Les ambassadeurs au Liban de cinq pays ayant récemment tenu à Paris une réunion sur le Liban ont mis en garde lundi contre la possibilité d'une "remise en cause globale des relations" avec le pays du Cèdre, si la vacance présidentielle que connaît Beyrouth depuis fin octobre se poursuit, a indiqué le bureau du chef du gouvernement lundi.
Cette mise en garde a été évoquée au cours d'une réunion au Grand Sérail entre les ambassadrices des États-Unis Dorothy Shea et de France Anne Grillo, les ambassadeurs d'Égypte Yasser Alaoui et du Qatar Ibrahim Abdul Aziz al-Sahlawi et un conseiller de l'ambassade d'Arabie saoudite Farès al-Amoudi, avec le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati. M. Amoudi représentait l'ambassadeur saoudien, Walid al-Boukhari actuellement hors du Liban.
Au cours de la réunion, les diplomates américain, français, saoudien, qatari et égyptien ont averti que "le fait de ne pas élire un président de la République conduira à une remise en cause globale des relations avec le Liban", selon un communiqué publié par le bureau de presse du Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati. "Cela voudrait en effet dire que les députés n'exercent pas leur devoir et que les pays étrangers ne peuvent pas veiller sur le Liban plus que les responsables libanais eux-mêmes". Les diplomates ont précisé au Premier ministre sortant que "le véritable soutien au Liban commencera après l'élection d'un président et avec la poursuite de l'application des réformes" exigées par la communauté internationale, selon le communiqué.
Les députés, profondément divisés, ne parviennent pas à élire un successeur à Michel Aoun, dont le mandat a expiré le 31 octobre et M. Mikati dirige un cabinet démissionnaire aux pouvoirs limités. Le Parlement, où ni le camp du puissant Hezbollah pro-iranien ni celui de ses adversaires ne dispose d'une claire majorité, a déjà tenu onze sessions sans résultat depuis fin septembre. A l'issue de la dernière réunion, le 19 janvier, deux députés issus du mouvement de contestation d'octobre 2019 ont décidé d'y observer un sit-in jusqu'à l'élection d'un président de la République. Aucune date n'a été fixée pour une nouvelle séance du Parlement et le marasme économique s'accentue. Lundi, le dollar s'échangeait à 69.000 livres libanaises, contre 50.000 LL il y a moins d'un mois. Avant la crise de l'automne 2019, un dollar valait 1.507 LL.
La réunion de Paris
Les cinq diplomates ont par ailleurs souligné que le fait qu'aucun communiqué n'ait été publié à l'issue de la réunion de Paris indique que cette réunion "reste ouverte et se poursuit afin de soutenir le Liban et encourager l'élection d'un nouveau président".
Avant leur réunion au Sérail, les cinq diplomates avaient été reçus par le président du Parlement Nabih Berry.
Durant la réunion de Paris, les discussions ont porté sur tous les dossiers libanais chauds. Elles ne se sont donc pas limitées à l’élection du futur chef de l’État, mais ont aussi abordé son programme ainsi que le profil de celui qui va présider le nouveau gouvernement, la ligne politique de celui-ci ainsi que sa feuille de route économique et financière. Un diplomate arabe au courant de la teneur des discussions avait indiqué à L'Orient-Le Jour, que "les participants sont convenus que la crise libanaise ne sera pas résolue par la simple élection du futur président". La première réunion a été jugée positive par plusieurs sources diplomatiques concernées, d’autant que les cinq pays se sont entendus sur les grandes lignes, notamment le respect de la Constitution, de l’accord de Taëf et des résolutions internationales.
La réunion de Paris représente une feuille de route pour que le Liban sorte de l’impasse et puisse bénéficier de l’aide internationale. La balle est donc dans le camp des Libanais, sachant que la France s’activera pour informer les responsables du bilan des discussions. "Si des résultats positifs sont enregistrés, ces pays pourront se réunir de nouveau ou réunir les protagonistes libanais autour d’une table, à Beyrouth ou dans une autre capitale, pour finaliser l’entente", a indiqué à L'Orient-Le Jour une source diplomatique occidentale.
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11 h 50, le 14 février 2023