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Politique

Netanyahu vs Lapid : la proposition américaine divise à Tel-Aviv

Le Likoud pourrait saisir la justice pour empêcher la signature d’un accord.

Netanyahu vs Lapid : la proposition américaine divise à Tel-Aviv

Le Premier ministre israélien sortant Yaïr Lapid présidant la réunion hebdomadaire du cabinet, hier à Jérusalem. Maya Alleruzzo/AFP

« Capitulation face à Nasrallah » ou bon moyen de « réduire la dépendance du Liban à l’égard de l’Iran » ? Au lendemain de la remise par le médiateur américain Amos Hochstein de sa proposition pour la démarcation de la frontière maritime entre Beyrouth et Tel-Aviv, la polémique fait rage en Israël, à quelques semaines des législatives prévues le 1er novembre. À tel point que le leader de l’opposition et patron du Likoud, l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, est allé jusqu’à menacer de retirer son pays unilatéralement de l’imminent accord s’il est élu pour former le prochain gouvernement.

Les intérêts d’Israël « protégés  »

De son côté, le camp au pouvoir célèbre une victoire stratégique et politique de poids. S’il est conclu, l’accord permettra aux partis de la coalition gouvernementale de glaner un capital politique précieux à l’approche de la consultation populaire. Selon un sondage commandé par la chaîne publique israélienne Kan et diffusé durant le week-end écoulé, 43 % des Israéliens sont favorables à un accord gazier avec le Liban, 16 % défavorables et 41 % n’ont pas d’avis sur la question. Dans sa première réaction à ces développements, le Premier ministre israélien sortant Yaïr Lapid a affirmé hier avoir aussi reçu la proposition américaine et négocier « les derniers détails ». La proposition américaine fait l’objet d’une « révision juridique » et sera ensuite soumise au ministre de la Défense Benny Gantz et au Premier ministre alternant Naftali Bennett pour « approbation », a-t-il insisté. « Nous ne pouvons pas encore dire qu’il s’agit d’une affaire conclue, mais nous pouvons dire que, comme nous l’avions demandé dès le début, la proposition protège entièrement les intérêts sécuritaires, diplomatiques et économiques d’Israël », a déclaré le Premier ministre lors de la réunion hebdomadaire de son cabinet ministériel.

Focus

Le pari gazier du Liban sera-t-il payant ?

La proposition d’Amos Hochstein prévoit que la zone accordée au Liban soit délimitée par la ligne 23, mais que Beyrouth obtienne également la totalité du champ gazier de Cana, qui dépasse vers le sud la zone que borde la ligne 23. De son côté, Tel-Aviv obtient l’intégralité du champ de Karish. L’entrée en production de ce gisement peut considérablement doper les livraisons de gaz israélien à l’Europe, qui cherche à diversifier ses approvisionnements en raison du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine. Les autorités israéliennes ont indiqué vouloir débuter dès que possible la production de gaz à Karish, gisement offshore exploité par le groupe britannique Energean.

De son côté, le groupe français Total est pressenti pour prospecter et exploiter le gisement de Cana, ont indiqué à l’AFP de hauts responsables israéliens. « Depuis plus de dix ans, Israël tente d’arriver à cet accord. La sécurité du Nord (du pays) sera renforcée. Le gisement de Karish va entrer en service (...) Nous ne nous opposons pas au développement d’un gisement de gaz supplémentaire par le Liban du moment que nous recevons notre juste part », a ajouté M. Lapid.

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Beyrouth ayant déjà fait parvenir son refus de payer toute compensation financière, une des sociétés du consortium chargé de l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures offshore dans la zone économique exclusive (ZEE) du Liban pourrait jouer les intermédiaires en payant elle-même à la partie israélienne. Une source diplomatique a indiqué à L’Orient-Le Jour que cet intermédiaire pourrait être la société française Total, voire une compagnie qatarie. Doha pourrait en effet se joindre au consortium, selon cette source, pour compenser le retrait du russe Novatek. Israël, qui considère Téhéran comme son ennemi n°1, estime qu’un accord gazier pourra nourrir les coffres de l’État libanais et ainsi « réduire sa dépendance à l’égard de l’Iran », soutien-clé du Hezbollah, a estimé M. Lapid.

Une « victoire pour Nasrallah »

L’exploit célébré par le centriste Lapid ne fait pas que des heureux, d’autant plus que toutes les surenchères sont permises à l’approche de l’échéance électorale très serrée de novembre, qui pourrait consacrer le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahu (droite). « Lapid capitule face à Hassan Nasrallah et donne au Hezbollah un territoire souverain de l’État d’Israël comportant un énorme gisement de gaz qui vous appartient, à vous citoyens israéliens », a réagi M. Netanyahu hier dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, sans définir les contours de ce « territoire souverain » dans les eaux à la frontière des deux pays. « Lapid n’a aucune légitimité pour donner à nos ennemis des territoires qui nous appartiennent (...) Il l’a fait sans débat à la Knesset (le Parlement) et sans référendum », a-t-il ajouté.

