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Société - Enquête sur le 4 août

Tous les proches des victimes libérés après avoir été convoqués par la police judiciaire et la Sécurité de l'Etat

"Nous espérons que l'enthousiasme observé lors de l'enquête sur les proches des victimes sera également observé lors de l'enquête sur l'explosion au port", déclare le député Melhem Khalaf aux médias locaux.

Tous les proches des victimes libérés après avoir été convoqués par la police judiciaire et la Sécurité de l'Etat

La mère de William Noun s'exprimant devant la presse, lors d'un sit-in dans le quartier de Verdun, à Beyrouth, le 16 janvier 2023. Photo João Sousa

Après avoir comparu devant la police judiciaire à la caserne Barbar al-Khazen dans le quartier de Verdun à Beyrouth lundi, neuf des onze proches des victimes de la double explosion au port, qui avaient été convoqués pour répondre aux accusations d'émeute, de vandalisme et de dégradation de bureaux à la suite d'une violente manifestation, ont été libérés sous caution d'élection de domicile dans l'après-midi même. Les deux autres, William Noun et Peter Bou Saab, ont été transférés à la Sécurité de l'État avant d'être également libérés plus tard dans la soirée, a rapporté notre journaliste sur place Lyana Alameddine, à Ramlet el-Baïda.

William Noun et Peter Bou Saab font l'objet d'une enquête dans le cadre d'une affaire distincte, concernant des commentaires effectués lors de leur passage dans une émission de télévision. William Noun a été détenu de vendredi à samedi dans cette affaire, avant d'être libéré sous caution d'élection de domicile.

Depuis Ramlet el-Baïda, Melhem Khalaf, député des Forces du changement, a déclaré aux médias locaux : "Nous espérons que l'enthousiasme observé lors de l'enquête sur les proches des victimes, sera observé lors de l'enquête sur l'explosion au port."

Pour sa part, le député George Okaïs (Forces libanaises), qui était également présent à la caserne, a déclaré qu'"il y a une grande volonté politique d'enterrer la vérité autour de l'explosion au port". "J'invite les parents des victimes à demander la reprise de l'enquête qui a été arrêtée depuis un an et trois mois", a-t-il ajouté.

Peter Bou Saab entouré des députés et avocats Georges Okaïs et Melhem Khalaf, devant la caserne Barbar el-Khazen de Verdun, le 16 janvier 2023. Photo João Sousa

"Je suis un homme impulsif"

S'adressant aux médias locaux après sa libération, William Noun a déclaré : "Nous demandons justice pour le 4 août. Je suis responsable de tout ce que je dis et je suis un homme impulsif."

Lundi, treize proches des victimes étaient appelés à comparaître devant la police judiciaire à la caserne Barbar el- Khazen, dans le quartier de Verdun à Beyrouth, pour répondre de faits d'émeute, de vandalisme et de dégradation de bureaux à la suite d'un mouvement de protestation organisé mardi dernier. Celui-ci avait dégénéré en échauffourées avec les forces de sécurité, alors que, selon les dires des proches des victimes, leur "tristesse s'est transformée en colère" face à la suspension, depuis plus d'un an, de l'enquête sur le drame du 4 août 2020. Il s'agit de William Noun, Georges Hitti, Oussama Fakih, Kiyan Tleis, Majid Hélou, Elie Mallahi, Abdo Matta, Elie Bou Saab, Peter Bou Saab, Antoine Salamé, Charbel Wardé et les avocats Pierre Gemayel et Cécile Roukoz. Seuls 11 des 13 ont finalement comparu devant la police judiciaire, le Barreau de Beyrouth ayant refusé que ses membres, les deux avocats, se présentent devant les enquêteurs.

L'édito d'Anthony SAMRANI

Des millions de William Noun

Le travail du juge d'instruction chargé de cette affaire, Tarek Bitar, demeure entre-temps entravé par des manœuvres politiques depuis des mois.

Sit-in
En solidarité, d'autres membres des familles des victimes, des activistes et des députés ont manifesté devant la caserne de Verdun. Les membres du Parlement Michel Douaihy, Cynthia Zarazir, Mark Daou et Najat Saliba, étaient notamment présents sur les lieux..

Des proches des victimes rassemblés devant la caserne de Barbar Khazen, dans le quartier de Verdun à Beyrouth, le 16 janvier 2023. Photo João Soussa

Devant la caserne de Verdun, l"avocate Roukoz a déploré que "depuis le 23 décembre 2021, tout s'est arrêté après que les anciens ministres Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil ont présenté un recours en dessaisissement" contre le magistrat Bitar. "Les Libanais doivent bouger", a-t-elle plaidé.

"Etat policier"
"Nous sommes dans un état policier et de milices. Ils essayent de nous faire taire, mais nous allons continuer de lutter jusqu’à la fin", a déclaré Peter Bou Saab à L'OLJ à son arrivée, notant qu'une mobilisation est également prévue jeudi devant le siège du Parlement, où les députés doivent se réunir à 11h pour tenter d'élire un nouveau président de la République.

"Ça fait deux ans qu’ils essayent de gagner du temps. Ils pensent qu’ils vont réussir à nous fatiguer. Mais ce qu’ils ne comprennent pas c'est que notre tristesse s'est transformée en colère. C'est pour cela que nous sommes forts. Cette technique qui consiste à nous traîner en justice nous renforce et met en colère les Libanais", a pour sa part confié Maria Farès, fiancée de M. Noun et dont la sœur Sahar est également décédée dans la déflagration.

