Vieux de 2 700 ans, les bas-reliefs du Kurdistan exhibent leurs divinités
Les autorités du Kurdistan autonome, dans le nord de l’Irak, ont dévoilé dimanche dernier 13 bas-reliefs datant du règne du roi assyrien Sargon II (721-705 avant J.-C.) et de son fils Sennachérib. Découverts sur le site de Faïda, dans la ville de Duhok (ou Dohuk), ces vestiges monumentaux vieux de 2 700 ans avaient été sculptés sur les parois d’un canal d’irrigation long de dix kilomètres datant de l’époque assyrienne. C’est une équipe italo-kurde qui a fait cette découverte extraordinaire sur le site archéologique de Faïda. Outre ces treize reliefs rocheux uniques du VIIIe au VIIe siècle avant J.-C., « beaucoup d’autres attendent d’être déterrés », selon l’expert Danièle Morandi Bonacossi, qui dirige sur le terrain la mission italienne de l’Université d’Udine (Frioul Vénétie-Julienne), en coopération avec la Direction des antiquités de Duhok.
Les reliefs de Faïda représentent chacun un roi assyrien devant lequel défile une procession de divinités assyriennes représentées sous forme d’animaux regardant le courant circulant dans le canal. Les divinités sont identifiées comme Ashur, le principal dieu assyrien, le dieu de la Lune Sin, le dieu du Soleil Shamash, le dieu du temps Adad, Ishtar, la déesse de l’amour et de la guerre, et le dieu de la sagesse Nabu.
Le canal et les reliefs ont été fouillés et nettoyés, consolidés et enregistrés au moyen de la technologie UAV, du balayage laser et de la photogrammétrie numérique. Des photos aériennes haute résolution de l’ensemble du canal ont été ensuite transformées en orthomosaïques précises et en modèles 3D.
« À terme, Faïda sera le premier d’un total de cinq parcs archéologiques que les autorités kurdes ambitionnent de créer pour attirer les touristes et constituer une source de revenus », rapporte à l’AFP Bekas Brefkany, de la Direction des antiquités de Dohouk. « Pour le moment, l’accès au parc de Faïda sera limité uniquement aux touristes étrangers, aux chercheurs et aux experts », a indiqué Bekas Brefkany, de la Direction des antiquités de Dohuk.
En Syrie, les rois de Troie défilent sur une mosaïque romaine
Datant du IVe siècle, une vaste mosaïque à la composition exceptionnelle a été exhumée récemment à proximité des tunnels creusés par des groupes armés dans une rue de Rastane, une localité de la province de Homs, en Syrie. Vieille de 1 600 ans, elle représente une scène rarissime dans laquelle « les détails et les noms des rois grecs qui ont mené la guerre de Troie apparaissent clairement », a déclaré à l’AFP Hammam Saad, directeur des fouilles et des études archéologiques à la Direction générale syrienne des antiquités et des musées. Le pavé arbore en son centre deux disques comportant une série d’images de combattants ainsi que des inscriptions relatives à la guerre de Troie, conflit légendaire qui a opposé les Grecs aux Troyens. La mosaïque déroule également une représentation de Neptune, dieu romain de la mer, aux côtés de la déesse Minerve et de Salacie, la divinité de l’eau salée. Sur une autre représentation, figure Hercule tuant la reine des amazones Hippolyte. Pour l’heure, la mosaïque exhumée mesure vingt mètres de long par six mètres de large, mais il est évident qu’elle s’étend au-delà, son intégralité de la mosaïque n’ayant pas encore été totalement dégagée.
Cette œuvre n’est pas la plus ancienne en Syrie, mais elle compte parmi « les plus rares » et « les plus complètes » jamais trouvées dans le pays, précise Hammam Saad à l’AFP. De plus, son état de conservation est « remarquable », a-t-il ajouté.
Il s’agit de la neuvième mosaïque découverte sur ce site dont les données archéologiques n’ont pas encore livré la nature. Pour les spécialistes, il pourrait s’agir d’un établissement de bains publics dont les sols étaient recouverts de mosaïques. Les recherches n’ont toutefois pas mis au jour suffisamment d’éléments pour le confirmer.
