Il y a des moments comme ça, des espèces de périodes « entre deux », pendant lesquelles le grouillot libanais de base, affublé d’un mental de base, peine à se trouver de quoi lui titiller le neurone orphelin. Alors, il se rabat sur les quelques ersatz en stock, question de secouer un peu la léthargie de son quotidien misérable. Parmi ces succédanés disponibles, les interventions télévisées en vrac des vice-rois exotiques du landerneau qui déboulent dans les chaumières et viennent alimenter le chaudron local, déjà au bord de l’éclatement.
Un discours chasse l’autre, et le suivant fait oublier le précédent. Avec les comiques troupiers qui monopolisent les crachoirs pour commenter cette présidentielle aux idées courtes, ce n’est pas la société du spectacle, c’est le spectacle des cas sociaux. La coupe est pleine, fermez le ban… et le Liban par la même occasion !
Premier rigolo, le patron enturbanné du Parti à barbe. S’il y en a un qui a le goût du spectacle, c’est bien celui-là. On le voit tellement à la télé ces derniers temps que les techniciens ont pris l’habitude de cadrer son image pour régler leurs caméras. Dans une de ses dernières prestations politiques, il a affiché son soutien au Franju du Nord pour la présidentielle. Déjà stigmatisé pour son étiquette de Bacharo-compatible, ce dernier n’en demandait pas tant, le pauvre. Certes, le Conducator barbu reste ouvert à un candidat de compromis, ce qui ne l’empêche pas de rappeler en termes très peu scandinaves à ses adversaires qu’il est juché sur un tas de ferraille qu’il n’est pas près de lâcher.
L’autre grognard est à califourchon sur le Parti agrume. Faute de sujets sérieux, il s’acharne régulièrement à vendre à ses partisans un laïus digne d’un « Liban pour les nuls ». Au mieux de sa forme, le Basileus ressort les mêmes vieilleries vengeresses qui le travaillent depuis plus de 20 ans : lui et le Tondu, lui et les Hariri, lui et Istiz Nabeuh. Aujourd’hui, il a bloqué le gouvernail en direction du Hezbollah. Qu’est-ce qu’il va s’emmerder celui-là, le jour où il n’aura plus d’ennemi…
Le tableau ne serait pas complet sans le Déplumé de Meerab, qui manœuvre pour barrer la voie à la Frangipane de Zghorta. Avec quand même le risque de se faire avoir une fois de plus par le tandem imberbo-barbu qui, à défaut d’un Basileus alourdi par les sanctions et les casseroles judiciaires, peut soudain changer de monture et opter pour un de ses poulains. Ne restera plus alors qu’à convaincre les orphelins du Mollasson du Futur et le Derviche tourneur de Moukhtara. Il est connu que les mouches peuvent changer d’âne à tout instant… et le Tondu l’aura alors dans le baba.
Pour l’heure, et en attendant de savoir si oui ou non un amendement de la Constitution sera voté au chausse-pied à la dernière minute pour embarquer le Aoun 2.0, la République reste aux abonnés absents.
Candidat à la présidentielle, c’est un métier usant. On commence droit dans ses bottes, on finit maladroit dans ses babouches.
gabynasr@lorientlejour.com
Il y a des moments comme ça, des espèces de périodes « entre deux », pendant lesquelles le grouillot libanais de base, affublé d’un mental de base, peine à se trouver de quoi lui titiller le neurone orphelin. Alors, il se rabat sur les quelques ersatz en stock, question de secouer un peu la léthargie de son quotidien misérable. Parmi ces succédanés disponibles, les...
commentaires (5)
J'adore ! Excellent ???
Brunet Odile
21 h 41, le 10 mars 2023