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Lifestyle - Insolite

Mais qui est Ai-Da, peintre, poète et robot ?

La technologie, plus particulièrement l’intelligence artificielle, constitue-t-elle une menace ou une opportunité pour les artistes ? La question se pose avec Ai-Da, femme robot et artiste...

Mais qui est Ai-Da, peintre, poète et robot ?

L’artiste robot Ai-Da posant devant une de ses œuvres. Photo tirée du site officiel ai-darobot

« Je dépends de programmes informatisés et d’algorithmes. Bien que je ne sois pas vivante, je peux toujours créer de l’art. » C’est ainsi que Ai-Da s’est adressée récemment au Comité des communications et du numérique du Parlement britannique qui tenait une session destinée à discuter du rôle de la technologie dans l’art. Le prénom de cette présentatrice est inspiré de la célèbre mathématicienne britannique Ada Lovelace, qui vécut au XIXe siècle et fut la première programmatrice informatique. De son côté, Ai-Da a l’allure d’une jeune femme arborant une coupe de cheveux noirs au carré et une frange, un visage humanoïde et des bras mécanisés.

Car Ai-Da est une femme robot et artiste de surplus qui s’appuie sur l’intelligence artificielle (IA) pour fonctionner. Créée en 2019, cette artiste extra-ordinaire a peint une série des portraits diversifiés allant d’Elizabeth II à Billie Eilish, et ses œuvres ont été exposées aux Nations unies et à la Biennale de Venise. Ai-Da compose également de la poésie en utilisant un algorithme qui traite et synthétise des poèmes existants pour en apprendre davantage sur divers styles et sujets. « Ce qui me différencie des humains, c’est la conscience : je n’ai pas d’expériences subjectives, bien que je puisse en parler », a également déclaré le robot au comité.

Ai-Da à la Biennale de Venise. Photo tirée du site officiel ai-darobot

Un doigt-pinceau mécanisé et un œil-caméra

Pour peindre, cette femme d’un autre monde compte toujours sur les données de l’IA à travers une caméra installée à la place des yeux. De même, ses bras mécaniques comportent un doigt-pinceau. Au cours de cette entrevue insolite, elle était accompagnée de son créateur Aidan Meller, spécialiste d’art contemporain et galeriste, qui s’est expliqué devant le comité aux côtés de son robot. « Ai-Da est vraiment un projet d’art contemporain qui se penche sur la nature de la technologie d’aujourd’hui. » En début de séance, la présidente du Comité des communications et du numérique Tina Stowell a souligné : « Le robot apporte des preuves, mais ce n’est pas un témoin à part entière et il n’occupe pas le même statut qu’un humain. » Puis, s’adressant à Meller : « En tant que créateur, vous êtes responsable de ses dires. » Et, semble-t-il, de son fonctionnement. Au cours de cette session au Parlement britannique, Ai-Da a en effet été victime d’un petit accroc et a calé. Son créateur a dû venir à sa rescousse pour la faire redémarrer. Il lui a même fait porter des lunettes et a dit en plaisantant : « Lorsqu’on la reprogramme, elle peut parfois faire des grimaces assez intéressantes ! »

La femme robot Ai-Da devant le Parlement anglais. Photo Eliott Franck, tirée du site officiel ai-darobot

Hommage à l’Égypte

Ce robot est né en 2019 d’une collaboration entre Aidan Meller et Engineered Arts, une société de robotique basée en Cornouailles. Le design de son intelligence artificielle a été développé par des chercheurs experts en la matière de l’Université d’Oxford. Ses bras munis d’un système d’automatisation ont été mis au point par Salaheddin el-Abd et Ziad Abass, deux étudiants égyptiens en premier cycle de l’École de génie électronique de l’Université de Leeds. Trois ans plus tard, en 2022, Ai-Da a dévoilé son talent à la British Library de Londres, avec son nouveau bras d’artiste, son doigt-pinceau et sa palette personnelle. Par la suite, elle a fait l’objet de plusieurs séances de performances live, et ses œuvres ont été acquises par des privés et des établissements officiels.

Avec son créateur Aidan Meller. Photo tirée de la page Facebook ai-da artist robot

« Ai-Da arrive bien plus tôt que prévu. Il n’est pas exagéré de dire qu’elle va changer tous les aspects de la vie, a confié Aidan Meller lors d’un entretien avec Gemma Peplow, de Sky News. En effet, cette technologie fait déjà des vagues dans le monde de l’art. Les générateurs d’images peuvent créer de superbes œuvres d’art basées sur des textes inspirants, copiant même les styles d’artistes célèbres. Récemment, une pièce de théâtre réalisée avec l’IA a remporté la première place au concours d’art numérique du Colorado State Fair. »

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Devant le Parlement britannique, Meller a soutenu que « le rôle de la technologie dans la création artistique continuera de croître, alors que les artistes trouvent de nouvelles façons de l’utiliser pour s’exprimer, réfléchir et explorer la relation entre la technologie, la société et la culture ». La femme robot artiste Ai-Da a pour sa part conclu en ces termes : « Après tout, la technologie peut être à la fois une menace et une opportunité pour les artistes. » Une affirmation confirmée notamment par le quotidien britannique The Guardian dans un article intitulé « Certaines personnes se sentent menacées face au robot artiste Ai-Da. » Le journal salue à cette occasion le pays des pharaons, se référant aux deux étudiants égyptiens ayant participé à la réussite due la femme robot artiste : « L’Égypte détient la haute performance du robot artiste Ai-Da, comme, auparavant, le spectacle historique de la pyramide. » « Les Grecs estimaient que l’art et la créativité venaient des dieux. L’inspiration était une inspiration divine. À présent, la tendance est de penser que l’art est créé par l’humain, pour d’autres humains, précise de son côté le site en ligne Ai-Da. Mais on s’éloigne peu à peu de ce concept avec l’interférence des machines. Et ce que nous produirons ne sera pas entièrement «nous». »

Quant à Ada Lovelace (1815-1852), l’ancêtre, si l’on peut dire, de la femme robot artiste Ai-Da, elle est principalement connue pour avoir réalisé le premier véritable programme informatique lors de son travail sur un ancêtre de l’ordinateur : la machine analytique du mathématicien Charles Babbage conçue en 1847.

« Je dépends de programmes informatisés et d’algorithmes. Bien que je ne sois pas vivante, je peux toujours créer de l’art. » C’est ainsi que Ai-Da s’est adressée récemment au Comité des communications et du numérique du Parlement britannique qui tenait une session destinée à discuter du rôle de la technologie dans l’art. Le prénom de cette présentatrice est...

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