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Politique - Liban

A Beyrouth, Saad Hariri commémore l'assassinat de son père "en silence"

L'ex-Premier ministre s'entretiendra à la Maison du Centre avec des politiques, des dignitaires religieux et des cadres du Courant du Futur, mais aucune commémoration de grande ampleur ne sera organisée mardi. 

A Beyrouth, Saad Hariri commémore l'assassinat de son père

L'ex-Premier ministre Saad Hariri se recueillant devant la tombe de son père assassiné, Rafic Hariri, au centre-ville de Beyrouth, le 14 février 2022. Photo Twitter/@saadhariri

Une visite éclair de trois jours en mode silence radio : le retour de l'ex-Premier ministre et chef du Courant du Futur Saad Hariri pour commémorer le 18e anniversaire de l'assassinat de son père, l'ancien chef de gouvernement Rafic Hariri, s'effectue, cette année aussi, loin du tumulte politique.

Installé aux Émirats arabes unis depuis son retrait de l'arène politique en janvier 2022, le leader sunnite est rentré dimanche soir à Beyrouth, et s'est dépêché de se recueillir, en silence, devant la tombe de son père au centre-ville de Beyrouth, où les forces de sécurité étaient fortement déployées. Un silence qualifié de "révélateur", selon une source proche de la Maison du centre interrogée par L'Orient-Le Jour, qui confirme malgré tout que le déplacement de Saad Hariri au Liban ne revêt pas de dimension politique. 


"La visite de Saad Hariri ne dépassera pas les trois jours. L'ex-Premier ministre, qui se trouve actuellement à la Maison du Centre (à Beyrouth, ndlr), y tiendra des réunions avec des responsables politiques, des dignitaires religieux et des cadres de son parti", explique-t-elle. Selon cette source, l'ex chef de gouvernement "se recueillera mardi à 12h55 devant la tombe de son père au centre-ville de Beyrouth, date de l'assassinat en 2005". "La Maison du Centre sera par la suite ouverte à tous ceux qui souhaitent le rencontrer", poursuit-elle, assurant que "Saad Hariri ne tiendra pas de discours et ne prendra pas de positions politiques". "La scène est silencieuse, mais ce silence est révélateur", conclut la source.

Recueillement 
Jusqu'en 2020, les commémorations annuelles en mémoire de Rafic Hariri, assassiné dans un attentat à la voiture piégée le 14 février 2005, étaient l'occasion pour Saad Hariri de réunir ses partisans et son parti pour un grand événement au cours duquel il prononçait des discours politiques. Aucune commémoration de cette ampleur n'aura donc lieu mardi.  Cela n'a toutefois pas empêché des partisans de cette famille de commencer à se mobiliser, dès lundi, pour rendre hommage à Rafic Hariri. Le Premier ministre sortant Nagib Mikati, l'ancien président du Conseil, Fouad Siniora, et des anciens députés du Courant du Futur se sont ainsi recueillis devant le mausolée du Premier ministre assassiné dans le centre-ville de Beyrouth. Des députés du groupe parlementaire de la Modération nationale, anciens membres ou proches du Courant du Futur qui ont pris leurs distances du parti pour se présenter aux législatives de mai dernier contrairement aux directives qui avaient été données par Saad Hariri, s'y sont également recueillis.  

A Saïda (Liban-Sud), des pancartes avec les portraits de Rafic Hariri ont été affichées dans plusieurs quartiers de la ville, rapporte notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah.

Des députés de la Modération nationale se recueillant devant la tombe de Rafic Hariri dans le centre-ville de Beyrouth, le 13 février 2023. Photo fournie par notre correspondant Michel Hallak

"Façade du monde arabe"
Plusieurs dignitaires et politiques se sont également exprimés à l'occasion de la commémoration du 14 février. L'ex-Premier ministre Tammam Salam a ainsi salué "les accomplissements nationaux" de Rafic Hariri et le fait qu'il ait "établi des relations arabes, régionales et internationales solides dans l'intérêt du Liban et des Libanais". Le mufti de la République Abdellatif Deriane a, de son côté, estimé que Rafic Hariri "demeure vivant grâce à ce qu'il a accompli pour rétablir les fondements et les règles de l'unité nationale". "Il a construit des ponts de coopération avec les pays arabes frères et les pays amis. Il était la façade du Liban dans le monde arabe, et la façade du monde arabe dans le monde, tant en Orient qu'en Occident", a-t-il souligné. 

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La commémoration du 14 février, jour férié au Liban, a lieu alors que Saad Hariri  semble toujours boudé par l'Arabie saoudite, puissance sunnite de la région, qui ne lui a toujours pas accordé de feu vert favorisant son come-back politique. 

Propulsé de la scène politique, notamment à la suite de son échec à former un gouvernement en juillet 2021, M. Hariri a quitté le Liban pour s’installer dans les Émirats, où il s’est reconverti dans le monde des affaires. Sa formation, le Courant du Futur, est devenue un mort-vivant politique, dépourvue de leadership et déchirée par les rivalités entre les membres du son cercle intime. Son frère aîné, Baha', qui avait fondé un autre parti politique, a pour sa part subi une défaite lors des législatives de mai 2022, auxquelles le Courant du Futur n'a pas participé.

