Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, a averti mardi que la vacance présidentielle au Liban sur une période prolongée "aura des conséquences néfastes" pour le pays, qui vient de rentrer dans une vacance totale de l'Exécutif après la fin lundi du mandat du chef de l'Etat Michel Aoun, aucun successeur ne lui ayant encore été trouvé et le gouvernement actuel étant démissionnaire et chargé d'expédier les affaires courantes depuis mai dernier.
Le premier jour de cette vacance présidentielle coïncide avec le sommet de la Ligue arabe qui se tient à Alger, une première en trois ans en raison de la pandémie de coronavirus. M. Mikati s'y est rendu à la tête d'une délégation comprenant, entre autres, le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib et son collègue de l'Énergie, Walid Fayad.
"Un vide que le pays ne peut supporter"
Dans des propos rapportés dans un communiqué de Gamal Rushdie, porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe, M. Aboul Gheit "considère que la vacance présidentielle sur une période prolongée aura des conséquences néfastes sur le Liban, avec les défis actuels auxquels il est confronté". Il assure du "soutien total de la Ligue arabe à l'État libanais afin de surmonter cette période délicate" et insiste sur "la nécessité pour le gouvernement actuel d'adopter les réformes demandées, et pour les politiciens libanais d'assumer leurs responsabilités".
Le secrétaire général de la Ligue arabe rappelle également "la nécessité de placer l'intérêt national au-dessus de toute autre considération, afin d'aboutir à des ententes qui permettent de mettre fin au blocage politique et de trouver des solutions, sans rentrer dans un vide présidentiel que le pays ne peut supporter". De son côté, M. Mikati a remercié la Ligue arabe pour son "rôle de soutien" au Liban, et a appelé la Ligue "à poursuivre ce rôle de manière active et efficace en poussant au soutien des pays arabes au Liban".
Président et Parlement
Dans une interview à Sky News Arabia mardi, M. Mikati a déclaré : "Notre objectif est l'élection d'un nouveau président dès que possible, un président qui unit les Libanais et ne les divise pas". Le Premier ministre sortant a ajouté que "le Parlement est censé rester en session lorsque le gouvernement démissionne et est chargé d'expédier les affaires courantes".
La Chambre s'est réunie quatre fois jusqu'à présent pour tenter d'élire un nouveau président, mais n'y est pas parvenue, faute d'accord politique sur un candidat comme cela est de coutume. Le président de la Chambre, Nabih Berry, n'a pas encore fixé de date pour une nouvelle séance.
Deux jours avant la fin de son mandat, M. Aoun a annoncé qu'il avait signé un décret sur la démission du gouvernement, envoyé une lettre au Parlement pour l'informer de la procédure et lui demander de prendre les mesures nécessaires à ce sujet. En réponse à cette lettre, M. Berry a convoqué les députés à une réunion jeudi. Selon des experts, la dernière démarche de M. Aoun est considérée comme purement procédurale et n'a pas de base légale. M. Mikati a également défendu ce point de vue.
Appels de l'UE, de la France et de l'Iran
Plus tôt en journée, mardi, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a exhorté les dirigeants libanais à former un gouvernement et élire un président "avec la plus grande urgence". Et au dernier jour du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre, le Quai d'Orsay a appelé au "bon et plein fonctionnement de toutes les institutions (du Liban) pour prendre les mesures qui s’imposent pour redresser le pays et améliorer urgemment la situation des Libanais".
De son côté, l'Iran a appelé, lundi également, à la formation d'un gouvernement "fort et national". Dans un point presse, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Nasser Kanani a espéré que le Liban et "tous les mouvements politiques dans le pays, sur la base des intérêts nationaux", pourront former un cabinet "fort et national", selon des propos rapportés par l'agence officielle IRNA.
Le sommet des dirigeants arabes en Algérie est le premier en trois ans, sur fond de divisions sur les conflits qui agitent la région, notamment la Syrie et la Libye, et le rapprochement de certains États avec Israël. La Ligue arabe, qui regroupe 22 pays, s'était réunie pour la dernière fois à un tel niveau en mars 2019 à Tunis, avant la pandémie.
L'Algérie a placé ce 31e sommet de la Ligue arabe sous le signe du "rassemblement" mais plusieurs pays, notamment du Golfe, n'y sont pas représentés par leurs chefs d'Etat, rappelle l'AFP.
Ainsi le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, ne se rend pas à Alger, officiellement en raison d'un problème de santé. Les dirigeants du Maroc, des Emirats arabes unis et de Bahreïn sont également absents.
commentaires (4)
"Tu t'en vas et tu nous quitte, "Adieu, bon debarras"....
Michel Trad
08 h 10, le 02 novembre 2022