Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt a jugé, dans une interview publiée mardi par le quotidien proche du Hezbollah al-Akhbar, que le principe de "troc" entre le poste de président de la République et celui de Premier ministre "est une hérésie". Cette idée, qui serait défendue par la France pour sortir de l'impasse politique au Liban, est rejetée catégoriquement par l'Arabie saoudite, montrant ainsi un différend entre Riyad et Paris sur le dossier présidentiel. La position française a également été critiquée dans les milieux de l'opposition politique au camp du Hezbollah.
Dans cette interview, le leader druze a renouvelé ses critiques à l'encontre des candidatures du chef des Marada Sleiman Frangié et du député de Zghorta Michel Moawad, personnalités soutenues respectivement par le tandem chiite Amal-Hezbollah et par l'opposition souverainiste. Il a également évoqué le nom du commandant en chef de l'armée Joseph Aoun, considéré comme candidat officieux à la magistrature suprême, indiquant "ne pas savoir" si son nom est toujours sur la table pour la France, l'Arabie saoudite et le Qatar.
"Gros dysfonctionnement"
Selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih, la France et l'Arabie saoudite ont conclu leur réunion le 17 mars sur un désaccord autour de la présidentielle au Liban, qui piétine depuis des mois. Les pourparlers se seraient heurtés à l’attachement de Paris au principe de troc entre le poste de président de la République et celui de Premier ministre, une formule que Riyad rejette catégoriquement. Ce troc consisterait en un président de la République proche du Hezbollah, et qui pourrait donc être Sleiman Frangié, et un Premier ministre proche des milieux de l'opposition.
"Il faut une équipe harmonieuse. Le troc entre un président d'un camp et un Premier ministre d'un autre camp est une hérésie", a jugé Walid Joumblatt. "Si un tel troc est mis en place, il inclura tout : le poste du gouverneur de la Banque du Liban sera pris par son vice-gouverneur chiite, tout comme un chrétien s'est retrouvé à la Sûreté Générale", a poursuivi le chef du PSP, faisant par là allusion à la reprise du poste de Abbas Ibrahim par Elias Baïssari, chef par intérim de la SG depuis mars. "Cela crée un gros dysfonctionnement et compromet l'accord de Taëf, sauf si l'on crée une formule juste dans la rotation des professions de première catégorie. Si c'est cela, je n'ai aucun problème", a poursuivi M. Joumblatt. Interrogé sur un éventuel différend franco-saoudien sur l'approche du dossier présidentiel, M. Joumblatt s'est contenté de lancer : "C'est ce que j'ai lu dans la presse".
Tirer les leçons de l'accord Arabie-Iran
Walid Joumblatt a également été questionné sur le réchauffement récent des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qu'il a qualifié de "coup de maître" saoudien. Faisant le lien avec la situation libanaise bloquée, il a lancé : "Les grands dirigeants libanais doivent comprendre ces changements et aller vers un arrangement acceptable au minimum, et ne pas tabler sur l'entêtement et la vacance (présidentielle)", qui dure depuis le départ de Michel Aoun le 31 octobre dernier. "Cette vacance ne mène qu'à la division", a conclu le leader druze.
"Je pense que Sleiman Frangié est un candidat de défi, tout comme l'est Michel Moawad. Il est temps d'aller vers un compromis", a-t-il insisté, tout comme il l'avait indiqué à L'Orient-Le Jour récemment. "Nous avons soutenu M. Moawad pendant onze séances électorales. Nous n’avons pas manqué à notre devoir à son égard. Mais il faut passer au compromis", avait-il déclaré.
"Poignarder le Hezbollah"
S'exprimant également sur la possible candidature du commandant en chef de l'armée Joseph Aoun à la présidence, Walid Joumblatt a déclaré qu'il "était une option pour la France, l'Arabie saoudite et le Qatar depuis des mois. Mais je ne sais pas s'il y a du nouveau après les derniers développements", a-t-il poursuivi.
Affirmant préférer dans l'absolu un candidat issu des milieux économiques comme Jihad Azour, ex-ministre et responsable du Moyen-Orient au sein du Fonds monétaire international, Walid Joumblatt a également répondu à la question de savoir si les préoccupations du Hezbollah devaient être prises en compte pour l'élection présidentielle : "Personne ne peut poignarder la Résistance", a-t-il estimé.
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a plusieurs fois appelé à l'élection d'un président "qui ne poignarde pas la Résistance dans le dos", terme utilisé par le parti chiite pour s'auto-désigner.
ON DONNE LA AROLE ENCORE À CE MONSIEUR POUR NOUS DONNER DES LEÇONS EN GOUVERNANCE ! LE MANQUE DE RESPECT ENVERS LES PATRIOTES ET LEUR CANDIDAT MICHEL MOUAWAD EST FLAGRANT. C’EST UNE O….. CE CAMÉLÉON.
09 h 09, le 22 mars 2023