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Campus - PARCOURS EXCEPTIONNEL

Joya Khairallah, une championne consacrée et une « private trainer » passionnée

En rejoignant ses amis dans la salle de musculation d’un gymnase à Gemmayzé pour le simple plaisir de s’entraîner, la jeune femme de 21 ans ne se doutait pas qu’elle deviendrait quelques années plus tard championne du Liban en haltérophilie. Portrait d’une athlète hors pair.

Joya Khairallah, une championne consacrée et une « private trainer » passionnée

Médaillée d’argent au championnat du monde de la Fédération internationale de powerlifting en 2022, Joya Khairallah avait remporté en 2021 le championnat asiatique d’haltérophilie junior organisé en Turquie et le Desert Barbell Gym organisé à Dubaï. White Lights Media

À seulement 21 ans, le parcours exceptionnel de Joya Khairallah force l’admiration. Originaire de Rechmaya, dans le caza de Aley, l’athlète, passionnée par le powerlifting ou la force athlétique, vient d’enregistrer une victoire de plus. Honorée de la médaille d’argent du Mérite libanais il y a quelques semaines, la jeune femme a décroché la médaille d’argent au championnat du monde de la Fédération internationale de powerlifting 2022, organisé en Turquie (IPF Worlds) au mois de septembre. La championne libanaise n’est pas à son premier exploit. En 2021, elle a participé au championnat asiatique d’haltérophilie junior, qui s’est tenu également en Turquie et où elle a remporté le premier prix. La même année, elle s’était distinguée au Desert Barbell Gym organisé à Dubaï en septembre, remportant là encore la médaille d’or.

L’aventure de Joya Khairallah commence lorsque, un an après son inscription à l’Université libanaise, elle décide d’abandonner ses études en éducation physique pour suivre une formation de préparateur entraîneur à Inspire Fitness Academy, avec pour ambition de devenir coach sportif à domicile (PT), avant de jeter son dévolu sur le powerlifting, un sport étiqueté comme étant relativement « masculin ». Baignant dans une société où le sport est genré, la jeune fille a dû naturellement combattre les stéréotypes et les préjugés. « Ce n’est pas un sport pour une fille, c’est pour les gars me dit-on », se rappelle-t-elle. Mais à chaque jalon, la jeune fille aux longs cheveux noirs et à la voix douce s’amuse à prouver le contraire. D’abord réticents à l’idée de voir leur fille louper ses études universitaires et choisir cette voie, ses parents ont fini par l’encourager. « Il s’agit d’un sport de force. Cette dernière provient du fait que l’on surmonte des épreuves auxquelles hommes et femmes sont confrontés dans leur vie, ce qui fait que ce sport s’adresse aussi bien aux femmes qu’aux hommes », renchérit-elle, avant d’ajouter : « Nous devrions tous nous efforcer d’être plus forts, quel que soit notre sexe, car la force n’est jamais une faiblesse. » Comment cette jeune athlète, également férue de musique, s’est-elle entichée de cette discipline ? « J’ai pris l’habitude de me rendre avec mes amis au gymnase pour m’entraîner. Sur place, j’observais comment certains pratiquaient la force athlétique, prenaient part aux compétitions », raconte-t-elle. D’un tempérament compétitif, avec le support de son ami et entraîneur Jad el-Maleh, la jeune fille fonce et cumule les podiums, sur le plan local et international. Sa carrière décolle. Timide et nerveuse, elle se métamorphose petit à petit, trouvant dans ce sport le moyen de canaliser son énergie, de s’épanouir et de gagner en confiance.

