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Politique - Décryptage

Début de règlement de la crise des réfugiés syriens en Turquie, mais pas au Liban...

Au moment où le rapprochement entre Ankara et Damas se précise et alors que toutes les informations font état d’une entente au sujet du retour chez eux des réfugiés syriens installés en Turquie, le Liban continue à se débattre avec ce dossier.

Les chiffres quasi officiels prévoient que l’an prochain, plus du tiers des résidents sur le territoire libanais seront syriens et aucun indice ne montre une volonté réelle de régler le dossier. Le ministre sortant des Déplacés Issam Charafeddine avait mis au point un plan pour un retour à petites doses et qui devait s’étaler sur des années, mais il n’a pas été soutenu par l’ensemble du gouvernement et en particulier par le président du Conseil sortant Nagib Mikati. Le ministre sortant des Affaires sociales Hector Hajjar a tenté de prendre le relais en coopération avec la direction de la Sûreté générale, mais il s’est heurté à une opposition internationale, occidentale notamment, au retour des déplacés syriens. La raison invoquée reposait sur l’idée que le régime syrien n’était pas en mesure d’assurer leur sécurité. Plus même, le ministre sortant Hajjar a clairement entendu, lors de la dernière conférence internationale sur les réfugiés qui s’est tenue à Bruxelles en mai dernier, des conseils internationaux « pour intégrer » les déplacés syriens dans le tissu social libanais parce que aucune perspective de retour n’est en vue et que la communauté internationale ne compte pas encourager un tel processus.

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Le président syrien a eu beau émettre des décrets d’amnistie successifs, la position internationale est restée inchangée au sujet des déplacés syriens. La dernière visite du responsable du HCR Filippo Grande à Beyrouth au début du mois s’est d’ailleurs mal passée. Le responsable onusien a en effet répété aux responsables libanais qu’il a rencontrés que l’association internationale qu’il dirige continue de s’opposer au retour des déplacés syriens installés au Liban sous prétexte que leur sécurité ne peut pas être assurée sur place. Il a même évoqué certains cas de déplacés syriens rentrés chez eux qui auraient été arrêtés par les autorités syriennes. Le Liban, qui avait bien préparé son dossier, a répondu qu’il s’agit de cas isolés poursuivis pour des crimes de droit commun, non pour des raisons politiques, mais la position internationale est restée inchangée.

L’ancien ministre de l’Intérieur Mohammad Fahmi avait même été jusqu’à déclarer récemment dans un entretien télévisé qu’un bon nombre d’ONG internationales qui aident les déplacés syriens ne cachent pas qu’elles encouragent leur intégration au sein de la société libanaise et qu’elles travaillent dans ce but. Ces propos n’ont pourtant pas poussé les responsables libanais à se mobiliser en faveur du retour des déplacés syriens chez eux. Il est vrai qu’ils ont actuellement tant de crises à gérer, avec en plus une vacance présidentielle et un gouvernement d’expédition des affaires courantes. Ce dossier n’est donc pas considéré actuellement comme prioritaire. Pourtant, quand on voit que la Turquie a pu s’entendre avec la Syrie sur un processus de retour des réfugiés syriens, alors que le conflit entre les dirigeants des deux pays est bien plus complexe, on ne peut que se poser des questions. Selon une source diplomatique arabe, il ne faudrait pas ignorer le rôle de la Russie dans cette entente, même partielle, entre Damas et Ankara sur le délicat sujet des réfugiés syriens. Après plusieurs tentatives précédentes qui n’avaient pas abouti, la Russie a pesé de tout son poids pour réunir les ministres de la Défense syrien et turc, ainsi que les responsables sécuritaires des deux pays sur son territoire. Le moment était d’ailleurs soigneusement choisi, alors que les divergences entre la Turquie et les États-Unis deviennent plus évidentes et que l’élection présidentielle turque doit se tenir en juin 2023. Le principal contentieux entre la Syrie et la Turquie, qui porte sur la nature du régime à Damas qu’Ankara voulait renverser, n’a plus vraiment lieu d’être et, sur l’impulsion de la Russie, les deux capitales sont conscientes de la nécessité de tourner cette page.

