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Campus - CONCOURS

Le pays du Cèdre inspire les jeunes plumes

Ils ont choisi d’exprimer, le temps d’une nouvelle, leur espoir en un avenir meilleur en donnant vie au Liban dont ils rêvent.

Le pays du Cèdre inspire les jeunes plumes

Fatima Kanaan. Photo DR

Fatima Kanaan, Rémi Wehbé, Céline Arslane, Samya Tannyr, Youssef Ghamrawi, Mike Rizk, Fatima Jaber, Assia Abbas et Nour Faour, étudiants, ainsi que Sirine Sakka, Zeinab Saad, Adam Medlej, Léa Daoud, Hala Hleiss, Selena Tabbara, Gayelle Younes, Malak Mershed et Céline Sukkarieh, lycéens, sont les 18 lauréats dévoilés le 13 avril dernier à la Bibliothèque nationale lors de la cérémonie de remise des prix pour récompenser les jeunes plumes dans le cadre du concours « Le Liban de nos rêves ». 630 participants ont pris part à ce concours de création littéraire lancé à l’initiative de la banque BEMO et orchestré par l’AUF en partenariat avec le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et avec le soutien de la Librairie Antoine et de l’association Assabil. Étudiants et lycéens scolarisés dans des établissements publics et privés ont pu soumettre leurs nouvelles écrites en français, en arabe ou en anglais dans lesquelles ils expriment leurs pensées les plus intimes. « Ce concours est né d’une volonté commune des partenaires d’organiser une initiative pour redonner espoir aux jeunes Libanais qu’un avenir plus lumineux est possible. Nous avons voulu offrir à ces élèves et étudiants l’opportunité de rêver par écrit d’un Liban plus beau et plus conforme à leurs aspirations. C’est aussi l’occasion de mettre en valeur les talents de création littéraire de demain », résume Mirande Khalaf, responsable de projet à l’AUF Moyen-Orient. Myrna Panayot de la banque BEMO, Antoine Boulad de l’association Assabil, Mirande Khalaf de l’AUF Moyen-Orient, notre consœur Maya Ghandour de L’Orient-Le Jour et Rosette Fadel d’an-Nahar ont constitué le jury trilingue ayant désigné les lauréats. « Nous avons procédé à l’examen et à la sélection de 18 lauréats parmi les nouvelles rédigées en français, en arabe et en anglais. La sélection était compétitive et très exigeante en raison du nombre très élevé de textes reçus », précise Mme Khalaf. Les auteurs des textes primés dans chacune des 3 langues et pour les catégories étudiants et lycéens ont reçu des prix en numéraire variant de 150 $ à 500 $. « Les textes des lauréats seront publiés sur les sites des organisateurs et dans la presse locale. L’Orient-Le Jour offre un stage à deux étudiants et propose de publier les nouvelles qui ont reçu le premier prix en français et en anglais. De son côté, an-Nahar publiera en ligne des extraits des textes lauréats écrits en langue arabe », ajoute Mirande Khalaf. La publication des 100 meilleurs textes étant prévue par la Librairie Antoine, dans un recueil papier et numérique, les lecteurs pourront prendre connaissance des aspirations et des rêves de la jeune génération libanaise.

Fatima Kanaan met en mots les dilemmes de la nouvelle génération

Fatima Kanaan, 21 ans, a remporté le premier prix, dans la catégorie « étudiants », pour sa nouvelle Firmament de l’oiseau d’amour rédigée en langue française. Inscrite en première année de master de recherche en langue et littérature françaises à l’Université libanaise, la jeune femme a l’habitude d’écrire, mais elle a enfin osé, à l’occasion de ce concours de nouvelles, partager l’un de ses textes avec le public. « Savoir que j’ai réussi à toucher des inconnus m’encourage à poursuivre dans cette voie », reconnaît celle qui utilise sa plume pour extérioriser ses sentiments. Et c’est justement à partir de la souffrance qu’elle ressent au plus profond d’elle-même que cette étudiante a rédigé la nouvelle qui a touché le jury. « Le thème imposé – parler du Liban de mes rêves – a rendu mon travail de rédaction plus facile et m’a permis de me libérer et de parler de ce qui pèse lourd actuellement dans ma vie », reconnaît Fatima, qui développe, dans son texte court, la problématique de l’émigration des jeunes. « Le Liban de mes rêves serait ce pays dans lequel je pourrais rester aux côtés de ma famille tout en ayant un travail stable, une éducation accessible et une bonne qualité de vie. À 21 ans, il est bien triste de voir que ce rêve est loin de devenir une réalité », regrette-t-elle. Dans son texte, l’étudiante raconte, en se confiant à son grand-père décédé, les problèmes auxquels doit faire face, au quotidien, la population libanaise. Elle livre aussi ses pensées intimes, notamment au sujet de l’anxiété que connaissent les jeunes et leur envie de construire leur vie ailleurs que dans le pays du Cèdre qu’ils chérissent malgré tout. « Je partage les dilemmes de la nouvelle génération de Libanais. Émigrer hante mes pensées et j’ai choisi de développer ce sujet dans mon texte en y mettant en mots mes propres souffrances. Je pense que c’est ce qui le rend authentique », précise Fatima. « Le Liban est mon premier amour. Il sera toujours une source d’inspiration pour mes écrits », ajoute-t-elle. Si l’étudiante compte bien reprendre la plume pour rédiger d’autres nouvelles, elle reste pour l’heure focalisée sur ses études. Son but : poursuivre plus tard un master en linguistique et technologie afin de se familiariser avec l’univers du numérique.

