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Culture - Entretien

Le festival du film de genre Maskoon reprend du poil de la bête

Après deux années d’abord en Zoom puis en hybride, le festival retourne en force au cinéma Montaigne de l’Institut français de Beyrouth avec le film le plus fantastique de l’année « Triangle of Sadness », Palme d’or 2022. Antoine Waked, qui en est le directeur artistique nous parle de ce festival créé il y a six ans.

Le festival du film de genre Maskoon reprend du poil de la bête

« Triangle of Sadness », une comédie satirique sur les riches et les beaux. Photo DR

Le festival organisé par l’association Beirut DC, qui se tient cette année du 12 au 16 décembre au cinéma Montaigne de l’Institut français de Beyrouth, en est à sa sixième édition. Avez-vous jamais baissé les bras, surtout durant cette crise économique que traverse depuis plusieurs années le Liban ?

Non, pas du tout. Au contraire, nous organisons le festival avec toujours beaucoup d’enthousiasme. Si, durant la première année de confinement dû à la pandémie du coronavirus, nous avons proposé une programmation en ligne et l’année suivante en hybride, nous sommes contents que l’actuelle édition s’inscrive sous le thème du retour dans les salles et la rencontre avec les spectateurs. Nous percevons même un enthousiasme et une volonté de la part des institutions de remettre le Liban sur la voie des événements culturels. C’est une bataille pour la continuité. Même si cette édition est plus modeste que ses précédentes, le cachet arabe du festival a été préservé tant du côté des longs que des courts métrages. La directrice du festival Myriam Sassine se joint à moi pour dire que l’équipe qui organise le festival a travaillé sans relâche pour permettre à cette sixième édition de voir le jour.

« The Alleys » du réalisateur libano-jordanien Bassel Ghandour. Photo DR

Chaque année, c’est un miracle que le festival perdure. Il est certain que nous sommes empêtrés dans une crise sans précédent et l’on se demande souvent comment on continue à organiser des événements culturels. Mais moi, je suis certain que cette crise va un jour se résorber. Entre-temps, il ne faudrait pas avoir perdu l’âme du Liban, celle de la culture et de tout ce qui a fait sa spécificité.

Cette année, Maskoon présente des films d’horreur, mais pas que… Expliquez-nous cette sélection et quels sont selon vous les films qui font la fierté de ce 6e opus ?

Maskoon n’a jamais été spécifiquement un festival de films d’horreur mais de films à la marge, différents. Des films de genre. Ainsi, le festival démarre en beauté avec le long métrage Triangle of Sadness (Sans filtre) du réalisateur suédois Ruben Östlund, une comédie noire, satirique et pleine d’humour qui exprime les contradictions du monde contemporain tordu. C’est en fait un film sur l’horreur du monde matérialiste, des différences de classes, des apparences trompeuses... qui s’intègre parfaitement dans l’esprit de Maskoon.

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En outre, les amateurs de films d’horreur pourront découvrir trois films acclamés par la critique. Le premier : Speak No Evil, réalisé par le réalisateur danois Christian Tavdrup, a été présenté pour la première fois au Festival de Sundance 2022. Le deuxième, Piggy, de la réalisatrice espagnole Carlota Pereda, également sélectionné, entre autres festivals, à Sundance 2022, lauréat du Méliès d’or 2022 (décerné par la Fédération des festivals européens de film fantastique, NDLR), traite du harcèlement et de la vengeance sous un nouvel angle. Quant au troisième, Deadstream, des réalisateurs américains Joseph et Vanessa Winter, il est à la fois un film d’horreur et une comédie : il relate l’histoire d’une star des réseaux sociaux qui visite une maison hantée.

« Speak No Evil », un film d’horreur satirique et sans pitié remarqué à Sundance cette année. Photo DR

Par ailleurs, nous sommes fiers de présenter deux films pionniers qui corroborent la révolution qui se confirme dans le paysage cinématographique arabe et qui se manifeste dans la production de plus en plus de films d’auteur de genre. Il s’agit d’Ashkal, du réalisateur tunisien Youssef Chebbi, ou l’histoire d’une enquête policière qui se déroule sur fond de révolution tunisienne. Le film a été présenté pour la première fois à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes et récompensé par l’Antigone d’or au festival Cinemed. Youssef Chebbi sera à Beyrouth accompagné de son producteur Farès Ladjimi pour présenter Ashkal.

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Le festival accueille également le réalisateur et producteur Bassel Ghandour qui a coécrit le film jordanien Theeb (nominé aux Oscars dans la catégorie meilleur film étranger en 2014). Celui-ci présentera son premier film en tant que réalisateur, al-Hara, qui sous forme d’un thriller nous éclaire sur la société jordanienne contemporaine. Ghandour animera également une master class sur l’écriture de scénario.

À l’affiche du festival Maskoon 2022, des films étranges et inquiétants de haute facture. Photo DR

Qu’en est-il des courts métrages en compétition ? Sont-ils nombreux ? Et que dévoilent-ils ?

Outre les longs métrages, dix courts métrages arabes ont été sélectionnés pour faire partie de la compétition de courts de genre de Maskoon et témoignent de l’intérêt grandissant des jeunes réalisateurs pour un cinéma différent et pour s’attaquer aux genres comme l’horreur, la science-fiction, le fantastique, le thriller et la comédie noire. Ces courts présentent des mondes visuels accrocheurs et traitent d’une variété de sujets qui reflètent l’état actuel du monde. Le public pourra donc découvrir une nouvelle facette du cinéma arabe qui peut tout autant traiter de maladies mentales que de sociétés dystopiques.

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Les courts métrages retenus sont : Border de Khalifa al-Thani (Qatar), It Gets Darker de Firas Abou Fakher et Daniel Habib (Liban), Last Day of Sun de Kays Mejri (Tunisie), Limbo de Leah Yared (Liban), Night Shift de Ali Mostafa (Émirats arabes unis), No Key de Walid Messnaoui (Maroc), Rind de Romy Matar (Liban), Something’s Not Right de Hugo Hochar (Liban), Spasm de Mike Malajalian (Liban) et Suicide Candidates de Hamza Atifi (Maroc). Deux prix seront attribués par le jury. Le film qui recevra le prix du meilleur court métrage de genre fera automatiquement partie de la compétition des courts métrages au festival Fantaspoa au Brésil, et celui qui recevra le prix du meilleur court métrage libanais de genre sera projeté au festival Cinemed à Montpellier.

Le jury qui évaluera ces films est composé de l’actrice et productrice libanaise Carole Abboud, du directeur de la section industrie au Festival du film de Amman et producteur Bassam Alasad, ainsi que le scénariste, réalisateur et producteur libano-jordanien Bassel Ghandour. Un beau programme en somme, qui inclut par ailleurs de nombreuses tables rondes et débats qui se dérouleront à l’Académie libanaise des beaux-arts.

Le festival organisé par l’association Beirut DC, qui se tient cette année du 12 au 16 décembre au cinéma Montaigne de l’Institut français de Beyrouth, en est à sa sixième édition. Avez-vous jamais baissé les bras, surtout durant cette crise économique que traverse depuis plusieurs années le Liban ? Non, pas du tout. Au contraire, nous organisons le festival avec toujours beaucoup...

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