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Au Liban, la situation est différente. Les parties libanaises ne voient pas les relations avec la Syrie de la même façon, et même si, aujourd’hui, la plupart d’entre elles sont convaincues de la nécessité de régler le dossier des déplacés syriens, elles ne sont pas toutes d’accord pour mener des discussions officielles à ce sujet avec les autorités syriennes. De plus, les forces politiques libanaises restent divisées au sujet d’une ouverture en direction de la Russie ou au contraire d’un appui à la politique américaine dans la région. Enfin, et c’est un facteur déterminant, le retour des déplacés ne peut pas se faire sans un financement externe. La Syrie est en effet un pays détruit en grande partie, qui traverse une crise économique et sociale sans précédent, accentuée par la loi César américaine qui impose des sanctions à tous ceux qui ont des rapports économiques avec les autorités syriennes. Ainsi, même les déplacés syriens au Liban qui souhaitent rentrer chez eux n’ont souvent pas de lieu où résider ni de source de revenus, alors qu’en restant ici, ils reçoivent des aides qui, même si elles sont en train de diminuer, constituent pour eux un soutien important.

Enfin, dans un tel état de division et d’effritement des institutions publiques, le Liban ne peut pas prendre des décisions radicales au sujet des déplacés syriens, même si les conseils internationaux pour les intégrer au sein de la société libanaise laissent supposer qu’il existe un plan international pour les garder au Liban. Pour changer les équilibres communautaire et démographique dans ce pays en créant un bloc sunnite face au bloc chiite ou parce que c’est la solution de facilité au lieu d’avoir à traiter avec le régime syrien, nul ne peut le dire avec précision. Mais, pour l’instant, la Turquie s’apprête à rapatrier les réfugiés syriens installés sur son sol, alors que le Liban continue à ployer sous le poids des crises, dont la présence des déplacés syriens n’est pas la moindre.

Au moment où le rapprochement entre Ankara et Damas se précise et alors que toutes les informations font état d’une entente au sujet du retour chez eux des réfugiés syriens installés en Turquie, le Liban continue à se débattre avec ce dossier. Les chiffres quasi officiels prévoient que l’an prochain, plus du tiers des résidents sur le territoire libanais seront syriens et aucun...
commentaires (4)

Les politiciens Libanais ont obtenu des pots de vin pour arreter de retourner les syriens chez eux.Des que nos politiciens ont besoin d'un peu d'argent, Ils crient " on veut rendre les refugiés chez eux". On leur paie quelques millions, et les refugiés restent ici. C'est 1969 2.0

..... No comment

10 h 21, le 02 janvier 2023

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Commentaires (4)

  • Les politiciens Libanais ont obtenu des pots de vin pour arreter de retourner les syriens chez eux.Des que nos politiciens ont besoin d'un peu d'argent, Ils crient " on veut rendre les refugiés chez eux". On leur paie quelques millions, et les refugiés restent ici. C'est 1969 2.0

    ..... No comment

    10 h 21, le 02 janvier 2023

  • Que ceux qui défendent ces pots de colle les récupèrent et les installent chez eux . On dirait que la crasse du monde entier a élu domicile dans notre infortuné pays . Bonne année malgré tout chère Scarlett.

    Hitti arlette

    14 h 09, le 31 décembre 2022

  • L'article n'est pas clair sur la position de la Turquie : elle intègre ou renvoit les réfugiés ?

    F. Oscar

    09 h 30, le 31 décembre 2022

  • C’est bien plus simple que cela: la différence entre le Liban et la Turquie sur ce sujet est que la Turquie peut imposer le retour de ses réfugiés au régime syrien à coup d’obus et de bombardements. Le Liban non.

    Mago1

    01 h 12, le 31 décembre 2022

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