Yaïr Lapid a, lui, fustigé les propos de son principal rival. « Netanyahu, tu as échoué pendant dix ans à parvenir à un accord. La moindre des choses serait de ne pas miner les intérêts sécuritaires d’Israël et de ne pas aider le Hezbollah avec tes annonces irresponsables », a rétorqué le Premier ministre. En effet, depuis plusieurs semaines, le Hezbollah multiplie les menaces d’une confrontation militaire si Israël commençait à extraire du gaz du champ de Karish avant que le Liban puisse en faire de même dans sa ZEE. Dans une dernière allocution fin septembre, Hassan Nasrallah avait rappelé que pour le Hezbollah, la « ligne rouge, c’est le début de l’exploitation par Israël du pétrole et du gaz de Karish ». « Nos yeux sont braqués sur Karish et nos missiles aussi », avait-il menacé. C’est dans ce cadre que le site d’information Walla, réputé proche de M. Netanyahu, a cité une source affirmant que l’accord était une « victoire pour Nasrallah ». De même, le quotidien de droite Israel Hayom a indiqué dans un article que l’État hébreu a « cédé la majorité des champs gaziers au Liban », critiquant l’incapacité du cabinet à réclamer ces gisements « dès le début des négociations ». Selon le quotidien israélien Haaretz, le Likoud de Netanyahu pourrait même avoir recours à la justice pour bloquer l’accord. « Des députés membres de la Knesset ont menacé d’avoir recours à la Haute Cour de justice contre la signature de l’accord, affirmant qu’il s’agit de concessions territoriales illégales sans un référendum, d’autant plus que la décision est prise par un gouvernement expédiant les affaires courantes à l’aube d’une élection », écrit le média, proche de la gauche israélienne.

« Capitulation face à Nasrallah » ou bon moyen de « réduire la dépendance du Liban à l’égard de l’Iran » ? Au lendemain de la remise par le médiateur américain Amos Hochstein de sa proposition pour la démarcation de la frontière maritime entre Beyrouth et Tel-Aviv, la polémique fait rage en Israël, à quelques semaines des législatives prévues le 1er...

commentaires (2)

Netanyahu ou Hassouna, ou tout autre qu'eux, n'ont pas d'autre choix que de mettre en oeuvre cet accord. Le monde entier en a besoin pour l'instant et c'est urgent. Ils peuvent prétendre se menacer, se traiter de traître vouloir faire la guerre, etc... ce n'est que de la fumisterie et de la petite politique de boutiquier. Ils sont d'accord sur toute la ligne, Israël et le Liban vendront leurs ressources a l'Europe et autre pays qui en ont besoin, et Hassouna assurera les frontières Nord d’Israël comme il l'a fait a ce jour. et avant lui le régime Assad. A partir du moment que les sonnantes et trébuchantes vont tinter, il n'y a plus de place pour la guerre ni pour Chebaa, ni pour pour Ghajar et encore moins pour la Palestine ou autre cause factice pour lesquelles le Liban a payé et paie toujours le prix fort. Hassouna essayera de faire de la récupération en faisant croire que c'est grâce a ces armes que le Liban a enfin vu la prospérité alors qu'en fait a cause de ses armes et son projet le Liban a sombré depuis les années 80 dans la mouise essentiellement et principalement a cause de lui. Le peuple ne doit plus se laisser berner par des victoires mensongères a la Pyrrhus et se réveiller une fois de plus pour mettre suffisamment de pression pour le désarmer au plutôt et définitivement afin d’éviter que le pays ne continue sa descente aux enfers sans fin.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

09 h 38, le 04 octobre 2022

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Commentaires (2)

  • Netanyahu ou Hassouna, ou tout autre qu'eux, n'ont pas d'autre choix que de mettre en oeuvre cet accord. Le monde entier en a besoin pour l'instant et c'est urgent. Ils peuvent prétendre se menacer, se traiter de traître vouloir faire la guerre, etc... ce n'est que de la fumisterie et de la petite politique de boutiquier. Ils sont d'accord sur toute la ligne, Israël et le Liban vendront leurs ressources a l'Europe et autre pays qui en ont besoin, et Hassouna assurera les frontières Nord d’Israël comme il l'a fait a ce jour. et avant lui le régime Assad. A partir du moment que les sonnantes et trébuchantes vont tinter, il n'y a plus de place pour la guerre ni pour Chebaa, ni pour pour Ghajar et encore moins pour la Palestine ou autre cause factice pour lesquelles le Liban a payé et paie toujours le prix fort. Hassouna essayera de faire de la récupération en faisant croire que c'est grâce a ces armes que le Liban a enfin vu la prospérité alors qu'en fait a cause de ses armes et son projet le Liban a sombré depuis les années 80 dans la mouise essentiellement et principalement a cause de lui. Le peuple ne doit plus se laisser berner par des victoires mensongères a la Pyrrhus et se réveiller une fois de plus pour mettre suffisamment de pression pour le désarmer au plutôt et définitivement afin d’éviter que le pays ne continue sa descente aux enfers sans fin.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 38, le 04 octobre 2022

  • Bien sûr Netanyahu fera tout pour récupérer son poste. Pour nous, c’est peut être un mal pour un bien que l’accord ne soit pas signé . L’accord est hâtif, signé par un président en fin de règne et des responsables renommés mondialement pour leur corruption et avidité. Le citoyen libanais ne récupérera rien de ce gaz avec un leadership pareil à supposer même que la ligne 23 soit la bonne.

    Alexandre Choueiri

    14 h 58, le 03 octobre 2022

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