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Lifestyle - La mode

À la Porte de l’Inde, Dior émerveille l’automne à venir

Dior encore. Maria Grazia Chiuri, en sa septième année à la tête de la création de la maison, n’en finit pas d’émouvoir. Après une collection automne-hiver 2023 présentée mi-mars au cœur d’une installation époustouflante de Joana Vasconcelos, elle joue les prolongations avec une collection automne 2023 à Mumbai, à l’entrée de la Porte de l’Inde.

À la Porte de l’Inde, Dior émerveille l’automne à venir

Hommage aux traditions textiles indiennes incarnant un dialogue créatif placé sous le signe du partage et de la transmission. Photo Dolly Haorambam

Elle aura réussi, le temps d’une semaine magique, à mettre le monde entier au diapason de l’Inde. Féministe revendiquée avec une prédilection pour le minimalisme, première femme à diriger la création de Dior depuis la fondation de la maison, Maria Grazia Chiuri entretient depuis au moins 2020 une relation privilégiée avec la fondation Chanakya de Mumbai. Créée en 1986 dans le but de perpétuer l’excellence du savoir-faire indien en matière de broderie, Chanakya s’est dotée en 2016 d’une école, la Chanakya School of Craft, dédiée à l’autonomisation des femmes.

Des pantalons droits et des jupes longues se parent de perles et de sequins, évoquant plusieurs types de broderies en fil métallique. Photo Dior

Dior est l’une des premières maisons à réaliser une collaboration avec les brodeuses de Chanakya avec, dès 2020, une ligne inspirée de l’artiste féministe américaine Judy Chicago et son installation The Dinner Party, 39 tables disposées en triangle, chacune rendant hommage à une grande figure féminine de l’histoire. La collection de Dior est alors présentée dans un décor de panneaux géants brodés de citations. Depuis ce moment, sans discontinuer, au moins une ou deux collections Dior sont réalisées chaque année, en collaboration avec les brodeuses de Mumbai, inspirées de différents artistes ou icones : Eva Jospin en 2021, Manu et Madhvi Parekh en 2022, Olesia Trofymenko en 2022, Mickalene Thomas en 2023 et, à présent, parce qu’il était temps d’aller saluer les brodeuses chez elles et partager avec elles les bravos qui leur sont dus, cette collection aussi spectaculaire qu’inattendue – puisque Dior a déjà présenté sa collection pour la prochaine saison froide – dédiée simplement à l’été indien, quand le fond de l’air se rafraîchit et qu’une douceur persiste avant l’arrivée du gros temps.

Ces créations se rehaussent d'une profusion de couleurs vives. Photo Dior

Le plus grand « toran » de l’histoire

Simplement imaginer. Sur un cap de la ville, au bord de la mer d’Arabie, un de ces couchers de soleil flamboyants de la saison sèche. La Porte de l’Inde : une arche monumentale, érigée en commémoration de la visite, en 1911, du roi George V d’Angleterre et de la reine Mary, attire vers ses quatre tourelles les oiseaux cherchant abri pour la nuit. De l’autre côté de l’arche, là où la terre s’arrête, deux immenses allées ornées de vastes tapis en mosaïques de fleurs fraîches et de pétales multicolores. Elles sont bordées de petites bougies formant des guirlandes lumineuses et dorées. Au bout de cette avenue irréelle, lever les yeux. L’arche est habillée d’un monumental portique brodé. Ce toran traditionnel, que toute l’Inde accroche à sa porte en signe de bienvenue, est sans doute le plus grand de l’histoire, résultat d’une entreprise gargantuesque et collaborative entre les maîtres artisans des ateliers de Chanakya et des apprentis de l’école. Composé de 1 008 panneaux combinés dans la pièce finie de 8 mètres de haut, il a nécessité un total de 35 000 heures de travail. Il résume à lui seul la scénographique du défilé.

À mesure que la nuit tombe sur cette féerie, une voix de femme s’élève, scande une forme de scat indien qui ressemble à une incantation, tandis qu’une rumeur de violons l’accompagne. Bientôt, c’est une musique composée et dirigée par Oliver Coates qui prend le relais. Anuradha Pal joue la tabla et les percussions avec les musiciens de l’Orchestre symphonique d’Inde. Les instruments indiens sont joués par Imran Khan, Chetan Joshi, Sangeet Mishra et Tushar Raturi. La pièce contient des extraits de Speaking In Tongues et Om Namaha Shiva de Sheila Chandra.

Au gré des silhouettes, la directrice artistique des lignes féminines de Dior célèbre la pluralité des savoir-faire d’excellence. Photo Dior

Une ode à la beauté et à la diversité des métiers d’art de l’Inde

Peu à peu, les premiers mannequins commencent à apparaître, comme venus de la mer. Le style est inédit. Il rend hommage aux traditions textiles indiennes et incarne un dialogue créatif placé sous le signe du partage et de la transmission, et qui transcende les frontières et les époques pour faire rayonner, plus que jamais, la pluralité des artisanats ancestraux. Écrivant une nouvelle page de ce fascinant récit, des tuniques, des jupes nouées ou encore des robes drapées sont confectionnées dans des tissages de soie réalisés selon des techniques anciennes perpétuées dans le sud de l’Inde, dans l’État du Tamil Nadu. Révélant des formes modernes, ces créations se rehaussent, tour à tour, de fleurs ou de carreaux dans une profusion de couleurs vives. Ode à la beauté des travaux d’aiguille qui reflètent la diversité des métiers d’art dans les différentes régions du pays, des pantalons droits et des jupes longues se parent de perles et de sequins, évoquant plusieurs types de broderies en fil métallique – telles que le zardozi – modernisées, et illustrent l’esprit d’innovation des ateliers. La broderie se mue en une envoûtante dentelle irisée sur une tenue composée d’une jupe et d’un top sans manches, témoignant d’une virtuosité unique.

Cette collection aussi spectaculaire qu’inattendue est dédiée simplement à l’été indien. Photo Dior

Pleine couleur et inspiration sari

« Trouver une nouvelle manière créative de parler des sentiments et des émotions qui peuvent nous relier à un pays et à sa culture » : tel est le principe qui conduit Maria Grazia Chiuri dans chaque pays, du Maroc au Japon ou, comme la semaine dernière, à l’Inde, pour présenter des collections en lien avec des traditions de savoir-faire aussi diverses qu’éblouissantes.

Une séquence color block est dédiée aux soies – vertes, jaunes, roses, violettes – en hommage à Marc Bohan. Photo Dior

La collection Dior automne 2023 vient expliciter la collaboration et l’amitié que tisse Maria Grazia Chiuri depuis de nombreuses années avec l’Inde et Karishma Swali, la directrice artistique des ateliers Chanakya et de la Chanakya School of Craft à Mumbai. Au gré des silhouettes, la directrice artistique des lignes féminines de Dior célèbre la pluralité des savoir-faire d’excellence, faisant ainsi rayonner l’esprit visionnaire de Christian Dior et de ses successeurs. Une séquence color block est dédiée aux soies – vertes, jaunes, roses, violettes – en hommage à Marc Bohan. Cette série est accompagnée de manteaux du soir sophistiqués, de jupes droites inspirées du sari et de coupes traditionnelles indiennes : une véritable généalogie vestimentaire définie par les multiples héritages de la mode. Une fascinante odyssée transcendant les frontières et les époques.

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Ravissant!

Nada Assi

08 h 28, le 05 avril 2023

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Commentaires (1)

  • Ravissant!

    Nada Assi

    08 h 28, le 05 avril 2023

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