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Nos Lecteurs ont la Parole

Marginalisés ?

C’est une journée de pluie à Montréal, à Beyrouth aussi il pleut des cordes. Par contre, chez nous, le printemps a pris son temps. Après une tempête de verglas qui a paralysé la ville durant plus d’une semaine, les magnifiques branches des arbres complètement défigurés sont en train d’éclore. Des bougeons de magnolias, des iris, des jonquilles qui dévorent le gris avec acharnement. Lentement, même trop, mais sûrement, les couleurs reprennent et nous on souffle après notre premier hiver en exil forcé.

Les familles libanaises, intègres et honnêtes, à revenus moyens, qui ont pu quitter à temps un pays qui a tout fait pour les éparpiller ailleurs.

Pour nous, grâce à notre vaillante avocate, nous avons pu poser nos valises dans la seule ville fièrement francophone. Le but étant d’assurer un niveau d’éducation à nos enfants. Il n’y a rien à dire. C’est à des années-lumière, et heureusement.

Le nombre de familles chrétiennes qui ont quitté le pays et se sont implémentées ici est hallucinant. À mon plus grand bonheur de retrouver des amies d’enfance et de forger des amitiés exceptionnelles.

Par contre, qui sommes-nous, nous, les chrétiens marginalisés ?

Si je parcours simplement ce que je vois, il y a d’abord, en ligne de mire, les chrétiens qui le sont par affront politique. Puis ceux et celles qui suivent un automatisme religieux sans se soucier de l’humain, et la faiblesse de ses zones d’ombre, que l’on a absolument tous. Les organismes d’un élitisme caritatif social suspicieux. La mafia religieuse. Oui. Les nostalgiques religieux, les pires à mon avis, ancrés dans leur passé. Incapables de sortir de leurs origines historiques, leurs timbres, livres, arts. Magnifique héritage culturel dont je fais partie mais dont on ne tire rien au présent. Leur attachement à une identité qu’ils massacrent en n’évoluant pas. Les religieux qui se mêlent de la politique. Je n’ai jamais rencontré de ma vie un politicien qui s’est jamais soucié de leurs homélies. Moi je suis disciple de Marie. Les mots prononcés ont leur puissance. Si on aimerait lancer une information et dire désolé ça va gêner… mieux vaut s’abstenir. Les chrétiens fervents partisans du nombre de doigts avec lequel ils font le signe de la croix. La dernière fois que j’ai vérifié, moi, néophyte et autodidacte passionnée de ma religion catholique, on a un seul signe de la croix.

Le nombre de jeddos et tétas qui attendent de fête en fête les enfants, mais surtout les petits-enfants, pour pouvoir les serrer dans leur bras. Les enfants qui attendent de voir leurs parents. De pouvoir serrer leur mère et sentir son hair spray, si jamais elle peut se le procurer encore.

Peut-être une dernière fois, car je sais que c’est ce qu’ils pensent. Des jeunes qui heureusement n’ont jamais connu la guerre, et qui jurent avec hargne contre ce zaïm chrétien ou l’autre. Franchement…

Les chrétiens se sont automarginalisés. Pour le peu qui en reste.

On n’aime personne d’autre. On critique. On est hautain. On est les as du superficiel à qui mieux mieux d’étaler sa vie sur les réseaux sociaux… et ceux qui s’expriment, des fous ridicules !

Qui êtes-vous pour juger ? Avez-vous essayé ? Avez-vous trouvé des solutions ?

Aux zaïms des partis chrétiens, vous avez une occasion en or. Une opportunité de dialogue. D’être moins petits que vous ne l’êtes à nos yeux.

On aime sa terre là où on est. On prie pour elle. On respecte ses valeurs, ses lois, sa nature. Là où je suis dans mon Québec adoré, oui adoré… car je suis tombée en amour de la bonté de ce pays, des Québécois, leur transparence et réserve. Je suis fière d’être ici avec ma famille pour vivre des expériences formatrices et inoubliables.

Dans une formation que j’avais entreprise à mon arrivée à Montréal, on m’avait posé la question de choisir un mot qui représente mes aspirations ; c’était : réconciliation.

Si moi qui suis loin physiquement, de la politique, du social, peux trouver cette fenêtre d’opportunité, ils attendent quoi ? Une chaise ? Encore une chaise d’exécution pour nous si vous ne vous entendez pas. On ne pardonne que si les actions changent. On ne bâtit de relations que sur une base de réciprocité et de confiance. Pour cela, il faut parler… mais surtout entendre avec beaucoup de tendresse. C’est la clé de la chrétienté, du moins à mon humble avis de parachutée par amour dans le catholicisme. Cédez de grâce…

Zaïms chrétiens, dépassés par la réalité… unissez-vous !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

C’est une journée de pluie à Montréal, à Beyrouth aussi il pleut des cordes. Par contre, chez nous, le printemps a pris son temps. Après une tempête de verglas qui a paralysé la ville durant plus d’une semaine, les magnifiques branches des arbres complètement défigurés sont en train d’éclore. Des bougeons de magnolias, des iris, des jonquilles qui dévorent le gris avec...
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