Le Noël des gueux

Il n’y a plus d’étoiles dans leurs yeux

Il n’y a plus de musique dans leurs têtes

Il n’y a plus d’espoir dans leurs cœurs

Ventres vides, mal vêtus, mal armés contre l’hiver

Terrorisés à la moindre alerte de maladie à la moindre douleur

Peuple de chiffonniers grâce à nos seigneurs,

Ma3alis, Sa3adis, Dawlat, et autres « grandeurs »

Subissant tout, la misère, la peur, le froid, les humiliations, le désespoir

L’horizon bouché, le départ de leurs enfants, la folie du dollar

L’obscurité, le noir dans leurs cœurs, les robinets secs, les égouts débordants

Les routes noyées, lacs boueux subits et puants

Les impôts injustes

Les scélérats, les meurtriers, les assassins, l’injustice, la non-justice

Ils n’ont plus la force de se redresser

Et plient l’échine devant le zaïm et sous le poids du sort, n’ayant même plus la force de prier

Tel est le Noël d’une majorité écrasante de mon peuple sous l’œil indifférent des grands de chez nous et d’ailleurs

Qui n’ont de grand que la dimension de leurs intérêts et l’immensité de leur turpitude

À tous ceux-là, nos gouvernants, je souhaite le plus torturé des Noël,

Et que soudain leur conscience revienne, punition certaine,

Et à ce peuple infiniment triste et infiniment soumis,

Un sursaut de révolte pour un rayon d’espoir.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.