En 2022, après l'annonce de Saad Hariri de se retirer de la scène politique, des partisans s'étaient rassemblés à Beyrouth pour rendre hommage à la mémoire de Rafic Hariri, ainsi que plusieurs responsables et politiques, notamment M. Mikati, le leader druze Walid Joumblatt et son fils, le député Taymour Joumblatt, ainsi que l'ex-Premier ministre Fouad Siniora.

Rafic Hariri a été tué avec 21 autres personnes dans une explosion à Beyrouth en 2005. Des explosifs équivalant à environ 1.000 kilos de TNT ont explosé alors que son cortège roulait près de l'hôtel St. Georges. Parmi les morts se trouvaient plusieurs gardes de ses gardes du corps et l'ancien ministre de l'Économie Bassel Fleihan. Rafic Hariri avait fait partie de l'opposition anti-syrienne au Liban. Son assassinat a déclenché la révolution du Cèdre, un mouvement populaire qui a forcé la Syrie à retirer toutes ses troupes du Liban en avril 2005. L'assassinat a également conduit les Nations unies à mettre en place le Tribunal spécial pour le Liban pour enquêter sur le meurtre. L'année dernière, le TSL a condamné  à plusieurs peines d'emprisonnement à perpétuité deux membres présumés du Hezbollah dans cette affaire. 

Une visite éclair de trois jours en mode silence radio : le retour de l'ex-Premier ministre et chef du Courant du Futur Saad Hariri pour commémorer le 18e anniversaire de l'assassinat de son père, l'ancien chef de gouvernement Rafic Hariri, s'effectue, cette année aussi, loin du tumulte politique. Installé aux Émirats arabes unis depuis son retrait de l'arène politique en janvier 2022, le...

commentaires (12)

ni l'etoffe ni la colonne vertebrale d'un chef.

Lebinlon

10 h 17, le 15 février 2023

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Commentaires (12)

  • ni l'etoffe ni la colonne vertebrale d'un chef.

    Lebinlon

    10 h 17, le 15 février 2023

  • Un rate reste silencieux. Il a tout foire de A a Z comme Aoun ou le Hezbollah. Lui a eu la décence de se retirer, nous espérons que les autres feront de même dans l’intérêt du pays et de se qui reste de son peuple.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    08 h 59, le 15 février 2023

  • On ne peut pas s’improviser chef, on l’est ou on ne l’est pas. Lui a fait ses preuves assez tôt mais personne ne voulait comprendre qu’il n’a pas l’étoffe d’un chef ni même d’un leader tout court.

    Sissi zayyat

    11 h 47, le 14 février 2023

  • La parole est d’argent mais le silence endort! Ce Magnifique monsieur que certains veulent critiquer a sauvé le Liban d’une guerre civile qui se voulait le prolongement ds guerres chiites Sunnites de la région. Il a obéi aux principes de son père et de sa religion aucun sang sur les mains ! Le seul qui est arrivé riche et qui est reparti plus pauvre et c’est vrai qu’il est facile à critiquer il n’a pas d’armes lui!

    PROFIL BAS

    02 h 47, le 14 février 2023

  • Le cancre paresseux et sans c. est de nouveau parmi nous. Il peut ainsi de lui-même constater les résultats de sa politique avant de tranquillement repartir chez lui… Il vaut mieux, en effet, qu’il se taise.

    Mago1

    20 h 35, le 13 février 2023

  • """La commémoration du 14 février, jour férié au Liban, a lieu alors que Saad Hariri semble toujours boudé par l'Arabie saoudite, puissance sunnite de la région, qui ne lui a toujours pas accordé de feu vert favorisant son come-back politique.""" Qu’il est loin le souvenir de la mort de Hariri pour qu’une "certaine presse" ne prenne congé de ses lecteurs le jour du 14 février, jour de sa mort. On s’est habitué à l’annonce en première page que le journal n’apparaît pas pour sa commémoration. Il est loin le souvenir de Hariri pour qu’il soit boudé par les électeurs, et finalement le fils, digne héritier (au Liban, la filiation en politique n’est plus assurée) ne parvenait pas à former un gouvernement, pour finalement abandonner la politique et aller faire du business au Golfe. Mais, comment comprendre que l’Arabie Saoudite donne son feu vert pour son retour. Comment ça ? Il suffit que la puissante Arabie boude Hariri junior pour que l’électeur sunnite boude à son tour. Mais c’est en ces moments les plus cruciaux qu’il fallait l’aider… En tout cas, je n’ai pas vu d’autres chefs de formations politiques emboîtent le pas à Saad Hariri, surtout ceux qui sont les plus discrédités…

    Nabil

    19 h 40, le 13 février 2023

  • Étonnant que n'aient pas été invités, le hezbollah, fossoyeur de son père et le cpl, fossoyeur de sa politique .

    C…

    19 h 33, le 13 février 2023

  • Je suis clown et milliardaire

    Abdallah Barakat

    19 h 30, le 13 février 2023

  • Rafic Hariri que j’estimais beaucoup un grand ami du président Jacques Chirac

    Eleni Caridopoulou

    19 h 05, le 13 février 2023

  • Tant mieux !

    Wow

    18 h 22, le 13 février 2023

  • Le silence est d'or !

    Michel Trad

    16 h 22, le 13 février 2023

  • Il faut saluer le silence de Saad, car il vaut de l'or.

    Esber

    16 h 00, le 13 février 2023

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