Le président du conseil d’administration de la Middle East Airlines (MEA), Mohammad el-Hout, a menacé de « recourir à des chasseurs » pour se débarrasser des mouettes qui rôdent autour de l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), en raison de sa proximité avec la décharge côtière de Costa Brava, lors d’une intervention sur la chaîne al-Jadeed dimanche soir.
M. Hout a appelé le ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui à s’occuper de ce dossier, sous peine de devoir recourir à la solution adoptée en 2017, lorsque la MEA avait recruté 125 chasseurs qui ont abattu plus de 10 000 mouettes, sous prétexte qu’elles présentaient un danger pour l’aviation civile. « Nous attendons que le ministre de l’Intérieur se saisisse de cette affaire. Il faudrait une intervention des forces de sécurité ou que l’on nous autorise à engager des chasseurs », a indiqué le directeur de la MEA.
Les mouettes sont protégées par des traités internationaux, notamment l’accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA), signé par le Liban en 1999, et la convention de Barcelone pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution.
Interrogé mercredi par al-Jadeed, le ministre sortant de l’Environnement Nasser Yassine a déclaré que son ministère avait envoyé une note au ministre de l’Intérieur il y a un mois, lui proposant d’installer des machines émettant des sons destinés à effrayer les oiseaux présents dans le pourtour de l’aéroport, afin d’éviter de recourir à l’abattage des oiseaux.
Plusieurs responsables, ainsi que le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) estiment néanmoins que la présence de la décharge de Costa Brava ainsi que la pollution du fleuve Ghadir, due au déversement des eaux usées et à l’amoncellement de déchets, constituent la principale cause de la prolifération des volatiles non loin de l’AIB.
Ce dossier avait relancé en 2017 le débat autour du site de Costa Brava et, plus largement, du plan de gestion des ordures ménagères adopté en 2016 pour mettre fin à une crise des déchets qui avait frappé Beyrouth et sa banlieue à l’été 2015. Ce plan avait été conçu pour la sortie de crise, mais il avait les mêmes défauts que ses prédécesseurs, puisqu’il s’appuyait sur deux décharges centrales (le précédent, mis en place en 1997, reposait sur une seule décharge, celle de Naamé, dont la fermeture a fait exploser la crise des déchets en 2015). Les systèmes de tri et de recyclage étant pratiquement inexistants, ces décharges accueillent plus de 90 % des déchets municipaux (et autres parfois) du pays, notamment les déchets organiques qui composent la majeure partie des détritus. Elles ont donc été saturées bien avant la date prévue de leur fermeture : la décharge de Costa Brava a déjà été agrandie une fois, et il a été question dans le dernier Conseil des ministres d’un nouvel agrandissement passé pratiquement inaperçu.
De ce fait, l’appel du PDG de la MEA au ministre de l’Intérieur a de quoi intriguer : le problème de sécurité que posent les mouettes à proximité de l’AIB vient de plusieurs années de mauvaise gestion des déchets, dont la responsabilité incombe au CDR comme à de nombreux ministères, et il ne saurait être réglé que par un meilleur traitement dans le site de Costa Brava. L’affaire est donc bien plus complexe qu’elle n’y paraît, et une chasse sauvage des oiseaux ne serait qu’une aberration de plus.
M. Hout a appelé...
commentaires (10)
Il vaudrait mieux engager des chasseurs pour tirer sur les connards qui jettes les poubelles près de la mer. Il faudrait d’ailleurs la rebaptiser la "Merde Méditerranée “…
Gros Gnon
09 h 43, le 05 janvier 2023