Le prince Harry, un « remplaçant » très prisé

Il est un dicton britannique qui dit : « Every monarchy needs an heir and a spare  », chaque monarchie a besoin d’un héritier et d’un remplaçant. Actuellement, au palais de Buckingham, c’est le prince William qui est en première ligne pour le trône, occupé depuis peu par son père le roi Charles III. S’il est l’héritier, alors son frère, le prince Harry serait, selon ce dicton populaire, le remplaçant. C’est cette fonction, spare, que Harry, duc de Sussex a choisi, sans détour, comme titre d’une autobiographie qu’il a rédigée et qui est à la fois attendue et redoutée pour ses potentielles révélations sur la famille royale d’Angleterre. Dans sa version française, cet ouvrage aura un intitulé moins coup de poing : le Suppléant. Reste à savoir quels titres lui donneront ses traductions en 15 autres langues qui sortiront simultanément le 10 janvier prochain, comme annoncé dans un communiqué de son éditeur américain Penguin Random House. « C’est une publication emblématique, perspicace et historique, pleine de révélations, de remises en question et de sagesse durement acquise, sur le pouvoir éternel de l’amour qui l’emporte sur la douleur. Le tout est relaté avec une honnêteté crue et inébranlable », précise encore l’éditeur.

Renoncement à ses émoluments royaux

Le décès, le 8 septembre dernier, de la reine Elizabeth II, grand-mère du prince Harry, a reporté la sortie du livre prévue initialement pour la fin 2022 au début de l’année prochaine. Selon des éditeurs, dans un premier temps, cet imprévu tragique aurait fait réfléchir le prince sur le contenu de ses mémoires, et surtout, selon certaines rumeurs, sur d’éventuels secrets liés au retard de sa parution. Néanmoins, Harry ne s’est pas laissé démonter et a poursuivi son projet, comme il avait mené, avec ténacité, sa nouvelle vie loin des diktats du palais, aux côtés de son épouse Meghan Markel. Une décision qu’il avait pleinement assumée dans une interview avec Oprah Winfrey qui avait fait sensation. Le couple, portant le titre de duc et duchesse de Sussex, n’avait pas hésité à parler avec franchise de ses relations avec la famille royale soulignant, autre autres, des propos racistes visant Meghan. En quittant le royaume pour les États-Unis en 2020, le prince Harry a renoncé à certaines fonctions royales lui revenant et par conséquent aux budgets financiers qui en relèvent. À peine installé au pays de l’Oncle Sam, à Santa Barbara en Californie, le couple s’est impliqué dans plusieurs activités caritatives et médiatiques.

Le Prince Harry, duc de Sussex et Meghan, lors de cérémonies officielles en 2021. Ben Stansall/AFP

Des mémoires à 20 millions de dollars

Parmi de nombreux projets, Meghan a lancé Archetypes, un podcast d’interviews produit par Spotify. Son mari et elle ont également signé un accord de production avec Netflix et créé la fondation Archewell à but non lucratif. De plus, pour rester dans la lignée de sa mère, la princesse Diana, qui avait lancé une campagne contre le sida en Afrique, Harry a promis de faire don d’une partie des recettes de Spare à Sentebale, une ONG qu’il a cofondée en 2006 avec le prince Seeiso, frère du roi Letsie III du Lesotho, et qui aide les enfants et les jeunes du Lesotho victimes de la pauvreté et des épidémies, ainsi que les orphelins qui ont perdu leurs parents du sida ou du choléra. D’après Page Six, un journal en ligne couvrant les célébrités du monde entier : le prince Harry aurait reçu au moins 20 millions de dollars d’avance pour publier ses mémoires. Un montant qui ne concernerait que la publication de ce premier ouvrage puisqu’il aurait signé un contrat global de près de 36,8 millions de livres sterling pour une trilogie. Une partie des recettes devrait être reversée à des œuvres caritatives ainsi qu’à des associations à but humanitaire... Comme l’indique sa maison d’édition, Penguin Random House, « la mort tragique de Diana sera le sujet central de Spare. Après son inhumation, des milliards de personnes se sont demandées ce que les princes devaient penser et ressentir, et comment leur vie allait se dérouler sans leur mère. Pour Harry, c’est enfin son histoire à raconter ».

À la suite de l’annonce en 2021 de la future parution de ses mémoires, le prince Harry avait précisé « écrire cela non pas en tant que prince, mais en tant que l’homme que je suis devenu ». « J’ai porté de nombreuses casquettes au fil des ans, au sens propre comme au sens figuré, et j’espère qu’en racontant mon histoire – avec ses hauts et ses bas, les erreurs et les leçons apprises –, je peux aider à montrer que peu importe d’où nous venons, nous avons tous beaucoup plus en commun que nous ne le pensons », avait-il ajouté.

Le cadet de Charles III s’est également engagé à s’exprimer avec authenticité, honnêteté et précision, « s’obligeant ainsi à ne pas déroger à la réalité », commente Matt Latimer, un agent littéraire qui s’y connaît en people. « Son objectif est-il de valoriser sa célébrité auprès d’un certain public, ou de réparer le fossé qui s’est creusé entre lui et sa famille ?

Ce sont deux missions qui, en quelque sorte, sont en contradiction, et il est bien difficile de les mener de pair », observe l’agent. Mais on parie sur l’habileté de ce prince qui sait à présent maîtriser son côté rebelle et qui désire, coûte que coûte, donner un sens personnel à son existence, en trouvant l’équilibre parfait entre son origine et ses propres ambitions.