
Élissa Haddad, chercheuse à l’Université de San Diego. Photo DR
« J’ai voulu comprendre pourquoi ces Libanais ont réussi aux États-Unis et comment ils perçoivent leur succès. » C’est en ces termes qu’Élissa Haddad, chercheuse auprès de l’Université de San Diego, explique ce qui l’a motivée à consacrer une étude à cette communauté qui s’est singularisée au fil du temps. À la source de son intérêt pour ce sujet, un livre l’ayant inspirée, The Triple Package, qui énumère les communautés ayant du succès aux États-Unis, et parmi elles la diaspora libanaise. « Si on les compare à d’autres migrants, on comprend que les Libanais ont des avantages culturels leur permettant de profiter au maximum des opportunités que leur offrent les États-Unis », résume la chercheuse.
L’étude d’Élissa Haddad repose sur les témoignages de 398 hommes et femmes qui ont tous répondu à 80 questions. Il s’agit de médecins, d’hommes d’affaires, de chercheurs, d’ingénieurs, de professeurs. Ils ont des diplômes supérieurs, des masters. Ils travaillent dans des secteurs aussi variés que la technologie ou la restauration.
Mais d’abord, comment la chercheuse a-t-elle défini la réussite ? Le facteur économique est déterminant, selon elle. Ainsi, le salaire est un indicateur qu’elle a pris en considération. La majorité des sondés ont déclaré un salaire brut annuel s’élevant à plus de 150 000 dollars américains.
Outre le facteur économique, Élissa Haddad a voulu explorer d’autres paramètres, comme le bonheur et l’intégration à la société. Ce qui l’a intriguée, c’est « l’adversité » qu’ont expérimentée en commun les interviewés. Ils parlent tous « des épreuves, des difficultés ou des malheurs auxquels ils ont dû faire face au Liban et qui les ont poussés à réussir ». La chercheuse cite deux genres d’adversité : l’interne et l’externe. L’interne provient des difficultés qui touchent la personne à titre individuel ou familial, comme par exemple grandir dans la pauvreté. « Quand j’étais au Liban, on était dans la misère. J’ai commencé à travailler très jeune », témoigne Salim, l’un des interviewés. Une autre, Marwa, raconte : « J’ai subi de la maltraitance physique et morale quand j’étais petite. C’est ce qui m’a marquée le plus. »
Quant à l’adversité externe, elle provient d’éléments qui échappent au contrôle de l’individu, dont par exemple l’instabilité, l’agitation politique, les problèmes de sécurité. Et ces problèmes-là sont légion au Liban.
L’éducation est primordiale
Autre élément à prendre en considération : la durée des années passées au Liban, qui a une incidence sur la réussite des personnes interrogées. Quand ils y sont nés et qu’ils y ont vécu plus de 14 ans, ils ont une plus grande combativité, comparée aux autres profils.
Ces Libanais d’Amérique accordent par ailleurs une grande importance à leur éducation personnelle. Cela leur permet de mieux réussir. Mais ce n’est pas tout. La chercheuse souligne qu’ils présentent des traits culturels communs qui ont déjà été soulignés dans The Triple Package et qui forment une drôle de combinaison : le sentiment de supériorité, d’insécurité et de résilience. « Les deux premiers sont positivement corrélés à la résilience. Cela leur permet de mieux réussir », note-t-elle.
La chercheuse note également une tendance chez les interviewés « à s’intégrer facilement » dans leur nouvel environnement. « Cela stimule certes leur salaire, mais améliore par le fait même leurs conditions de vie économiques et sociales », dit-elle.
Ces Libanais qui ont réussi économiquement en Amérique ont enfin un autre trait en commun : ils sont plus satisfaits quand ils envoient régulièrement de l’argent à leur pays d’origine. Ainsi, même à des milliers de kilomètres, leur attachement au Liban reste une source essentielle de satisfaction.
« J’ai voulu comprendre pourquoi ces Libanais ont réussi aux États-Unis et comment ils perçoivent leur succès. » C’est en ces termes qu’Élissa Haddad, chercheuse auprès de l’Université de San Diego, explique ce qui l’a motivée à consacrer une étude à cette communauté qui s’est singularisée au fil du temps. À la source de son intérêt pour ce sujet, un livre...
commentaires (7)
Le „sentiment de supériorité » est à mon avis une absurdité dans ce contexte. Etre obligé de s’expatrier est un péché capital. Rien pour moi ne compensera ce sentiment de paradis perdu par un peuple individualiste, corrompu jusqu’à l’os et congénitalement attaché à une bande de criminels qui ont en 80 ans anéanti le rêve. Alors résilient oui, mais pas fier du tout…
El moughtareb
10 h 18, le 26 décembre 2022