Entraînement constant et travail assidu

Comme pour tout athlète de haut niveau, la rigueur et la discipline sont essentielles pour elle. Joya s’entraîne trois heures par jour. À ses yeux, le travail technique est primordial. Des exercices et des échauffements spécifiques lui permettent de corriger ses faiblesses et d’améliorer sa technique et, par conséquent, sa performance. D’ailleurs c’est le travail constant et l’acharnement qui lui ont permis d’être là où elle en est actuellement. Si son entraînement occupe la médaillée d’or entre 15 et 18 heures par semaine, selon les saisons, la jeune femme partage le reste de son temps entre son travail d’entraîneur personnel (PT) et son petit business qu’elle a réussi à lancer. Obligée de suivre une diète bien déterminée (bulk/cut) pour accroître sa masse musculaire en augmentant son apport calorique, elle a misé sur la consommation du beurre d’arachide pour garantir son apport en protéines. Néanmoins, vu la situation socio-économique et la hausse vertigineuse des prix notamment des produits alimentaires, l’idée lui est venue de transformer cette contrainte en opportunité en produisant elle-même son propre beurre. « Mes parents et mes amis avaient pris l’habitude de me taquiner. Ils me surnommaient Joya The Ant. Un soir mon frère est rentré à la maison avec un pot portant une étiquette où était inscrit “Joya The Ant Peanut Butter Jar” », raconte-t-elle. C’est à ce moment-là que le déclic intervient, réveillant l’entrepreneuse qui sommeillait en elle. Peaufinant son projet, elle commence par commercialiser son produit fait maison (qu’elle a naturellement appelé Joya The Ant Peanut Butter Jar) moyennant le bouche-à-oreille et sa page Instagram. « Aujourd’hui, une grande machine industrielle trône au centre de la cuisine de ma mère. C’est quelque chose de pouvoir créer votre propre marque », avance-t-elle. Sans doute. Puisque la jeune fille a trouvé un moyen pour financer partiellement son rêve sportif d’autant que le financement reste pour elle un défi. « Lorsque je participe à un championnat, je représente le Liban et non pas ma petite personne », indique-t-elle, en insistant sur l’importance de soutenir financièrement les athlètes lors de leurs déplacements à l’étranger. « J’ai financé ma participation à mon premier championnat international en Suède grâce à mon argent de poche et un site de collecte de fonds ciblant les expatriés. Le président de la Fédération libanaise de powerlifting m’a fourni aussi une petite somme », précise-t-elle.

Son rêve ? Décrocher la première place aux championnats du monde de la Fédération internationale de powerlifting (IPF World) et battre le record du monde de développé couché (bench press). Elle veut y croire et se donner un nouveau challenge.

À ses pairs, elle adresse un message : « Tous les efforts que l’on fait sont toujours récompensés un jour ou l’autre. Il faut persévérer, même si ça prend du temps, ça finit toujours par porter des fruits. »


À seulement 21 ans, le parcours exceptionnel de Joya Khairallah force l’admiration. Originaire de Rechmaya, dans le caza de Aley, l’athlète, passionnée par le powerlifting ou la force athlétique, vient d’enregistrer une victoire de plus. Honorée de la médaille d’argent du Mérite libanais il y a quelques semaines, la jeune femme a décroché la médaille d’argent au championnat du...

commentaires (1)

"La jeune femme a décroché la médaille d’argent au championnat du monde de la Fédération internationale de powerlifting 2022, organisé en Turquie (IPF Worlds) au mois de septembre." Il faudrait ajouter quelques précisions: la médaille d'argent de la catégorie des -57 kg chez les femmes Juniors. Mais quel beau résultat: 145 kg au squat(flexion des jambes), 97,5 kg au bench press, et 177,5 kg au deadlift(soulevé de terre). Bravo Joya et bon courage!

Georges MELKI

08 h 36, le 11 novembre 2022

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  • "La jeune femme a décroché la médaille d’argent au championnat du monde de la Fédération internationale de powerlifting 2022, organisé en Turquie (IPF Worlds) au mois de septembre." Il faudrait ajouter quelques précisions: la médaille d'argent de la catégorie des -57 kg chez les femmes Juniors. Mais quel beau résultat: 145 kg au squat(flexion des jambes), 97,5 kg au bench press, et 177,5 kg au deadlift(soulevé de terre). Bravo Joya et bon courage!

    Georges MELKI

    08 h 36, le 11 novembre 2022

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