Le Premier ministre sortant Nagib Mikati lors d'une réunion vendredi au Grand Sérail pour lancer un plan de lutte contre le trafic de drogue. Photo publiée par la présidence du Conseil
Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati a annoncé, vendredi, le lancement d'un projet de lutte contre le trafic de drogue et la contrebande via les ports libanais, lors d'une table ronde au Grand Sérail, selon un communiqué de son bureau de presse. M. Mikati a espéré que ce programme permettra de relancer les exportations de fruits et de légumes libanais vers les pays du Golfe.
"Les relations du Liban avec de nombreux pays, en particulier les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ont été ébranlées ces dernières années en raison d'abus très graves qui ont été payés très cher, et nous ne permettrons pas que cela se reproduise", a déclaré M. Mikati.
En avril 2021, l'Arabie saoudite avait suspendu l'importation de fruits et légumes en provenance du Liban, après avoir découvert plus de cinq millions de comprimés de captagon dissimulés dans des fruits expédiés du Liban. Son action avait été suivie par d'autres pays du Golfe qui avaient également suspendu leurs importations. Depuis, les autorités libanaises ont intensifié leurs efforts de lutte contre le trafic de drogue et multiplié les arrestations.
Principalement produit en Syrie, le captagon a fait de ce pays le plus récent narco-État du monde. Le commerce de cette drogue s'est profondément enraciné au Liban voisin, dont l'économie s'est effondrée. La consommation de captagon s'est répandue dans tout le Moyen-Orient, l'Arabie saoudite étant le plus grand marché.
M. Mikati a estimé vendredi que le nouveau plan de lutte contre le trafic de stupéfiants permettra au pays "de rétablir le mouvement complet de ses exportations, en particulier les fruits et légumes, vers les marchés arabes, notamment les pays du Golfe".
Lutte contre la corruption
Le Premier ministre sortant a, par ailleurs, expliqué que la lutte contre ce trafic sera mise en œuvre par le biais d'un "programme de contrôle des conteneurs", qui examinera les conteneurs exportés et importés et s'assurera qu'ils "sont sûrs et ne contiennent pas de produits de contrebande".
"Grâce au principe de coopération inter-institutionnelle dont il est question dans le programme, le Liban envoie un message clair selon lequel il accorde la priorité à la lutte contre la corruption", a encore déclaré M. Mikati,
"Notre engagement à améliorer la sécurité des frontières et à contribuer à la stabilité de la région enverra un signal fort à la communauté internationale qui nous aidera à développer le progrès économique par le biais de négociations avec le Fonds monétaire international et les partenaires internationaux", a-t-il encore dit.
Une lutte "difficile"
Présente à la réunion vendredi, la représentante régionale des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime (UNODC), Christina Albertin, a salué les efforts du gouvernement libanais. Elle a évoqué, en outre, la "difficulté" d'intercepter la contrebande de drogue dans le monde "en raison du volume du trafic de conteneurs maritimes, avec environ 750 millions de conteneurs expédiés chaque année dans la chaîne d'approvisionnement commerciale, accompagnés d'itinéraires complexes".
Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait réitéré en début de mois l'engagement du Liban dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Il avait adressé ses commentaires aux pays du Golfe, en particulier à l'Arabie saoudite, lors d'une réunion avec son homologue saoudien.
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