura beaucoup, et un mensonge va en relayer un autre afin que l’histoire se construise. C’est une conscience désincarnée qui quitte l’au-delà pour se retrouver dans les vibrations terrestres. L’ici-bas et le là-haut vont s’entremêler sans toutefois donner de

superpouvoirs à notre héros. Mais la question la plus pertinente reste : qui parle ? À charge des lecteurs de le découvrir.

Crédit Flammarion

« Toute une moitié du monde » d’A. Zeniter, comme des tiroirs

Ce n’est ni un roman, ni un essai, ni un recueil de nouvelles, Toute une moitié du monde d’Alice Zeniter (Flammarion, 240 pages) est plutôt une écriture, un récit difficile à mettre dans une case. Quand on pose la question à l’auteure, elle a de la difficulté à le qualifier. « Il tient un peu à plein de types à la fois, en fait c’est juste un livre », dit-elle. C’est un récit sur le récit lui-même, sur la fonction du livre, sur le regard des lecteurs, un format qui sort du schéma narratif classique. Il n’y a pas de mise en place d’une intrigue avec un point culminant et un dénouement, la narratrice crée davantage une forme qui sort des normes. Elle égrène toutes ses lectures depuis son plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte ; fait le constat que l’on s’identifie davantage aux personnages hommes qui sont toujours plus actifs, plus libres, plus aventureux, alors que les femmes sont séquestrées, enlevées, suicidées ; pose un regard de lectrice et d’autrice, de femme aussi, sur la façon dont la littérature nous façonne. Toute une moitié du monde est le genre de livre qu’on aime garder pour aller y farfouiller au moment où on en a besoin.

En partenariat avec : Librairie Antoine

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