En crise depuis trois ans, le Liban accumule les contre-performances, que ce soit au niveau de son PIB, qui a reculé de près de 60 %, selon les estimations de la Banque mondiale, de fin 2019 à fin 2022, de l’inflation des prix en livres, qui culmine à plus de 1 500 %, ou encore de la dépréciation de plus de 95 % de sa monnaie.
Autre indicateur-clef de cette chute libre du système économique et financier du pays, la baisse de 50 milliards de dollars des dépôts bancaires – qu’ils soient en dollars ou en livres – depuis le début de 2019 jusqu’à octobre dernier, selon les dernières données des bilans des banques libanaises compilées par le Lebanon This Week de Byblos Bank.
Cette baisse illustre l’effondrement du secteur bancaire, longtemps considéré comme le pilier de l’économie libanaise, mais qui n’inspire plus confiance aux déposants à qui il impose depuis le début de la crise un contrôle informel des capitaux. Une situation que les autorités et la Banque du Liban ont laissé courir, exposant les banques à des poursuites judiciaires au Liban comme à l’étranger de la part d’une partie de leurs clients mécontents.
Certaines d’entre elles ont d’ailleurs débouché sur des décisions favorables aux plaignants, à l’image d’un jugement récent de la cour d’appel de Paris aux dépens de Saradar Bank ou de deux arrêts de la Haute Cour de justice britannique envoyant la Banque Libano-Française (BLF) dans les cordes. La panique bancaire a en outre favorisé le développement d’une économie du cash, encouragée par les circulaires de la BDL aménageant de manière informelle les restrictions existantes.
Parallèlement, des personnalités politiquement exposées et même des dirigeants de banque sont soupçonnés d’avoir transféré leur argent hors du pays depuis le début de la crise, alors que les banques plafonnaient sévèrement les retraits de leurs clients « normaux ». Cette situation a été dénoncée par plusieurs associations de déposants ainsi que par l’ancien directeur général du ministère des Finances Alain Bifani.
Trois ans après le début de la crise, le gouvernement n’a toujours pas mis en place des mesures de redressement de la situation économique, malgré ses engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international.
Les dépôts
Au niveau des chiffres, le total des dépôts bancaires des résidents et non-résidents du secteur privé s›élève à 124,4 milliards de dollars à fin octobre 2022, en baisse de 5,5 % depuis le début de l’année. Dans le détail, les dépôts en livres ont atteint 42 054,5 milliards de livres libanaises (soit 28 milliards de dollars, converties à l’ancien taux de change officiel équivalant à 1 507,5 livres pour un dollar) à fin octobre 2022, en augmentation de 4,7 % lors des dix premiers mois de l’année. Ceux en dollars ont atteint 96,5 milliards de dollars pour la même période, soit une régression de 8,5 % sur cette même période.
Si les dépôts du secteur privé en devises ont diminué de 5,1 milliards de dollars sur les 10 premiers mois de 2022, ceux en livres libanaises ont cependant augmenté de 1 883,5 milliards (soit 1,25 milliard de dollars). La cause de cette augmentation pourrait être liée aux opérations de change de dollars en livres libanaises au taux de la plateforme Sayrafa opérée par la BDL et dont le taux évolue généralement autour de plusieurs milliers de livres en dessous de celui du marché. Ces opérations, qui bénéficiaient surtout aux importateurs de certains produits subventionnés, ont été ouvertes fin 2021 au commun des déposants via la circulaire n° 161 de la BDL, qui leur permet de convertir et retirer en dollars des montants en livres prélevés sur leurs comptes et parfois déposés en espèces sur ces derniers.
Les crédits contractés par le secteur privé ont atteint 21,9 milliards de dollars fin octobre 2022, en baisse de 25 % en glissement annuel. Le total des crédits du secteur privé a diminué de 7 milliards de dollars en comparaison aux dix premiers mois de 2021 (5,2 milliards de dollars pour les résidents contre 603,6 millions pour les non-résidents). Par rapport au début de 2019, la somme des prêts en dollars du secteur privé est en baisse de 37,5 milliards de dollars (-63 %) : ceux en livres libanaises ont baissé de 11 451,3 milliards (-41,5 %) et ceux en devises ont diminué de 30 millions de dollars (-72,6 %).
Il faudra 15 à 20 ans pour que les déposants retrouvent la confiance des banques Libanaises. Elles se sont suicidée en magouillant a avec les mafieux locaux, au lieu de protéger leur principaux clients: les déposants. Il faut être complètement idiot pour confier ses économies une nouvelle fois à des voleurs. D’ailleurs dès la seconde où l’on pourra retirer notre argent des banques, ( si jamais), il n’y aura plus un seul centime dans les banques libanaises.
14 h 53, le 12 décembre 2022