Le coup de fil entre le président français Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie Mohammad ben Salmane a marqué l’actualité libanaise ces derniers jours. Pour la plupart des médias locaux, ce coup de fil serait un indice sur l’intérêt que portent les deux dirigeants au dossier libanais. Celui-ci serait donc prioritaire pour eux et ils ont d’ailleurs insisté sur l’importance de mettre un terme à la vacance présidentielle le plus tôt possible. Aussitôt, des médias locaux ont laissé entendre qu’après ce coup de fil, il y aurait une nouvelle initiative franco-saoudienne en faveur de l’élection présidentielle, qui, toujours selon cette lecture, ne devrait donc plus tarder. Pour conforter cette impression, ces médias ont rappelé que le président de la Chambre, Nabih Berry, a déclaré récemment que le pays pouvait supporter quelques semaines de vacance présidentielle, mais pas plus.
Toutefois, des sources diplomatiques concordantes affirment qu’il ne faut pas attacher trop d’espoir sur une éventuelle initiative franco-saoudienne. D’abord, ce coup de fil a eu lieu après l’annonce des résultats quasi définitifs des élections de la mi-mandat aux États-Unis, qui ont démenti les pronostics sur un raz-de-marée républicain, notamment sous la houlette de l’ancien président Donald Trump. Les mêmes sources rappellent que les dirigeants saoudiens, et en particulier le prince héritier, avaient une nette préférence pour les républicains dont ils espéraient la victoire aux élections de mi-mandat. Le fait que les résultats annoncés jusqu’à présent montrent une sorte d’équilibre entre les deux camps, parlant même d’une semi-défaite et d’une semi-victoire pour les deux, a dû pousser de nombreux acteurs régionaux et internationaux à revoir leurs projets pour les prochains mois. En effet, ceux qui misaient sur une défaite du camp démocrate, et du président Joe Biden en particulier, et comptaient sur une victoire des « trumpistes », après celle de Benjamin Netanyahu en Israël, ont dû revoir leur approche. Selon les sources diplomatiques précitées, fort de sa « semi-victoire » (due au fait que sa défaite annoncée n’a pas eu lieu), Joe Biden devrait reprendre ses initiatives dans la région. Ceux qui, comme les Saoudiens par exemple, commençaient à s’activer au Liban et ailleurs, en misant sur un affaiblissement de l’administration américaine démocrate, devront donc mettre un frein à cet élan.
Toujours selon les mêmes sources diplomatiques, les puissances régionales ont plus d’espace pour agir lorsque les grandes puissances sont occupées ou affaiblies. Mais il est clair désormais que les Américains comptent recommencer à occuper la scène internationale. Et, face à l’incapacité des différentes parties libanaises d’aboutir à un accord, il faudra donc attendre que l’administration américaine, qui était jusqu’alors très occupée par les élections internes, retrouve son rôle sur la scène régionale et décide de l’étape à venir avec l’Iran. Car, pour ces mêmes sources, les États-Unis et l’Iran sont, à l’heure actuelle, les pays qui ont le plus d’influence au Liban. L’Arabie saoudite et la France viendraient en second. En attendant donc que se précisent les relations entre l’administration américaine et le régime iranien, qui fait par ailleurs face à des émeutes internes, il ne faudrait pas miser sur un développement concret au niveau de la présidentielle au Liban.
C’est dans cet esprit qu’il faudrait lire entre les lignes la dernière intervention de la sous-secrétaire d’État pour les affaires du Proche-Orient Barbara Leaf au sujet du Liban, dans laquelle elle a précisé que la situation pourrait empirer et la colère populaire pourrait de nouveau s’exprimer dans la rue. Ces prévisions ont été par la suite nuancées par plusieurs sources diplomatiques qui ont affirmé que la situation sécuritaire au Liban reste une ligne rouge pour toutes les parties régionales et internationales concernées par ce pays. C’est d’ailleurs dans ce but que des efforts sont déployés par les États-Unis et leurs alliés pour aider autant que possible l’armée libanaise et les services de sécurité afin qu’ils puissent continuer à assurer la stabilité et la sécurité dans le pays.
C’est aussi dans ce contexte que les forces de sécurité ont révélé ces dernières semaines le démantèlement de cellules terroristes qui planifiaient de lancer des attaques dans plusieurs régions libanaises. Le fait de médiatiser ces démantèlements vise d’abord à montrer que la situation sécuritaire reste sous contrôle, mais en même temps, que les dangers existent et qu’il faut faire preuve de vigilance. En tout cas, selon les sources diplomatiques précitées, il ne devrait pas y avoir de graves secousses sécuritaires au Liban, parce que la communauté internationale ne peut pas se permettre d’ajouter un nouveau dossier complexe à ceux qui existent déjà. De plus, l’instabilité sécuritaire au Liban pourrait pousser des milliers de déplacés syriens et de réfugiés palestiniens à fuir ce pays vers l’Europe, laquelle a suffisamment de problèmes à régler actuellement. Mais cela ne signifie pas que l’insécurité due à la crise économique ne va pas persister, précisent les mêmes sources, mais elle ne devrait pas se généraliser. Cette situation devrait se prolonger jusqu’à ce que les relations américano-iraniennes se précisent et que les deux parties parviennent à trouver un minimum d’accord sur les dossiers régionaux. D’ici-là, les différentes parties libanaises devraient continuer à se lancer des accusations pour occuper la scène médiatique, sans pouvoir ni s’entendre ni aller plus loin dans les conflits qui les opposent.
Le coup de fil entre le président français Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie Mohammad ben Salmane a marqué l’actualité libanaise ces derniers jours. Pour la plupart des médias locaux, ce coup de fil serait un indice sur l’intérêt que portent les deux dirigeants au dossier libanais. Celui-ci serait donc prioritaire pour eux et ils ont d’ailleurs insisté sur...
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Citoyen Lambda
11 h 57, le 16 novembre 2022