Céline Arslane. Photo DR

Céline Arslane écrit pour vaincre le pessimisme

Être publiée faisait partie de ses rêves d’adolescente. Céline Arslane, en 2e année de psychologie à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, a remporté le premier prix, catégorie « étudiants », pour sa nouvelle rédigée en anglais. Avant d’écrire son texte intitulé The Lebanon of my Dreams, l’étudiante a longuement réfléchi et a apporté de nombreuses modifications à son contenu. « J’ai commencé par énumérer les histoires sombres que l’on écoute tous les jours et la routine de chaque Libanais. J’ai évoqué la peur et le sursaut à chaque fois que l’on entend un bruit un peu fort, les viols et crimes contre les femmes et les autres délits qui ne sont jamais punis », explique-t-elle. Céline s’est attardée sur des scènes du quotidien des Libanais avant de parler de ses rêves personnels. « Ensuite, raconte-t-elle, j’ai enchaîné, en m’adressant aux lecteurs, avec des questionnements comme celui-ci : est-ce que l’on aurait valorisé la tolérance, le respect, l’inclusion et la paix si l’on vivait déjà dans une société utopique ? S’il n’y avait pas tout ce chaos au Liban, on n’aurait peut-être pas vu émerger des initiatives solidaires, des organisations pour aider les gens, etc. » Écrire est, pour cette étudiante, un moyen d’inciter les autres à vaincre le pessimisme. « Il est dommage, estime-t-elle, de rester dans le déni, d’être aveuglé par la tristesse, de se comparer sans cesse aux pays développés. On a tant à perdre à rester focalisé sur l’aspect externe et général d’une situation négative. C’est dans les petits détails de notre vie de Libanais que l’on arrive à retrouver de l’espoir. » Le texte de Céline, qui encourage les lecteurs à porter un regard neuf sur le monde qui les entoure, a séduit les membres du jury. Cette récompense ravit la jeune femme qui projette d’utiliser la somme d’argent qu’elle a gagnée pour imprimer son premier recueil de nouvelles. « Le Liban est un thème qui m’inspire et qui sera probablement au centre d’autres textes que je rédigerai », annonce l’étudiante. « Prendre la plume me permet de sublimer mes émotions et mes pensées, de les extérioriser d’une manière saine et d’aller de l’avant. Je ne peux plus m’en passer », souligne Céline, qui reconnaît les bienfaits de l’écriture.

Rémi Wehbé. Photo DR

Rémi Wehbé parle des difficultés de la population libanaise

Rémi Wehbé, en dernière année de licence en éducation spécialisée à l’Université des sciences et des arts du Liban (USAL), a vécu sa participation au concours comme un challenge lui ayant permis, pour la première fois, de confronter son travail d’écriture au regard extérieur du jury. Lauréate du premier prix, catégorie « étudiants », pour Loubnan houloumouna (« Le Liban, notre rêve »), sa nouvelle rédigée en arabe, l’étudiante a souhaité décrire son pays de manière réaliste. Par le biais d’un personnage en proie à des hallucinations, l’écrivaine en herbe parle de ce qu’il est difficile de mettre en mots : la souffrance, les désillusions, les difficultés à survivre en temps de crise. « Mon personnage est à l’image de la population libanaise, et en particulier les jeunes, partagés entre leurs rêves d’un pays florissant et la réalité du quotidien, fatigués de devoir faire des sacrifices au cours de ces quatre dernières années. Mettre en mots les souffrances ne doit pas être tabou. C’est ce que je recherche avant tout en prenant la plume », note Rémi. Ce que la jeune femme a apprécié en particulier, lors de la cérémonie de remise des prix le 13 avril, ce sont les échanges profonds qu’elle a pu avoir, au sujet de l’écriture, avec les autres jeunes lauréats qui partagent la même passion qu’elle. « De même, poursuit-elle, les encouragements des membres du jury nous incitent à vouloir écrire plus souvent et à oser dorénavant partager nos textes. » Celle qui rêve de poursuivre, après sa licence, des études en psychologie, compte bien, entre ses cours, ses heures de stage et ses différents projets, prendre le temps d’écrire, en parlant notamment du Liban.

Fatima Kanaan, Rémi Wehbé, Céline Arslane, Samya Tannyr, Youssef Ghamrawi, Mike Rizk, Fatima Jaber, Assia Abbas et Nour Faour, étudiants, ainsi que Sirine Sakka, Zeinab Saad, Adam Medlej, Léa Daoud, Hala Hleiss, Selena Tabbara, Gayelle Younes, Malak Mershed et Céline Sukkarieh, lycéens, sont les 18 lauréats dévoilés le 13 avril dernier à la Bibliothèque nationale lors de la...

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