Terre de civilisations plurimillénaires, la Syrie regorge de trésors archéologiques. Mais de nombreux sites ont subi des destructions massives au cours de la guerre qui a débuté en 2011. Dans la ville de Homs, l’église Oum al-Zinnar, (Notre-Dame-de-la-Ceinture), ainsi nommée à la suite de la découverte sous son autel d’une pièce de tissu qui aurait été la ceinture de Marie, a été brûlée ; et la mosquée Khalid Ibn al-Walid endommagée, alors qu’à Rastane, des mosaïques ont été volées.
À Gaza, la mosaïque byzantine étale ses 23 m2
Le sous-sol de Gaza a livré une mosaïque byzantine de 23 m2 élaborée entre le Ve et le VIIe siècle. Selon les experts, elle constitue l’un des « grands trésors archéologiques jamais trouvés dans la ville ». Arborant une iconographie de 17 motifs de bêtes et d’oiseaux aux couleurs vives, elle a été mise au jour à Bureij, à moins d’un kilomètre de la frontière israélienne. « Ce sont les plus beaux sols en mosaïque découverts à Gaza, tant par la qualité de la représentation graphique que par la complexité de la géométrie », a déclaré l’archéologue français René Elter à Reuters. Attaché à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et chercheur associé à l’Université de Lorraine, Elter affirme que « jamais des sols de cette finesse, de cette précision dans le graphisme et de la richesse des couleurs n’ont été découverts à Gaza ». Cet archéologue, qui, dans les années 2000, a codirigé le programme d’études archéologiques de préservation et de mise en valeur du site Tell Oum el-Amr dans la bande de Gaza, indique que le pavé en mosaïque remonte à une époque comprise entre le Ve et le VIIe siècle, mais fait observer qu’une fouille appropriée doit être conduite pour déterminer si la mosaïque faisait partie d’un édifice religieux ou d’une maison urbaine byzantine. Elter, qui n’a pas encore visité le site, mais a visionné une série de photos et de vidéos prises par des collègues locaux, a déclaré à Reuters que la découverte étant proche de la barrière frontalière, théâtre d’affrontements et d’incursions israéliennes, elle serait en danger. De même, il craint l’altération ou la destruction du site du fait des fouilles clandestines.
L’ancienne Gaza (Tell Haruba), prise aujourd’hui en étau entre Israël et l’Égypte, a été dans l’Antiquité le foyer de diverses civilisations et un pôle stratégique sur la route côtière reliant l’Égypte et le pays de Canaan. La zone regorge de vestiges allant de l’âge du bronze aux époques islamiques et ottomanes, en passant par les Romains et les croisades. Parmi les sites qu’elle abrite, figurent les ruines du monastère Saint-Hilarion, considéré comme le plus vieux monastère de la Terre sainte et le plus grand du Proche-Orient. Mais ce site aspirant au patrimoine mondial est « en danger de disparition », prévient René Elter. Ses murs menacent de s’écrouler et l’herbe grignote les pavements de mosaïque. Installé au milieu d’un domaine de plus de dix hectares, le complexe comprenait autrefois une église et sa grande crypte, une chapelle, des baptistères, des cellules et un réfectoire pour les moines, ainsi qu’une hôtellerie (lieu d’hébergement et de restauration) et des bains pour les pèlerins.
En 2021, le sous-sol de Gaza a livré une nécropole romaine remontant au Ier siècle avant notre ère. Elle comprend cent tombes, « toutes décorées de peintures aux motifs divers, dont des couronnes de laurier », selon René Elter.
c'est pas au Qatar ou a Dubai qu'on va deterrer ces tresors-la... mais plutot dans cette terre pluri-millenaire du Levant. A moins que les Qataris et autres nouveaux venus ne les achetent.. ou ne les fassent voler.
23 h 38, le 18 octobre 2022