La crise libanaise est si profonde et si multifactorielle qu’il n’y a aucune chance qu’elle soit véritablement résolue au cours de l’année qui vient de débuter. Cela ne veut pas dire pour autant que les années se suivent et se ressemblent même s’il est difficile de lutter contre ce sentiment dans un pays en chute libre depuis quatre ans. En 2022, le Parlement s’est recomposé, le Hezbollah a perdu sa majorité et la société civile y a fait son entrée. Le mandat de Michel Aoun a pris fin et le Liban a signé avec Israël un accord sur la démarcation de sa frontière maritime qui semble offrir des garanties géopolitiques, mais, pour le moment, pas économiques. Pas de quoi changer fondamentalement la donne, mais plusieurs dynamiques sont à l’œuvre et pourraient avoir un impact à moyen terme.
2023 doit également connaître sa série d’événements importants. TotalEnergies devrait commencer ses travaux d’exploration au printemps et nous devrions donc normalement savoir avant la fin de l’année si le bloc 9 de la zone économique exclusive libanaise est effectivement riche en hydrocarbures.
En juin, le cinquième mandat de celui qui gouverne la banque centrale libanaise depuis trente ans arrivera pour sa part à sa fin. Sauf surprise de dernière minute dans le chapeau de l’ex-magicien, il ne devrait pas être prolongé. Si personne n’a été élu président d’ici là, le Liban se retrouvera donc sans gouverneur de la BDL, dont les réserves (environ 10 milliards, sans compter l’or) pourraient encore se réduire comme peau de chagrin dans les prochains mois.
L’arrivée ou non d’un nouveau président de la République sera déterminante. Si aucune certitude ne peut être avancée à ce niveau-là, il y a plusieurs raisons d’être optimiste. La première est que le Hezbollah est clairement dans une logique de compromis comme l’indique le dernier discours de son chef, Hassan Nasrallah. Le parti de Dieu ne cache pas que Sleiman Frangié est toujours son candidat favori, mais le fait qu’il ne l’ait toujours pas désigné officiellement témoigne notamment d’une volonté de conserver une marge de manœuvre à son endroit. Le leader des Marada conserve des chances d’être élu, mais celles-ci semblent s’amoindrir à mesure que le temps passe et que Gebran Bassil continue de refuser de le soutenir. Sans l’appui du chef du Courant patriotique libre, le zaïm de Zghorta ne peut compter que sur un accord irano-saoudien pour s’installer à Baabda. Le Hezbollah pourrait évidemment prendre toute la République en otage en attendant que son protégé parvienne à ses fins, mais la situation économique et géopolitique ne lui est pas favorable.
La deuxième raison d’être optimiste est liée au fait qu’à l’exception de l’Iran, les autres puissances qui ont leur mot à dire au Liban semblent être à peu près sur la même longueur d’onde concernant la présidentielle. Elles n’ont pas les mêmes objectifs politiques, mais veulent toutes que le Liban se stabilise et entreprenne au plus vite les réformes tant attendues. Elles préconisent ainsi l’arrivée d’une figure consensuelle et efficace.
La troisième et dernière raison d’espérer est que deux candidats ayant justement ce profil se dégagent depuis déjà plusieurs mois. L’un est le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, l’autre est le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international, Jihad Azour. Les deux semblent pouvoir faire l’objet d’une entente sur la scène locale et obtenir un feu vert sur les scènes régionale et internationale.
L’identité du prochain président est bien entendu un facteur essentiel. Mais les tenants et les aboutissants du compromis qui permettra son élection seront tout aussi importants. De ces facteurs dépendront la nomination du futur Premier ministre, la formation du prochain cabinet et, surtout, le périmètre d’action du nouvel exécutif. Il ne faut pas s’attendre à des miracles. Mais l’année 2023 pourrait se terminer sur une note plus positive qu’elle n’a commencé.
Les militaires, on en a vu au pouvoir, mais, ce n'est pas leur domaine, surtout avec les complications de la crise financière. D'ailleurs, à quoi sert un président comme celui qui vient de quitter son poste, qui a fait empirer tout sans exception, ne pouvant pas s'opposer à ceux qui l'ont installé à Baabda, et pire, il a été secondé par son gendre pour bloquer pendant 6 ans tout l'engrenage de la République, faisant chuter tout indice qui pouvait aider le pays à se relever. Le Patriarche Raii a tout à fait raison pour demander une solution autre que ce qui se trame par les ennemis de la République.
23 h 13, le 10 janvier 2023