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Environnement - Pollution

Deux villages du Koura exposés (presque) continuellement aux particules fines

Une nouvelle étude donne des chiffres alarmants sur des localités voisines des cimenteries. Elle a été annoncée hier par Greenpeace et une ONG locale.

Deux villages du Koura exposés (presque) continuellement aux particules fines

Ghiwa Nakat, entourée de Farès Nassif et de Yacoub Ibrahim, au cours de la conférence de presse, hier, au siège de Greenpeace à Beyrouth. Photo DR

La pollution de l’air dans la région très industrialisée de Chekka (Nord) a déjà fait l’objet de rapports multiples et de polémiques interminables, mais une nouvelle étude vient ajouter sa pierre à l’édifice. Se concentrant sur les villages de Kfarhazir et de Fii (Koura), qui souffrent particulièrement de la proximité des carrières des cimenteries, l’étude montre que les populations de ces localités sont exposées, pour la majeure partie des jours de l’année, à des concentrations de particules fines bien supérieures aux taux autorisés par l’Organisation mondiale de la santé. L’étude a été effectuée par l’Université de Balamand et les laboratoires de recherche scientifique de Greenpeace, à la demande d’une ONG du Koura, Wassiyet el-ard (Earth Will, ou volonté de la Terre).

Les résultats de l’étude portent sur une durée de recherches de plus d’un an, allant du 22 septembre 2019 au 11 décembre 2020, se concentrant tout particulièrement sur les petites particules (PM2.5), des polluants particulièrement redoutables car de taille infime et pouvant pénétrer profondément dans les bronches. Les résultats sont édifiants : des concentrations bien supérieures à la normale ont été constatées durant 162 jours sur 263 à Kfarhazir, donc 62 % du temps, et durant 85 jours sur 107 à Fii, donc 79 % du temps. Sachant que la limite quotidienne d’exposition aux PM2.5, suivant les normes de l’OMS, est de 15 microgrammes par mètre cube, la concentration quotidienne moyenne à Kfarhazir est de 21,2 avec un pic de 69 constaté par les chercheurs le 21 décembre 2019. À Fii, la concentration quotidienne moyenne est de 23,4 microgrammes par mètre cube, avec un pic de 56 constaté le 6 juillet 2020.

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Les conclusions de l’étude montrent que « la valeur moyenne calculée sur l’ensemble de la période de surveillance est plus du double de la recommandation moyenne annuelle de l’OMS pour les PM2.5, suggérant fortement que la ligne directrice moyenne annuelle pourrait également être dépassée ». L’étendue et la fréquence de l’exposition à ces hautes concentrations de particules fines, parfois bien plus que le double des taux autorisés, est probablement, selon l’étude, le résultat de plusieurs sources d’émissions locales et régionales, dont la plus importante est l’activité des cimenteries.

Des « preuves » supplémentaires

Les résultats de cette étude ont été présentés hier lors d’une conférence de presse donnée par Ghiwa Nakat, directrice exécutive de Greenpeace pour la région MENA, avec Farès Nassif et Yacoub Ibrahim, respectivement président et membre de l’association Wassiyet el-ard. Mme Nakat a souligné « l’injustice humaine et environnementale » que vivent les habitants de la région. « Les résultats de cette étude sont à utiliser comme preuve pour faire avancer la cause de ces habitants dans leur lutte pour une vie plus saine », a-t-elle ajouté.

Pour Farès Nassif, « notre lutte contre les cimenteries n’est pas nouvelle, mais cette étude vient apporter des preuves supplémentaires de la pollution que constatent depuis longtemps les médecins et les experts, et qui a un grand impact sur la santé de l’homme ». Il souligne que des plaintes ont été déposées contre les grands industriels dans des pays dont certains portent les nationalités, affirmant que son organisation est prête à porter plainte auprès de l’ONU contre des ministres libanais qui n’ont pas défendu, selon elle, les intérêts de la population.

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