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Société - Crise au Liban

Manifestation tendue à Beyrouth, tirs nourris de gaz lacrymogène

La mobilisation rassemble plusieurs centaines de personnes, des militaires à la retraite, des déposants et des députés de l'opposition, en parallèle d'une réunion des commissions parlementaires.

Manifestation tendue à Beyrouth, tirs nourris de gaz lacrymogène

Face à face entre manifestants et militaires libanais à Beyrouth, le 22 mars 2023 sur la place Riad el-Solh. Photo Mohammad Yassine

Une manifestation qui a débuté mercredi en fin de matinée dans le centre-ville de Beyrouth a dégénéré place Riad el-Solh, les forces de sécurité ayant tiré des gaz lacrymogènes sur la foule pour la disperser.

Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l'appel de collectifs d'anciens militaires, de déposants ou encore de certains députés contestataires et participé à cette mobilisation qui s'est déroulée en parallèle d'une réunion des commissions conjointes du Parlement dans la matinée.

Un manifestant tient une grenade de gaz lacrymogène lors de la manifestation place Riad el-Solh à Beyrouth. Photo Mohammad Yassine

Plusieurs télévisions locales ont montré des images de manifestants dispersés par des tirs de gaz lacrymogène, certains criant et fuyant la place Riad el-Solh. La mobilisation avait démarré place des Martyrs vers 11h et s'est ensuite dirigée vers le Grand Sérail de Beyrouth.

Certains protestataires, notamment parmi les militaires à la retraite, ont tenté de franchir les barbelés installés au pied du siège du gouvernement, avant d'en être empêchés par la police. Un manifestant a été blessé ainsi qu'un membre des forces de sécurité, selon l'AFP.

Une foule de manifestants réunie devant la statue des Martyrs à Beyrouth, le 22 mars 2023. Photo Mohammad Yassine

Un mouvement d'anciens militaires a appelé à cette mobilisation, tout comme l'Association des déposants au Liban qui a posté un appel sur Twitter mardi. La députée contestataire Paula Yaacoubian a également publié une vidéo mardi, dans laquelle elle exhorte "tout Libanais épuisé, meurtri et affamé" à participer à la mobilisation. "Descends et révolte-toi pour ton pays, pour tes droits !", lance-t-elle dans une vidéo liée au tweet.

"On est empêché de se soigner"

Un groupe de militaires à la retraite présents parmi les manifestants a été reçu par le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, au Grand sérail, afin de lui exposer leurs doléances.

"On vient demander ce qui nous revient de droit, ce qui est prévu par la loi", témoigne Youssef Abidi, un retraité de l'armée, à notre journaliste sur place Mohammad Yassine. "On est empêché de se soigner, d'avoir de l'essence et d'autres droits. Les aides qui viennent de l'extérieur pour l'armée partent autre part", a-t-il dénoncé, avant de réagir aux tensions survenues entre les manifestants et les forces de sécurité : "Il y a des heurts car l'armée reçoit des ordres des politiques", a-t-il estimé.

Séance "calme" des commissions

La commission des Finances et du Budget, de l'Administration et de la Justice, de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, des Affaires étrangères ou encore des Travaux publics se sont réunies ce mercredi. "La séance était calme aujourd’hui, contrairement aux précédentes", a affirmé le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, lors d’un point de presse après la réunion des commissions.

"La plupart des députés ont reconnu que cette séance a porté ses fruits, même si une solution n’a pas été obtenue à ce stade", a-t-il ajouté. "Jusqu’à présent, il n’est pas clair qui est responsable de la fluctuation du taux de change. Le gouvernement ne peut toujours pas nous répondre sur ce point. Nous vivons dans le chaos sur ce plan. Il s’est même avéré que certains au Liban peuvent encore transférer de l’argent vers l’étranger (sans restriction, NDLR). Il s’agit des politiques, mais aussi des juges et des officiers. Ces données sont désormais confirmées", a affirmé M. Bou Saab, sans donner de noms.

"Ce que les banques font ne restera pas impuni", a encore prévenu le numéro deux du Parlement, après avoir critiqué le secteur et demandé pourquoi les banques se mettaient en grève régulièrement. 

Une foule de manifestants réunis place Riad el-Solh à Beyrouth, le 22 mars 2023. Photo Mohammad Yassine

Le 28 février dernier, une réunion des commissions avait tourné au vinaigre et une polémique avait éclaté entre des députés du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et d'autres élus. Les députés CPL reprochaient qu'un projet de loi ait été transféré aux commissions du Parlement sans qu'il ne porte la signature de la totalité des ministres du gouvernement sortant, dont certains sont affiliés au CPL. Le parti aouniste n'épargne pas ses critiques envers le Premier ministre sortant, l'accusant de s'arroger les prérogatives du chef de l'Etat en son absence et exige que tous les décrets soient signés par l’ensemble des 23 ministres du cabinet.

