
Le Premier ministre libanais Nagib Mikati le 10 septembre 2021 à Baabda. Photo Dalati et Nohra
Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a exprimé le souhait lundi que le chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, devienne président de la République, alors que le Liban est depuis le 1er novembre entré dans une vacance politique totale du pouvoir exécutif : sans président et avec un gouvernement chargé de l'expédition des affaires courantes depuis le 22 mai.
"Il faut immédiatement élire un nouveau président de la République afin de régulariser le travail politique", a déclaré M. Mikati lors d'un entretien sur al-Jazeera, dont des extraits ont été partagés sur le compte Twitter de la chaîne. Il a appelé à l'élection d'un chef de l'Etat "accepté par tous, qui ne soit pas un président de défi pour quiconque".
"J'ai une relation historique avec Sleiman Frangié et je souhaite qu'il devienne président de la République", a-t-il ajouté.
Alors qu’il a été l’un des premiers à se lancer, sans toutefois officiellement l’annoncer, dans la course à Baabda, multipliant les déplacements et les déclarations, Sleiman Frangié, zaïm de Zghorta, apparaît de plus en plus comme un sérieux présidentiable.
Le mandat du président Michel Aoun a expiré le 31 octobre et le Parlement, profondément divisé, s'est réuni à cinq reprises déjà sans parvenir à élire son successeur, alors que le pays est plongé dans une profonde crise économique.
Taux de change
M. Mikati a également déclaré que "le taux de change officiel du dollar sera ajusté progressivement au cours des prochains mois."
En septembre, les autorités libanaises ont annoncé que le taux officiel passerait à 15.000 LL pour un dollar à compter du 1er novembre. Cependant, la confusion a entouré cette transition au début du mois. Un porte-parole du ministère des finances a déclaré à L'Orient Today lundi que certains impôts et taxes, à l'exception des douanes, passeront du taux de change officiel de 1.500 LL à un nouveau taux de 15.000 LL. Cette mesure s'inscrit dans le cadre du budget 2022, longtemps retardé, qui sera finalement publié au Journal officiel mardi, a ajouté le porte-parole.
M.Mikati avait déclaré en septembre que l'écart entre le taux du marché, qui avoisine les 40.000 LL ce lundi, et les autres taux devait être comblé "tôt ou tard" - une demande du FMI incluse dans un projet d'accord de financement signé en avril - mais que cela prendrait du temps. Plus de 80 % des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté, la dépréciation de la monnaie nationale ayant anéanti leur pouvoir d'achat.
Le pétrole iranien
Sur la question des sanctions potentielles qui pourraient être imposées par l'administration américaine, M. Mikati a déclaré qu'il "s'adressera officiellement à Washington pour s'enquérir de la possibilité que le Liban soit soumis à des sanctions s'il accepte le don de pétrole iranien."
Le ministre par intérim des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a rencontré son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian en septembre à New York. Ce dernier a réaffirmé la volonté de l'Iran de fournir du carburant au Liban. Les pourparlers sont toujours en cours.
L'année dernière, l'Iran avait envoyé du carburant au Liban via le Hezbollah, désigné comme organisation terroriste par les États-Unis et d'autres pays occidentaux. Ce carburant avait été expédié en Syrie, puis introduit au Liban par la route dans des camions afin d'éviter les sanctions. Les États-Unis n'avaient pris aucune mesure en réponse. M.Mikati a en outre estimé qu'une partie de la crise que traverse le Liban est due à "la détérioration des relations du Liban avec les pays arabes."
En novembre 2021, l'Arabie saoudite et d'autres monarchies du Golfe avaient rappelé leurs ambassadeurs au Liban et suspendu leurs importations en provenance du Liban.
Cette mesure avait été prise en réaction aux remarques de l'ancien ministre de l'information George Kordahi, qui avait vivement critiqué, dans une interview télévisée, l'intervention menée par l'Arabie saoudite au Yémen pour soutenir les forces gouvernementales et s'était rangé du côté des rebelles houthis soutenus par l'Iran. Le ministère saoudien des Affaires étrangères avait alors déclaré que le fossé diplomatique résultait également de l'influence croissante du Hezbollah sur la politique libanaise. Six mois plus tard, en avril 2022, les ambassadeurs des pays du Golfe, dont l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari, sont revenus à Beyrouth.
Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a exprimé le souhait lundi que le chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, devienne président de la République, alors que le Liban est depuis le 1er novembre entré dans une vacance politique totale du pouvoir exécutif : sans président et avec un gouvernement chargé de l'expédition des affaires courantes depuis le 22 mai."Il faut...
commentaires (15)
On pourra appeler son règne le "Liran Fort”…
Gros Gnon
08 h 30, le 16 novembre 2022