Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Beyrouth Insight

Riwaq, une bulle de liberté au cœur de Mar Mikhael

« Le bonheur se trouve au coin de la rue ». Cette phrase pourrait être le moto de Riwaq, un bar à l’angle de la rue Assad Rustom et de la rue Rif, au cœur du quartier Mar Mikhael. Un lieu que les fondateurs ont pensé comme un espace de rencontre culturel et encore plus, une zone de bienveillance.

Riwaq, une bulle de liberté au cœur de Mar Mikhael

Riwaq, un bar à l’angle de la rue Assad Rustom et de la rue Rif, au cœur du quartier Mar Mikhael. Photo N.V.

Le calme apparent qui règne dans la salle du Riwaq sera de courte durée. Comme la plupart des soirs, un événement y prend place. Aujourd’hui, c’est un "open mic" organisé par l’association Sidewalk. Un micro ouvert, une scène ouverte pour 5 à 7 courtes minutes où tout le monde peut venir exprimer son art. L’installation commence, les tapis et les coussins recouvrent le sol de la salle et se préparent à accueillir des dizaines de personnes. « Le seul critère pour pouvoir organiser des événements ici, c’est qu’ils correspondent à nos valeurs. À savoir la tolérance, la bienveillance, l’acceptation de tous dans le respect » souligne Milad, l’un des co-fondateurs de Riwaq.

La liberté, valeur centrale au menu

Ce bar, qui est décrit par les habitués comme « une maison dans laquelle on peut être soi-même », est né de l’initiative de trois amis de nationalité syrienne, Milad, Ghiath et Obaida. Alors que la capitale libanaise regorge de bars et de cafés avec des concepts plus créatifs les uns que les autres, aucun d’entre eux ne les a convaincus. Il était essentiel pour eux d’avoir un espace dans lequel il est possible d’être libre, autant dans ses paroles que dans son être. Cette soif de liberté a donné naissance à Riwaq en 2016, au cœur de Mar Mikhael, quartier festif de Beyrouth. L’adresse finalisée, leur choix se porte sur un lieu de deux étages avec pignon sur rue.

Anna de Sidewalk lance l'open mic de la soirée. Photo N.V.

« Ces cafés nous permettent de modifier le visage de Beyrouth. En tant que migrants, nous avons l’impression de ne pas être intégrés, d’être géographiquement marginalisés. Ce qui peut vraiment faire la différence, c’est ce sentiment d’appartenance. Ce lieu est un moyen de se reconnecter à la ville. Nous avions la liberté de prise de décision et la liberté d’expression », dépeint Milad. La bibliothèque couvrant une partie du mur au sous-sol donne une partie des explications sur le choix du nom. Loin de vouloir en faire un lieu d’intellectuels, il explique : « Riwaq en arabe signifie couloir. À l’époque de la Grèce antique, la population discutait et échangeait dans les couloirs d’Athènes ; ça nous a inspirés. Ici, les personnes peuvent apprendre les unes des autres. »

Reflet d’une société fantasmée

Lundi, 20h, les organisateurs prennent leurs quartiers et lancent les inscriptions pour passer au micro. Le tableau sur lequel est indiqué l’ordre de passage se remplit petit à petit. Ahmad Seifeddine, humoriste, a ses préférences : « Je voudrais passer en première partie, le public est plus nombreux. Je préfère tester mes vannes devant une plus large audience ». Loin de performances uniformes, les styles se mélangent et s’entrecroisent. Du rap, du stand-up, de la magie, mais aussi des représentations plus conceptuelles qu’il est difficile de classer dans un genre particulier. C’est là que réside la beauté de l’open mic, s’y rendre sans jamais savoir à quoi s’attendre. Chaque semaine amène son lot de nouveautés. « La beauté des open mic, au-delà du fait qu’il y ait toutes sortes d’expressions artistiques, c’est qu’on retrouve autant des gens qui font du stand-up depuis 3 mois que des personnalités plus connues qui en font depuis 8 ans », confie Ahmad.

Le bar où l'on peut siroter un verre. Photo N.V.

Alors que le public patiente et que les inscriptions pour la première partie se clôturent, un jeune vendeur de rue saisie l’occasion pour jouer des tours de magie aux spectateurs. Un groupe d’hommes se prennent au jeu et observent le garçon manier les cartes pour en faire ressortir celle qu’ils avaient sélectionnée. Cet événement montre l’esprit de Riwaq, la cohabitation des personnes et une utilisation commune de l’espace. Une scène qui se veut être le reflet de la société idéalisée par les fondateurs : loin des discriminations et dans un but d'ouverture à l’autre, Riwaq veut permettre à chacun de s’exprimer, à sa façon. C’est un lieu d’accueil pour des concerts, ateliers ou autre événement avant-gardiste.

Carrefour des identités culturelles

Les identités ont champ libre pour s’exprimer et prendre part à la vie culturelle de la capitale. « Ce qui manquait à Beyrouth au moment où on a décidé d’ouvrir le bar c’est un lieu qui s’opposait à toute forme de discrimination et qui ne ressemblait pas une catégorie spécifique de personnes. Nous ne voulions pas être dans une démarche de gentrification. Mais que les voisins se sentent tout autant intégrés au projet que les personnes ne vivant pas dans le quartier, mais sont attirées par le projet. Sur ce point-là nous ne sommes pas exactement arrivés à ce que nous espérions mais nous continuons d’y travailler », confie Milad. Les codes sont propres au lieu, loin de subir les règles sociales de l’extérieur.

L'humoriste Ahmad Seifeddine avant de monter sur les planches. Photo N.V.

Les fondateurs saisissent l’opportunité d’en faire un zone ouverte dont les règles se mettent au service du dialogue et de l’ouverture à l’autre. Milad insiste : « Nous voulions un bar hétérogène. Nous sommes pour la paix et la diversité du public. Notre but n’était pas de créer un espace qui allait appartenir à un groupe de personnes, nous voulions faire de Riwaq le lieu de tous ». L’envie de déconstruire ces bulles sociales n’a pas complètement porté ces fruits. Riwaq s’inscrit dans un phénomène de gentrification malgré la volonté d’y échapper. Il est rare que des habitants du quartier se joignent aux habitués voulant refaire le monde autour d’un thé ou d’une bière. Malgré cela, l’agenda de Riwaq ne désemplit pas, à l’image d’une ville en ébullition qui malgré une crise persistante, ne veut pas abandonner la culture, sa culture.

Le calme apparent qui règne dans la salle du Riwaq sera de courte durée. Comme la plupart des soirs, un événement y prend place. Aujourd’hui, c’est un "open mic" organisé par l’association Sidewalk. Un micro ouvert, une scène ouverte pour 5 à 7 courtes minutes où tout le monde peut venir exprimer son art. L’installation commence, les tapis et les coussins recouvrent le sol de la...

commentaires (1)

Quelle belle démarche ! tout ce dont les habitants de la ville ont vraiment besoin ...

Cartier Murielle

19 h 45, le 10 avril 2023

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Quelle belle démarche ! tout ce dont les habitants de la ville ont vraiment besoin ...

    Cartier Murielle

    19 h 45, le 10 avril 2023

Retour en haut