Le Liban est toujours empêtré dans une profonde crise économique doublée d'une crise politique, avec une double vacance du pouvoir exécutif : le pays est sans président depuis l'expiration du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022, et le gouvernement sortant de Nagib Mikati expédie les affaires courantes depuis mai 2022 après les élections législatives.

Une manifestation qui a débuté mercredi en fin de matinée dans le centre-ville de Beyrouth a dégénéré place Riad el-Solh, les forces de sécurité ayant tiré des gaz lacrymogènes sur la foule pour la disperser.Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l'appel de collectifs d'anciens militaires, de déposants ou encore de certains députés contestataires et participé à cette...

commentaires (10)

Vous connaissez le cout d'une seule bombe lacrymogène ?, rechercher voir sur google et vous serez affolé de savoir ce que les tyrans aux pouvoirs sont prêt a payer (avec votre argent) pour vous mater

Aboumatta

21 h 38, le 22 mars 2023

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Commentaires (10)

  • Vous connaissez le cout d'une seule bombe lacrymogène ?, rechercher voir sur google et vous serez affolé de savoir ce que les tyrans aux pouvoirs sont prêt a payer (avec votre argent) pour vous mater

    Aboumatta

    21 h 38, le 22 mars 2023

  • L'armée demeure le plus sûr tremplin vers le renversement de notre système politique pourri, tout en garantissant ordre et sécurité à tous. Nul doute qu'elle observe de près et connaît mieux que nul autre l'état d'exaspération de la population. Elle saura se retourner le moment venu contre le pouvoir. Sa légitimité viendra de le rue, et ce moment approche à grands pas.

    Ca va mieux en le disant

    20 h 57, le 22 mars 2023

  • C’est comme ça qu’on récompense les anciens militaires dans notre pays à coup de bombes lacrymogènes et de balles en caoutchouc tirées de préférence dans les yeux. Ils s’appellent les forces de l’ordre dans pays en désordre depuis que leurs commanditaires de voleurs sont au pouvoir.

    Sissi zayyat

    14 h 28, le 22 mars 2023

  • "Le parti aouniste n'épargne pas ses critiques envers le Premier ministre sortant, l'accusant de s'arroger les prérogatives du chef de l'Etat en son absence et exige que tous les décrets soient signés par l’ensemble des 23 ministres du cabinet." Le parti aouniste aurait dû faciliter la formation d'un gouvernement avant le départ de son chef suprême de Baabda, au lieu de mettre des bâtons dans les roues....Quitte à former un gouvernement comprenant les mêmes personnes: cela aurait valu beaucoup mieux que ce que le "gouvernement sortant" que nous avons maintenant!

    Georges MELKI

    14 h 10, le 22 mars 2023

  • Du jamais vu! D'habitude, les manifestants sont en majeure partie des jeunes. Mais quand on regarde les photos des manifs de ce matin, on ne voit que des tetes grisonnantes. Du jamais vu en effet, mais en meme temps tres triste...

    Nacouzi Jihane

    13 h 25, le 22 mars 2023

  • A quoi servent ces mascarades de manifsteations de mauvaise humeur , autre chose qu'à un défouloir général ? Les institutions sérieuses ont disparu , et il sera très difficile à quiconque de les redresser . A moins d'une vraie révolution à la manière du marxisme -léninisme qui renverse toutes les données cette fois , afin de repartir à zéro : Raser tout ce qui existe ! Mais pour cela deux choses manquent : Un Lénine et l'esprit de solidarité du libanais moyen .

    Chucri Abboud

    13 h 12, le 22 mars 2023

  • Je pense que les libanais devrait retrousser les manches, tenir leurs têtes entres les 2 mains, et réfléchir un peu au lieu de se lamenter et de dépenser leur Energie à manifester dans les rues pur rien. L'Etat libanais s'est débarrassé de toute sa dette en faisant défaut. S'il arrive à équilibrer son budget et sa balance commerciale, ce qui est parfaitement faisable, il mériterait la note de AAA par les agences de notation. Ce laisser-aller, en espérant que l'Iran et l'Arabie et la France n'ont rien d'autre à faire que de veiller sur notre lit de mort, n'est pas digne de ce peuple qui s'est formé au fil de siècles de gens travailleurs, courageux et fier d'être libanais. Il n'y a que Nehmat Frem qui pourra nous sortir de l'impasse.

    Céleste

    12 h 54, le 22 mars 2023

  • Tant que cette racaille de politiciens et de hauts fonctionnaires est en place, point de salut. Prenons exemple sur le Sri Lanka où le FMI a conditionné son aide par la mise à l’écart de la classe politique corrompue.

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 21, le 22 mars 2023

  • Mais la ferme le CPL. Ils ont offert notre laye sur un plateau d’argent à ses fossoyeurs et ils viennent la ramener et critiquer les conséquences de leurs actes de saccages et de la destruction de notre pays par leurs soins. Non mais quel culot

    Sissi zayyat

    11 h 50, le 22 mars 2023

  • Ils doivent manifester à Ain El Tine…!

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 46, le 22 mars 2023

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