Des familles de réfugiés syriens ont été rapatriées dans leur pays par des bus affrétés spécialement mercredi matin depuis différentes régions du Liban, notamment depuis Nabatiyé (Sud), Tripoli (Nord) et Ersal, une localité frontalière du nord de la Békaa, rapportent nos correspondants locaux ainsi que l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Selon l'Ani, la branche des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) a escorté mercredi matin un bus depuis Nabatiyé jusqu'à la branche de la Sûreté générale (SG) au poste-frontière de Masnaa (Békaa) à la frontière libano-syrienne.
Par ailleurs, 12 réfugiés syriens ont été rapatriés mercredi via le poste frontalier d’al-Aboudiyé après être partis de Tripoli (Liban-Nord), rapporte notre correspondant Michel Hallak.
À Ersal, un autre groupe se préparait également à retourner en Syrie, a déclaré mercredi matin un porte-parole du ministre sortant des Affaires sociales Hector Hajjar, rapporte notre correspondante Sarah Abdallah. "C'est un jour national par excellence", s'est félicité M. Hajjar. "Les cortèges de départs volontaires vers le point frontalier libano-syrien ont commencé. Il y a d'autres groupes [de rapatriement], et nous allons continuer", a-t-il poursuivi.
Hector Hajjar a déclaré à L'Orient Today que la majorité des rapatriés de Ersal retournent dans le Qalamoun, une région qui borde la frontière avec le Liban, sur le versant syrien des montagnes de l'Anti-Liban. "Ceux dont les maisons ont été détruites là-bas ont leurs tentes pour y vivre", a déclaré M. Hajjar.
Il a expliqué qu'étant donné qu'il s'agit du premier jour du rapatriement, "quelques problèmes logistiques limitent le nombre de personnes pouvant être rapatriées", sans donner plus de détails. Selon lui, environ 1.000 personnes ont quitté Ersal depuis le matin. M. Hajjar a également déclaré que certains candidats au retour ont été empêchés de rentrer en Syrie en raison de problèmes juridiques avec les autorités syriennes. "Ces problèmes seront réglés. Sinon, les déplacés concernés ne seront pas renvoyés", a-t-il expliqué.
Rapatriement "forcé"
Il est prévu que 750 réfugiés prennent le départ de plusieurs régions, d'après la Sûreté générale libanaise (SG), dans le cadre du plan de "retour volontaire et sécurisé des déplacés" qu'elle organise, indique l'AFP. La reprise de ce plan, annoncée ce mois-ci, a débuté par vagues successives en 2017.
Depuis, plus de 400.000 réfugiés syriens ont été renvoyés dans leur pays, selon la SG, mais les organisations humanitaires estiment que le nombre est beaucoup plus bas et évoquent des cas de rapatriement "forcé". "Un groupe d'exilés syriens est arrivé des camps de réfugiés au Liban par le poste frontière de Daboussiyé dans la province de Homs (centre) pour retourner dans leurs régions sûres et libérées du terrorisme", a rapporté l'agence de presse officielle syrienne Sana.
Vendredi dernier, le ministre sortant libanais des Personnes déplacées Issam Charafeddine avait déclaré que 6.000 réfugiés syriens seraient rapatriés mercredi, dans trois convois distincts.
Cependant, les organisations de défense des droits ont critiqué ces retours, les jugeant potentiellement dangereux. "En facilitant ces retours avec enthousiasme, les autorités libanaises font sciemment courir aux réfugiés syriens le risque de subir des abus odieux", a déclaré l'ONG Amnesty International au début du mois, décriant le plan malgré l'insistance des autorités sur le caractère volontaire de ces départs.
Le chef de la SG Abbas Ibrahim a répondu aux critiques internationales mardi, affirmant que ces départs sont dans "l'intérêt du peuple libanais".
Certains réfugiés syriens au Liban ont signalé avoir été confrontés à des pratiques discriminatoires, notamment "des arrestations aux points de contrôle... des raids dans les camps, l'adoption de règles de circulation drastiques et des tensions entre les communautés d'accueil et de réfugiés", avait déclaré le Centre d'accès aux droits de l'homme en août dernier, un groupe qui suit la situation des réfugiés syriens au Liban.
commentaires (8)
Tiens tiens le Hezbollah les a obligé à partir ……
Eleni Caridopoulou
17 h 53, le 26 octobre 2022