Des proches des victimes rassemblés devant la caserne de Barbar Khazen, dans le quartier de Verdun à Beyrouth, le 16 janvier 2023. Photo João Soussa

La mère d’une des victimes de la double explosion, Emm (mère) Ahmad, a regretté le fait que des personnes qui sont dans leur droit soient "traînées aux postes de police, alors que les personnes recherchées ne sont pas poursuivies car elles bénéficient d'une immunité" politique. "Même s'ils nous arrêtent, nous continuerons à lutter pour la vérité", a-t-elle lancé.

"Nous n’avons pas peur, preuve en est que toutes les personnes convoquées se sont présentées. La loi n’est utilisée qu’à notre encontre", a estimé Mariana Fodoulian, qui a perdu sa sœur dans le drame du 4 août, appelant à la reprise de l'enquête par le juge Bitar.

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Polarisation politique aiguë autour de l’affaire William Noun

L'avocat Pierre Gemayel, dont le frère Jacques a été tué par les explosions, a regretté "le fait que les personnes poursuivies dans l’affaire sont protégées par la police". Il a également indiqué que si l'une des personnes convoquées aujourd'hui "ne sort pas, aucune ne sortira".


William Noun montant à bord d'un véhicule afin de se rendre à la Sécurité de l'Etat à Ramlet el-Baïda, le 16 janvier 2023. Photo João Sousa

Après avoir comparu devant la police judiciaire à la caserne Barbar al-Khazen dans le quartier de Verdun à Beyrouth lundi, neuf des onze proches des victimes de la double explosion au port, qui avaient été convoqués pour répondre aux accusations d'émeute, de vandalisme et de dégradation de bureaux à la suite d'une violente manifestation, ont été libérés sous caution...

commentaires (9)

Ce genre d’événement n’irait jamais du arrivé. Honte à vous tous, magistrats avocats, FSI, armée et j’en passe. Nous ne sommes pas fiers ni rassurés d’être sous votre pseudo protection téléguidée par vos maîtres les vendus. TFEHHH

Sissi zayyat

13 h 41, le 18 janvier 2023

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Ce genre d’événement n’irait jamais du arrivé. Honte à vous tous, magistrats avocats, FSI, armée et j’en passe. Nous ne sommes pas fiers ni rassurés d’être sous votre pseudo protection téléguidée par vos maîtres les vendus. TFEHHH

    Sissi zayyat

    13 h 41, le 18 janvier 2023

  • Rendez-vous jeudi devant le parlement!

    Onaissi Antoine

    06 h 16, le 18 janvier 2023

  • Cracher sur des magistrats de ce type est du gaspillage.

    Wlek Sanferlou

    14 h 28, le 17 janvier 2023

  • Sécurité de l’Etat…. hahahahahahaha Ou était-elle la sécurité de l’Etat quand le nitrate a été entreposé au port ?

    LeRougeEtLeNoir

    22 h 00, le 16 janvier 2023

  • Au Liban : Qui s'y frotte s'y pique. Personne n'a pu dompter ce peuple. Tout le monde est passé. De tous les bords. Au final, ils sont tous partis bredouille, tête baissée. Donc si ce parti jaune essaye d'intimider le libanais via les "outils" officiels de l'état. Même s'il réussit au début, au final, il devra s'y résigner. Bachir a dit " nous sommes les anges aussi bien que les diables de cette région". Même aujourd'hui, BACHIR leur fait peur. D'où leur peur / haine envers les FL et les Kataeb. Ils savent que ces 2 partis sont les BASTIONS du pays. Le coeur de la vraie résistance libanaise qui a tant donné. La seule solution, même si nous nous répétons : un liban fédéral et uni. En d'autres termes, ils imposent leur mentalité d'un autre temps, chez eux et à ceux qui les soutiennent. Allez y..chez eux. Quant aux libanais habitués à vivre comme toujours : cad paix, construction, éducation moderne et pacifiste, culture, soirées et autres évènements. Mariage civil, naturalisation des conjoints etrangers, Liberté d'expression et multiplicité des partis aux avis divergents oui. c'est normal. et ce, pour une meilleure démocratie ( pas comme eux : seuls 2 règnent en maître).

    LE FRANCOPHONE

    19 h 11, le 16 janvier 2023

  • Ils n'ont pas fini d'emmerder les familles des victimes ? Il faut arreter cette comedie au plus vite. Et par la meme occasion, mettre hors d'etat de nuire les fripouilles judiciaire et securitaire qui jouent la partition du Hezb. Encore un effort. On finira par mettre fin au regne de ces mafias sanglantes sans scrupules.

    Michel Trad

    18 h 08, le 16 janvier 2023

  • C’est simple, le Hezbollah continue son plan de transformation du Liban en république islamique a l’image de l’Iran. À Téhéran, on pend les protestataires, ici on est encore au stade de les intimider et de leur faire peur. Seulement, le Hezbollah et ses acolytes oublient une chose très importante qui est que ni les Ottomans avec toute leur sauvagerie, ni l’OLP avec toutes ses armes n’ont eu raison des chrétiens du Liban. Nous sommes ici chez nous, sur notre terre sacrée sur laquelle le Christ a marché et nous la défendrons quel qu’en soit leur prix. Alors vos missiles et vos va nu pieds transformés en combattants ne nous impressionnent nullement et meme nous font marrer car dans la vie courante, ces dits combattants sont les voituriers ou les bagagistes de l’aéroport ou les portefaix du port…

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 56, le 16 janvier 2023

  • Quand les Hezbos arretent le centre ville pour 3 ans, on fait rien. Quand William proteste, on le met en prison. Pourquoi il est interdit de parler de partition? Si les shiites sont contents avec leur hezb et lui votent et revotent, quils se separent et aillent vivre avec lui a l'age de pierre. Pourquoi nous trainer avec eux?

    ..... No comment

    12 h 32, le 16 janvier 2023

  • Incroyable.

    Marie Claude

    11 h 39, le 16 janvier 2023

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