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Nos Lecteurs ont la Parole

Le choix

La liberté est une valeur absolue et centrale pour les êtres, humains ou autres. Être privé de liberté, c’est mourir lentement, ou rapidement, selon les circonstances.

Par contraste, le choix est un acte mental qui se concrétise dans le parcours de notre vie. On prend des centaines de décisions tous les jours, sans même s’en rendre compte bien souvent.

Il est vrai que quand on jouit de la liberté, le choix semble chose acquise. Mais faisons pour un temps la part des choses.

Il existe un genre de choix, évidemment, sur lesquels on n’a pas le luxe de choisir. On ne choisit pas si on veut vraiment naître ou pas, exister ou simplement pas. Ni dans le temps ni dans l’espace. On ne choisit pas d’être conçu mâle ou femelle. Bien sûr on peut changer d’avis plus tard, mais les hormones sont déjà là. On ne choisit pas d’être homosexuel. La biologie essaye de le prouver, et il semblerait qu’elle réussira.

On ne choisit pas nos parents, notre ville natale, la religion qu’on est presque toujours forcé d’accepter, la langue d’origine ou l’école primaire. On ne choisit pas d’être belle (ou beau), riche ou pauvre, grand ou petit, intelligent, malin, sociable, paisible ou agressif, actif ou passif. Les cellules et les circonstances sont déjà là. La liste d’être prisonnier dans notre bulle est longue. Et pas toujours splendide et brillante d’honneur. La joie et l’amertume sont des cousines germaines. Du moins, c’est ce qu’il me semble.

Là où ça devient un peu plus intéressant, c’est lorsque enfin nous nous libérons et devenons capable de choisir. La nature même nous impose cette corvée. Oui, ça commence mal. L’obligation de choisir est donc paradoxale. D’où l’angoisse de faire « le mauvais choix ».

Le devoir est déjà là, et les conséquences aussi. Quand on y pense un peu, à titre d’exemple, il nous paraît évident qu’on choisisse de vivre en célibat, ou d’épouser l’être idéal. Sur ce point précis, il peut paraître que dans le monde animal, la liberté de choisir est plus grande.

On croit avoir choisi le bon job, l’habitat, la propriété, le faste ou la vie simple et non matérialiste. Bouddha était bien parmi nous, tout comme Jules César. Visiblement, à tout moment, il semblerait que les options soient à portée de main. Cernés, on y pense, on réfléchit « bien », et allez, on décide. On croit souvent avoir pris la « bonne décision », la moins risquée, ou son contraire. Tout dépend de notre caractère, nous dit-on. C’est peut-être vrai, mais a-t-on choisi d’avoir un « sale » caractère, ou son contraire ? Avons-nous choisi de naître avec le goût de l’aventure, ou son contraire ? Avons-nous vraiment choisi d’être un leader, ou un être qui met sa sécurité avant toute chose ? Avons-nous choisi d’être patient ou, au contraire, d’être toujours pressé ?

Avons-nous choisi d’adorer la mer ou alors d’en avoir peur ? Est-ce des options sur lesquelles on a « choisi » tel ou tel ? Pensez-vous vraiment qu’on choisit la discipline de ses études ? Ma propre réponse est non. Nous croyons souvent que les options sont là, mais en réalité, « le choix » est fait d’avance. C’est juste que notre nature nous oblige à faire l’effort, difficile et pénible, de surmonter cette illusion d’avoir enfin choisi. Que de nuits blanches ou pâles on subit pour rien. On répète constamment le dicton : « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. » Bob Azzam, le fameux chanteur égyptien des années 60, un vieux de la vieille, avait raison lorsqu’il chantait : « C’est écrit dans le ciel... » On oublie que notre ADN était déjà là. Mais pas le choix.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, «L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

La liberté est une valeur absolue et centrale pour les êtres, humains ou autres. Être privé de liberté, c’est mourir lentement, ou rapidement, selon les circonstances. Par contraste, le choix est un acte mental qui se concrétise dans le parcours de notre vie. On prend des centaines de décisions tous les jours, sans même s’en rendre compte bien souvent. Il est vrai que quand on jouit...

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